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JO d’hiver 2018 à Annecy : neuf mois pour renverser la tendance

Il ne faut pas se leurrer, des trois candidats restant en lice pour organiser les Jeux Olympiques d’hiver en 2018, Annecy fait figure de challenger. Peu nombreux sont ceux à croire en ses chances. Dans les pronostics, c’est la ville coréenne de Pyeongchang qui tient la tête, suivie de Munich. La première est située en Asie, ce qui actuellement constitue un atout. Elle est en outre puissamment accompagnée par le géant coréen de l’électronique Samsung.

La seconde a déjà organisé des Jeux, il est vrai d’été : en 1972. Mais l’Allemagne n’a pas organisé de Jeux d’hiver depuis… 1936, à Garmish Partenkirchen, alors que la France a déjà trois JO à son actif (Chamonix, Grenoble et Albertville). Qui plus est, la candidature de la capitale de l’Allemagne du sud est portée par l’un des hommes les plus influents du Comité International Olympique (CIO) : Thomas Bach.

Repêchée pour figurer dans le dernier trio, Annecy a dû en outre revoir profondément sa copie : au goût du Comité Olympique International, les sites proposés par les promoteurs des Jeux rhônalpins étaient trop dispersés.

La copie a été revue, des conseils ont été prodigués par Jean-Claude Killy, proche du CIO. Résultat : les JO d’Annecy se sont mués en JO d’Annecy et de Chamonix, une manière aussi de s’appuyer sur la notoriété internationale de la capitale de l’alpinisme.

Pour compliquer les choses, la candidature annécienne a rencontré une autre difficulté : une vive opposition écologiste. Une opposition structurée, efficace qui s’est faite entendre jusqu’aux fenêtres mêmes du CIO à Lausanne. Or, les délégués du CIO n’aiment pas ça du tout.

Pour pallier cette difficulté supplémentaire, les promoteurs de la candidature d’Annecy ont mis beaucoup de vert dans leurs Jeux, en annonçant la création d’un conseil du développement durable « pour améliorer l’empreinte écologique des stations » et en expliquant que les ONG seraient parties prenantes dans l’organisation des Jeux. Pas sûr cependant que cela suffise à calmer les ardeurs écologistes.

La candidature d’Annecy devra aussi franchir une autre étape si elle veut avoir une chance de monter sur le podium : elle doit passer du stade de la candidature locale Annecy/Chamonix à celle de candidature régionale. C’est la raison pour laquelle elle a enrôlé sous sa bannière, outre des champions comme Edgar Grospiron, Laurence Manasda ou Gwendael Peizerat, un certain Aimé Jacquet, l’homme qui a fait gagner l’équipe de France de Football au Mondial 1998.

Or comme souligne ce dernier : « On aura les Jeux que si on en a vraiment envie ! » Rhône-Alpesen a-t-elle réellement envie ? Jean-Jack Queyranne assure haut et fort le soutien du Conseil régional. Mais les bataillons de chefs d’entreprise de la région de Lyon conviés à ses côtés, mercredi 6 octobre, à EM Lyon pour accompagner la candidature d’Annecy étaient, il faut le reconnaître, bien clairsemés.

En corollaire, il ne va pas falloir compter sur des moyens importants. Annecy/Chamonix 2018 est dotée du plus faible budget des trois rescapées pour promouvoir sa candidature : 16 millions d’euros. Il va donc lui falloir pallier ce handicap par un surcroît de volonté, d’énergie et de créativité.

Mais aucune situation n’est jamais désespérée. Il reste encore neuf mois à Annecy pour regagner le terrain perdu et créer une vraie dynamique.

Et puis même, si le couple Annecy/Chamonix n’est pas désigné par les membres du CIO, les 16 millions qui seront investis dans la communication pour promouvoir à travers les JO, le domaine skiable rhônalpin ne seront pas perdus pour tout le monde. Il est au moins une structure qui se frotte les mains : Rhône-Alpes Tourisme, le bras armé de la Région pour le tourisme, qui va bénéficier pour sa promotion d’une aide non négligeable qu’elle n’aura pas à budgéter.

Le choix de la ville qui organisera les JO de 2018 sera connu le 6 juillet 2011 à Durban en Afrique du Sud. Mais en réalité, on sera fixé plus tôt, lors du rapport d’étape rédigé à l’issue d’une visite des sites, du 7 au 13 février prochain, par une commission de douze membres du CIO. Il sera rendu public. On saura alors si Annecy a la moindre chance, s’il lui faut foncer tout schuss ou s’il ne lui reste plus qu’à remiser ses skis.