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Le Lyon-New York vole encore

Après deux tentatives avortées, la troisième liaison Lyon-New York opérée au départ de Saint Exupéry sera-t-elle la bonne ? Un bon signe : elle vient de passer le cap crucial de la première année d’existence. Mais ni les Américains, ni les entreprises ne se précipitent sur cette ligne qui doit d’abord traverser indemne la crise économique et celle, collatérale, du transport aérien.

Un anniversaire en demi-teinte. La CCI de Lyon, gestionnaire de l’aéroport Saint Exupéry a fêté mercredi 8 juillet la première bougie de la liaison Lyon New York. Déjà le simple fait que cet anniversaire ait eu lieu constitue déjà une première satisfaction pour Guy Mathiolon, le président de la CCI de Lyon. Il faut se souvenir que deux tentatives de mise en place d’une telle liaison ont avorté dans le passé.

 

La nouvelle ligne opérée conjointement par Delta Airlines et Air France peut se targuer d’avoir transporté 50 000 passagers et d’afficher un taux de remplissage de 75 %. Autre satisfaction qui prouve l’efficacité du hub d’Air France de Saint Exupéry (40 liaisons avec des villes et régions d’Europe) : 15 % des passagers de la ligne Lyon New York proviennent du trafic de correspondance : d’autres villes de France, mais aussi de Rome ou Barcelone ou d’autres grandes métropoles.

 

Mais sera-ce suffisant pour que cette liaison à laquelle les décideurs lyonnais accordent une grande importance, perdure ? Deux motifs d’inquiétude ont tempéré l’anniversaire.

Si les tour opérateurs et les touristes ont plébiscité cette nouvelle liaison, les entreprises continuent pour beaucoup à préférer Paris, Francfort ou Londres par exemple, comme point de départ pour leurs voyages transatlantiques. « Le taux d’occupation de la classe affaires oscille entre 20 et 30 % », regrette la directrice France de Delta. Pour pallier cette relative désaffection, Delta et Air France proposent des tarifs Business class plus attractifs et tablent sur la mobilisation des acteurs économiques dont le Club de chefs d’entreprises bâti autour de Lyon Saint Exupéry pour renverser cette tendance.

 

Autre motif d’inquiétude pour la pérennité de cette ligne : plus de 80 % des passagers transportés entre Saint Exupéry et JFK New York sont des Européens, dont une majorité de Rhônalpins. « Les Américains représentent moins de 15 % des passagers. Les New Yorkais n’ont pas le réflexe d’atterrir à Lyon », regrette Bernard Bazot, le directeur régional d’Air France. Il faut savoir qu’on ne connaît pas d’exemple de lignes qui perdurent avec un taux inférieur à 25 %. Une intense promotion de la ligne côté US va devoir s’imposer.

 

D’autant que la concurrence de l’aéroport proche, de Genève Cointrin, est vive. Déjà dotée d’une liaison Genève New York, l’aéroport suisse a inauguré le 29 mai dernier avec United Airlines, une seconde liaison avec Washington, cette fois, qui drague ouvertement les entreprises rhônalpines.

 

Il est vrai enfin que la crise du transport aérien en particulier et la crise tout cours, n’arrangent rien. Au cours des six premiers mois de l’année, le trafic de Lyon-Saint Exupéry a enregistré un recul de 3,7 % (- 4,6 % à l’international). Avant un nouveau plongeon en juin (- 3,4 %), le trafic passagers s’est stabilisé en avril (- 0,9 %) et en mai ( 0,1 %).

 

Reste que, comme le souligne Bernard Bazot, « l’adhésion de la clientèle entreprise ainsi que le soutien de l’ensemble des acteurs économiques seront déterminants pour le succès de cette ligne. » Décideurs, encore un effort !

 

Photo (JM Marin) : La liaison est opérée à raison de cinq aller et retour par semaine en Boeing 757-200 de 174 sièges : 16 sièges en Business Elite et 158 sièges en classe économique.