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Le saltimbanque se mue en entrepreneur : Stéphane Casez transforme l’ex-cinéma Odéon à Lyon en café-théâtre

L’heureux producteur du succès mondial « Arrête de pleurer Pénélope »  et propriétaire de deux salles de café-théâtre lyonnaises ajoute un fleuron à son petit empire : l’ex-cinéma CNP Odéon du quartier Grolée de 300 places qui d’ici la fin de l’année se muera en café-théâtre de deuxième génération, doté de tout le confort moderne. Un investissement d’un million d’euros.

Une petite lueur se fait jour dans le quartier Grolée

Situé au cœur de la Presqu’île lyonnaise entre le Rhône, la rue et la place de la République, il était sinistré.

La plupart des commerces ou agences de voyage qui y étaient fort nombreuses ont fermé dans la perspective pour le propriétaire de l’ensemble des immeubles, de faire de ce quartier un joyau haut-de-gamme, un nouveau carré d’or. Mais pour des raisons complexes et une ambition probablement démesurée, hormis l’installation d’un magasin à l’enseigne Sephora, personne ne voit rien venir, de depuis plus de cinq ans.

 Cette lueur dans ce quartier mort prend la forme d’un café-théâtre qui ouvrira prochainement ses portes. Parmi les établissements fermés depuis trop longtemps figurait l’ex-CNP Odéon où les cinéphiles se délectaient entre autres des derniers films de Woody Allen, avant que le rideau ne se baisse pour toujours.

 Comme la grande majorité des immeubles du quartier ce cinéma appartenait à une société bien connue à Lyon : des Docks Lyonnais qui avait racheté les immeubles pour près de 100 millions d’euros au fonds de pension américain Cargill. Ce dernier l’avait lui-même acquis en bloc après un appel d’offres auprès de la Ville de Lyon. Cette ancienne salle aurait pu se muer une banque, en agence de mutuelle ou de société d’assurance. Ce que craignaient les élus lyonnais désireux de maintenir ce quartier vivant.

 Grâce à l’enthousiasme de Stéphane Casez, un ex-comédien de 44 ans, il est en train de se transformer en un lieu de vie, en l’occurrence une salle accueillant des spectacles vivants.

 L’ex-CNP Odéon qui sera rebaptisé « Comédie Odéon » est actuellement en travaux. Stéphane Casez a décidé de le transformer en une scène « qui n’existait pas à Lyon : un café-théâtre de deuxième génération, de trois cents places confortables, doté de fauteuils de cinéma et de tout le confort que l’on peut désormais exiger ». Un investissement de près de 1 million d’euros réalisé en compagnie d’un autre producteur, Philippe Giangreco, et une société d’investissement lyonnaise bien connue, mais qui entend rester discrète. Les deux producteurs sont majoritaires dans le capital.

 Mis aux normes de sécurité actuelles, le Comédie Odéon sera doté d’un plateau de 40 m2. « Nous aurons beaucoup de moyens : nous allons pouvoir répondre à la forte demande des professionnels. Nous allons pouvoir accueillir les grosses pièces de café théâtre ou des one man show de vedettes qui veulent se roder avant de jouer de plus grandes salles. Nous allons pouvoir monter en gamme », se félicite Stéphane Casez.

Deux spectacles seront donnés chaque jour : des grosses pièces de café-théâtre à 19 h 45, puis à 21 h 30 des spectacles invités de la jeune génération de comédiens en train de percer.

 Du fait de sa capacité, le futur Comédie Odéon aura aussi une programmation qui s’élargira au-delà des frontières du café-théâtre : du jazz, voire, à des mini récitals d’opéra.

Stéphane Casez vise aussi la clientèle des entreprises

Stéphane Casez veut aussi proposer des soirées incentives aux entreprises. « Nous mettrons aussi cette salle à disposition des conventions d’entreprise en leur proposant des spectacles adaptés, voire spécialement conçus pour elles », annonce-t-il. Lever de rideau à la fin de cette année.

 Mais qui est donc cet homme qui, bilan de ses différentes sociétés en main, a réussi à convaincre les Docks Lyonnais de lui donner les clés d’un de ses immeubles, à lui, un saltimbanque ?

 A l’origine, Stéphane Casez est comédien. Mais il participe à cette race d’acteurs qui a réussi la transition en devenant chef d’entreprise, en l’occurrence producteur et directeurs de salles.

Il en possède d’ailleurs deux autres à Lyon : le Boui Boui (80 places) dans le Vieux Lyon, une salle de café-théâtre où a notamment débuté Florence Foresti et le Rideau Rouge (130 sièges) à la Croix-Rousse. Il faut y ajouter le Palace installé au sein de l’ancien cinéma Pathé d’Avignon qui pendant l’été, lors du Festival, attire près 80 000 spectateurs.

 Il a été aussi le producteur d’un des plus grands succès de l’histoire du café-théâtre : « Arrête de pleurer Pénélope » qui a déjà drainé un total de deux millions de spectateurs. Un beau succès quand on connaît l’exiguïté de la plupart des salles de café-théâtre. Il a été aussi le producteur de Stéphane Guillon.

 Il prend autant de plaisir dans son métier de comédien que dans la gestion de ses différentes entreprises : « Dans mon métier, le côté business est primordial. Quand on réussit, c’est formidable. J’ai la même sensation d’adrénaline que lorsque je jouais un spectacle ! » 

Un modèle économique à la forte rentabilité

 Un autre argument lui a permis de convaincre les Docks Lyonnais de lui faire confiance : dans toute la galaxie du spectacle vivant, le café-théâtre est le modèle économique qui fonctionne le mieux. « Dans le café théâtre, on apprend à faire beaucoup avec très peu. Vous avez des artistes pas toujours reconnus, ce qui les oblige à être inventifs, créatifs. On peut se permettre parfois des taux de remplissage très bas :  il constitue la plus forte rentabilité du spectacle vivant ! »

 C’est donc un homme ambivalent mi-saltimbanque/mi-businessman qui prend la destinée du futur plus grand café-théâtre de Lyon. Ce qui devrait constituer un gage de pérennité.

 Photo (Dominique Largeron) : Stéphane Casez dans le futur Comédie Odéon, en travaux.