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Jean-Jack Queyranne étonnamment sévère avec le projet de loi de décentralisation : « mal ficelé et ringard !»

Le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, n’est pas homme d’ordinaire à élever la voix et à balancer des scuds dans la cour de ses amis socialistes du gouvernement. Il a eu pourtant, jeudi 21 mars, des mots extrêmement durs sur le projet de loi de décentralisation qui doit passer au Parlement en juin prochain, attaquant le Premier ministre, mais épargnant François Hollande.

Ça devrait ricaner sévère sur les bancs de l’UMP, lors de la prochaine séance du Conseil Régional. Un débat sur le projet de loi en cours d’élaboration et sur « la réforme de l’action publique » doit se dérouler dans l’hémicycle régional, le vendredi 29 mars au matin.

 Ça devrait donc ricaner si, du moins, le président de la région, Jean-Jack Queyranne réitère les propos tenus le jeudi 20 mars, au siège du conseil régional, lors de la présentation des grands dossiers qui marqueront cette prochaine session.

 Homme pondéré, choisissant d’ordinaire soigneusement ses mots, le président de la deuxième région de France a eu des adjectifs très durs pour fustiger le projet de loi, du moins tel qu’on le connaît actuellement.

 Il explique ainsi, en forme de mise en bouche que « pour l’instant, on rate le coche, alors que ce projet de loi est nécessaire pour moderniser l’Etat, pour supprimer les doublons. »

 Il ajoute : « D’ailleurs ce n’est pas un texte de décentralisation, on est très loin du texte fondateur de Gaston Defferre en 1982 qui, lui, était d’une grande modernité. »

« C’est du bricolage ! »

 Il balance, alors : « Ce texte tel qu’il se présente est anachronique, mal ficelé, ringard. Il ne répond pas non plus à la crise : c’est du bricolage ! »

 La principale raison de son courroux tient apparemment au retour en force dans la dernière ligne droite des discussions, des départements qui auraient retrouvé des couleurs dans le futur projet de loi. Telle est probablement la goutte d’eau qui a fait déborder le vase présidentiel.

 Ainsi, selon Jean-Jack Queyranne, le fait que de nouvelles compétences soient accordées aux Départements, notamment en matière de tourisme et de numérique : « amène à recréer une mosaïque d’éclatement des compétences au moment même où l’ambition est de rationaliser l’action publique. »

L’ennemi : le Département

 Rarement le président de Rhône-Alpes a été aussi loin dans la désignation de l’ennemi : le Département. Pour Jean-Jack Queyranne, ce dernier est bien l’empêcheur de régionaliser en rond. Pour lui, le vrai problème de la réforme est là.

 Ce dernier pointe du doigt la méthode choisie par le gouvernement pour élaborer cette réforme : « On ne produit pas un texte d’envergure par des négociations permanentes avec des associations d’élus ».

 Reste que le président rhônalpin, s’il égratigne le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, a dans sa diatribe pris bien soin d’épargner le président de la République.

Ce n’était pas une colère froide gratuite qu’il a exprimée, mais un message, en phase avec les autres présidents de région, lancé pour amender une dernière fois ce texte en faveur des Régions. D’où en final, cet appel du pied : « Le président de la République, lui-même n’est pas convaincu », assure Jean-Jack Queyranne qui ajoute : « Lors de son déplacement à Dijon il a dit que le texte serait réécrit par le Sénat. »

 Il est probable par ailleurs que ce soit François Hollande qui délivrera les derniers arbitrages.

 Décidément, après le récent interview sans concession au « Monde » de Gérard Collomb, les barons socialistes de Rhône-Alpes se sont donné le mot pour tacler sévérement le gouvernement. Mais tout cela n’empêche pas les ministres de se succèder à Lyon : pas moins de trois, dimanche 24 mars pour l’inauguration du Forum Biovision ! Efficace, alors ?