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HiKoB : la start-up lyonnaise qui pourrait bien capter une belle part du marché…des capteurs

Le problème des capteurs sous les routes, dans les centrales nucléaires, les ouvrages d’art est qu’ils nécessitent de longs et onéreux systèmes de câblages. La start-up HiKoB créée par d’anciens chercheurs de l’Insa de Lyon permet de s’en affranchir, ce qui lui ouvre un marché potentiel très vaste. Cette entreprise de sept salariés qui vient de lever 300 000 euros grâce à des parrains qui croient très fort en elle, pense déjà à attaquer le marché européen.

HiKoB, sept salariés actuellement et neuf d’ici quelques mois est une start-up dans sa prime jeunesse. Elle a été créée le 4 juillet 2011 par d’anciens chercheurs issus de l’Inria (1) ou de l’Insa (2) de Lyon.

Pourtant, dès cette année, elle est bien partie pour réaliser 700 000 euros de chiffre d’affaires. Ses créateurs visent plus d’un million d’euros en 2013 et 2 millions en 2014.

Elle vient de lever 300 000 euros, ce qui représente, après mise en œuvre de l’effet de levier via Oséo, près de 900 000 euros. Ses actionnaires ? Insavalor, la société de valorisation de l’Insa, ainsi qu’ d’IT-Translation, un fonds d’investissement commun à la Caisse des Dépôt et à l’Inria qui y a investi la plus grosse somme, tout en restant minoritaire.

Il est vrai que, malgré sa jeunesse, cette entreprise dirigée par Guillaume Chelius a d’ores et déjà un joli pedigree. Elle a été lauréate du concours 2011 à la création d’entreprise de technologies innovantes du Ministère de l’enseignement supérieur. Ayant obtenu le label Novacité de la CCI de Lyon, elle a intégré le très sélect incubateur d’EM Lyon en décembre dernier.

Quel est donc l’innovation qui permet à HiKoB de déployer aussi rapidement et avec autant de promesses ? Ses créateurs sont des chercheurs qui, au sein de la recherche publique, ont développé une technologie révolutionnaire de réseaux de capteurs communicants.

Un exemple. Vous connaissez sans doute les boucles d’impédance qui enfouies sous une route devant des feux tricolores permettent de calculer le nombre et la quantité de voitures qui circulent pour réguler le rythme des feux.

Jusqu’à présent ces boucles coûtaient fort cher à installer car il fallait creuser la route pour y mettre les boucles complexes, auxquelles il fallait ajouter un important système de câbles.

Miniaturisés, gros comme un œuf de caille, les capteurs d’HiKob ne nécessitent, eux, qu’un petit forage, mais surtout, ils ne demandent aucun système de câblage, puisque les informations des capteurs situés sous le bitume sont transférés par un système de communication dit « multi-sauts ».

Grâce à des micro-batteries très performantes, ces capteurs sont capables de jouer leur rôle pendant plus d’une dizaine d’année sans recharge, ni maintenance. Ils supportent d’autre part des températures extrêmes. Le gain d’investissement, on le voit, est donc très important.

Actuellement, les technologies mises en œuvre, à base notamment de « mems », (micro-sytèmes électromécaniques miniatures) s’appliquent aussi bien au suivi des ouvrages d’art, qu’au marché des entreprises très demandeuses de captations de mesures sur les chaînes de fabrication, notamment, mais aussi au domaine routier.

Les boucles d’impédance, donc, mais aussi les systèmes de comptage permettant aux gestionnaires de parking de réguler le flux de voitures qui veulent s’y garer. Le parking de l’Insa de Lyon sert d’ailleurs actuellement de site de démonstration ! Il n’est pas le seul : actuellement HiKoB a déjà déployé près de deux mille micro-capteurs.

L’innovation proposée et la forte division des coûts qu’elle implique, suscitent beaucoup d’intérêt de la part des donneurs d’ordres. « Nous allons démarrer notre première action commerciale à l’international dès le second semestre 2012, en direction de l’Allemagne, de la Suisse et de l’Autriche », précise le président de la société Guillaume Chellius.

Tout en lorgnant l’export, il garde un œil sur le moteur de la société, la Recherche&Développement qui occupe la moitié des ingénieurs de cette jeune pousse. Plus que sur des brevets en cours de dépôt, son trésor de guerre repose sur une accumulation de savoir-faire qu’aucune autre société ne possède à ce jour. Sa réussite dans le temps dépendra de l’avance que l’entreprise saura conserver vis à vis de ses concurrents…

  1. Inria : Institut national de la recherche en Informatique et Automatique

  2. L’Insa de Lyon, basée sur le campus de La Doua est l’une des plus importantes écoles d’ingénieurs de France.

Photo (DL)Guillaume Chelius, président d’HiKoB avec à sa main droite un capteur miniaturisé. Il est le cofondateur de la société en compagnie de Christophe Braillon, directeur technique et d’Antoine Fraboulet, directeur scientifique.