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Alpes : la saison d’hiver a été bonne, mais les problèmes de fond demeurent…

Rien à voir avec la saison dernière marquée par un manque cruel de neige. La saison d’hiver 2011/2012 a été bonne dans les Alpes, voire excellente dans bon nombre de stations de ski. Et ce grâce à un enneigement tombé fort à propos et un froid glacial qui a permis à la neige de se maintenir. Reste que chaque année, la durée d’enneigement diminue et que de nombreuses structures notamment sociales ou familiales n’ont pas toujours les moyens d’investir : de nombreux lits à prix doux risquent de disparaître du paysage montagnard.

Interrogés par l’Institut de sondage Ipsos (*) sur la saison d’hiver qui tire à sa fin, les hôteliers et restaurateurs des Alpes votent « oui » à une très grande majorité. Ils reconnaissent plus précisément que : « Oui, cette année, la fréquentation a été bonne ». A 84 %. Un plébiscite.

A comparer avec les scores de la saison précédente nettement plus pâlichons (75 %) : il est vrai qu’alors la neige avait manqué à l’appel.

Cette année au contraire, la neige a commencé à tomber juste avant les vacances de Noël. Puis, grâce à un froid très vif et inhabituel, elle a pu se maintenir. Le tout étant accompagné, souvenez-vous, d’un soleil radieux, très apprécié en cette période. Ce qui amène 95 % des professionnels de la montagne à déclarer avoir rencontré cette année « un enneigement satisfaisant. »

A cette même question, ils n’étaient la saison précédente, que 23 % à répondre de manière positive.

Lors de cette saison 2011/2012, le taux moyen d’occupation des hébergements s’est situé à 62 % sur l’ensemble de Rhône-Alpes, ce qui est plutôt bon.

Outre la neige abondante, l’une des autres raisons expliquant la satisfaction des professionnels du tourisme de montagne a été la stabilité de la clientèle française, répondant à l’appel de la montagne, ainsi qu’une clientèle étrangère similaire en nombre, voire légérement supérieure. Elle a représenté près de 21 % des skieurs, soit un point de plus que lors de la dernière saison.

Si les Anglais sont toujours majoritaires (44 %), les Russes se révèlent de plus en plus présents. Leur nombre leur a même permis de doubler les Italiens : 14 % des effectifs étrangers pour les premiers, 13 % pour les seconds.

Les autres aspects positifs : un ralentissement perceptible cette année des deux paramètres récurrents rencontrés ces dernières années en matière de sports d’hiver : la tendance au raccourcissement des séjours tend à se résorber, de même que le niveau des dépenses : 42 euros par jour et par personne en Isère, 51 euros en Haute-Savoie et 57 euros en Savoie.

Claude Comet, conseillère régionale chargée du tourisme à la Région Rhône-Alpes constate cette évidence : « Ce n’est pas une surprise : quand il y a de la neige, toutes les stations en profitent. Ça marche. »

Mais d’ajouter aussitôt : « On ne peut cependant que constater que chaque année, la durée d’enneigement diminue : la saison doit se concentrer sur une durée de plus en plus courte. La preuve : à l’heure actuelle, de nombreuses stations ont déjà fermé ! » Elles doivent d’ailleurs le regretter, la neige ayant recommencé à retomber ces derniers jours sur les massifs.

Bref, cette belle saison 2011/2012 ne doit pas occulter les difficultés que le tourisme alpin a devant lui. L’enneigement sera de plus en plus aléatoire, sachant que 80 % des stations de ski sont des stations de moyenne montagne.

Seconde difficulté rencontrée qui risque d’être plus pesante ces prochaines années : la nécessité d’un certain nombre de structures d’hébergement : petits hôtels familliaux ou structures sociales et associatives qui se retrouvent avec la nécessité d’investir pour répondre aux nouvelles normes édictées. Avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête : la date butoir de 2015.

« Or, ni L’Etat, ni l’Europe n’aident désormais ces structures. Les banques sont également frileuses. Il ne reste que la Région », assure Claude Comet. Un fonds régional de garantie a été mis en place pour les accompagner. Or ces hébergements sont les seuls à offrir encore une gamme de prix abordables à la partie la moins argentée de la population. Mais cela sera-t-il suffisant ? Ce n’est pas si sûr. Des milliers de lits à prix encore doux sont en jeu !

(*) 637 professionnels ont été interrogés début et fin décembre 2011 et en février et avril 2012, selon la méthode des quotas pour Rhône-Alpes Tourisme, le bras armé de la Région dans ce domaine.