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La DGI (Direction Générale des Impôts) passe à l’open source pour la télédéclaration de revenus

L’administration fiscale va équiper sa plate-forme de télédéclaration de revenus d’un nouveau serveur d’applications. Et a préféré pour ce faire une solution open source, Jboss, au programme propriétaire Weblogic de BEA Systems.

La Direction générale des impôts (DGI) et la Direction générale de la comptabilité publique (DGCP) croient au code source ouvert. Ils viennent ainsi de confier à la SSII Atos Origin et à l’éditeur Jboss Europe la refonte d’une partie de leur plate-forme informatique, celle servant notamment aux télédéclarations de revenus.

Concrètement, il s’agit de changer de serveur d’applications, couche logicielle permettant aux utilisateurs connectés à un serveur d’utiliser à distance des applications en réseau. Jusqu’alors, la DGI et la DGCP utilisaient la solution propriétaire Weblogic Application Server de l’américain BEA Systems.

Mais «l’administration fiscale avait une véritable volonté d’aller vers l’open source», explique à ZDNet Sacha Labourey, directeur général de Jboss Europe. En juillet dernier, Atos Origin et Jboss Europe ont donc remporté l’appel d’offre pour faire évoluer cette portion du système d’information fiscal. Leur solution: le serveur d’application Jboss, basé sur le langage Java de Sun Microsystems.

Sept sociétés étaient dans la dernière ligne droite pour remporter ce marché public, confie le dirigeant de Jboss. D’un côté, BEA Systems, Oracle et IBM proposaient leur solution propriétaire; de l’autre, Bull tablait sur le programme ouvert Jonas, développé dans le cadre de l’Object Web Consortium. Quant à Cap Gemini, Thalès et Atos Origin, ils proposaient tous les trois Jboss.

Atos Origin a finalement remporté le contrat grâce à son partenariat avec Jboss Europe. «Qui, mieux que nous, pouvait se prévaloir de connaître ce programme dont nous développons 90% du code?», relève Sacha Labourey.

Une enveloppe de 7 millions d’euros

À Bercy, on rappelle que «les avantages du logiciel libre sont désormais reconnus: très faible coût – voire gratuité – et ouverture des codes sources qui garantit fiabilité, pérennité et sécurité de ces solutions», indique dans un communiqué Jean-Marie Lapeyre, directeur technique du programme Copernic. Ce grand chantier du ministère des Finances prévoit, sur une période de sept ans, la refonte totale du système d’information fiscal. L’appel d’offre que viennent de remporter Atos et Jboss s’inscrit dans ce cadre.

Le choix n’a pas été qu’idéologique: l’aspect financier a aussi compté dans l’adoption du libre. Avec la solution proposée par BEA, la facture s’élevait à 17 millions d’euros, souffle-t-on chez Jboss. Le projet d’Atos et Jboss ne coûte que 7 millions pour la maintenance, les développements et les licences, assure le dirigeant.

Autre raison avancée: la maturité technique. «Il nous a fallu démontrer que nous avions les meilleures compétences en ce domaine», confie Sacha Labourey. Manifestement, l’examen a été réussi. «À travers de nombreux tests menés pendant la consultation, nous avons pu constater la fiabilité et les performances de la solution proposée ainsi que la qualité du support mis en place par Atos Origin avec Jboss Inc», estime Jean-Marie Lapeyre.

Pas de GPL

Reste que Jboss n’est pas la solution la plus libre du domaine. Ce programme n’est pas commercialisé sous licence GPL (general public licence), qui régit la plupart des OS et applications du monde Linux. Jboss est soumis à la LGPL (lesser general public licence), qui autorise l’incorporation de code propriétaire (notamment Java).

Le contrat obtenu par Jboss et Atos porte sur une durée de trois ans. La répartition des rôles est la suivante: Atos, premier intermédiaire avec l’administration fiscale, supervise le projet et assure le support technique de premier niveau. Jboss Europe fournit le serveur d’application clé en main, avec éventuellement quelques adaptations techniques, et assure le support avancé.

Les principales applications que fera tourner Jboss seront dédiées à la télédéclaration de revenus, qui a remporté un vif succès en 2004: 1,2 million de contribuables l’avaient adoptée. Les premières intégrations effectives de Jboss sont prévues pour la fin de l’année.

Contacté par ZDNet, aucun porte-parole n’était joignable dans l’immédiat chez BEA Systems France.

Avec Munir Kotadia de ZDNet UK
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Florent LATRIVE
Service Economie, Libération
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