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L’Akoya, l’hydravion « made in Savoie » s’apprête à prendre son envol

A la mi-2015 les premiers hydravions légers Akoya sortiront des chaînes de fabrication de la société savoyarde Lisa Airplanes, installée à Savoie Technolac. Le fruit d’un combat de dix ans de deux fous d’aviation pour développer une niche en pleine croissance dans le monde entier, les LSA : Light Sport Aircraft. Après un dépôt de bilan en 2012, seuls des investisseurs chinois ont cru en ce projet qui respecte désormais son plan de vol à raison d’un investissement de 15 millions d’euros.

La ligne de fabrication qui va donner naissance le première année à  trente avions Akoya, puis à une centaine par an, est en phase d’élaboration et de construction. La livraison du premier avion est programmée pour la mi-2015.

L’avion ? Un hydravion léger destiné aux lacs ou aux mers, mais qui peut également atterrir sur une piste en dur ou sur la neige. Ses deux promoteurs entendent se tailler une place sur une niche en plein développement : elle croît au rythme de 5 à 10 % l’an dans de nombreux pays émergents et tout d’abord en Chine.

Il aura fallu dix ans pour que deux Savoyards fous d’aviation, Erick Herzberger, 53 ans, président de l’entreprise et Luc Bernole, 39 ans, chargé de toute la partie technique, parviennent non sans quelques vicissitudes, à concrétiser leur rêve qui s’est traduit dès 2004 par la création de leur société, Lisa Airplanes.

C’est cette année là qu’une nouvelle norme voit le jour sur le marché américain, la LSA (Light sport aircraft), créée alors pour dynamiser l’aviation de loisirs. Une étude de marché montre un potentiel de plusieurs milliers d’avions par an, en Europe, aux USA, en Asie.

A mi-chemin entre l’avion standard et l’ULM

Cette catégorie d’avions est à mi-chemin entre l’avion standard et l’ULM. Les créateurs de Lisa Airplanes se positionnent aussitôt sur ce créneau, choisissant le haut de gamme plutôt que le low cost avec un concept d’appareil biplace ultra-léger (400 kg) amphibie de loisirs, de 1 500 à 2 000 kilomètres d’autonomie, capable de se poser sur l’eau, mais aussi sur terre et sur la neige.

Le premier Akoya s’envole en 2007 du lac du Bourget. Devant l’appareil, sous la coque émergent deux ailerons, des hydrofoils, un concept bien protégé par des brevets qui crée la différence avec ses concurrents et que l’on trouve plutôt d’ordinaire sous les bateaux.

« Pour permettre à un hydravion de décoller, vous avez deux possibilités : des flotteurs ou plus simplement, directement sur la coque comme pour les Canadairs, mais cela implique une ligne plutôt tourmentée. Les hydrofoils permettent à notre appareil d’être particulièrement aérodynamique , en forme de goutte d’eau», explique Erick Herzberger.

Un gros travail est accompli au sein de souffleries d’un organisme spécialisé, l’Onera, ce qui permet de mettre au point- un appareil particulièrement performant, remarqué lors de sa présentation en 2012 et 2013 au plus grand salon d’aviation légère au monde, à Oshkosh, aux États-Unis.

Gros problème, néanmoins l’entreprise capitalisée au démarrage à hauteur de 500 000 euros, puis ensuite accompagnée par le Fonds d’Amorçage Rhône-Alpes, Rhône-Alpes Création, et le fonds d’investissement « Viveris Management » voit ce dernier, en difficulté, la lâcher.

De gros investisseurs chinois se pressent à la barre du tribunal de commerce

L’issue est inévitable : en 2012, l’entreprise « Lisa Airplanes » doit déposer son bilan. Heureusement, à la barre du Tribunal de Commerce de Chambéry, les investisseurs, essentiellement chinois se bousculent. L’aviation légère est en plein boom en Chine et ils flairent la bonne affaire.

Parmi les prétendants : deux hommes d’affaires de Chendgdu, ville du centre de la Chine en pleine croissance économique sortent du lot et sont choisis comme repreneurs, devenant majoritaires au capital.

Quinze millions d’euros d’investissement

« Nous aurions préféré une solution française, mais aucun repreneur viable ne s’est fait connaître. Nos actionnaires chinois s’engagaient à conserver notre stratégie haut de gamme et à développer le concept, en investissant 15 millions d’euros au sein de l’entreprise sur plusieurs années », se remémore le Pdg de Lisa Airplanes.

De même, les deux nouveaux actionnaires s’engagent à conserver les deux pilotes pour tenir le manche de l’entreprise.

Annulées du fait du dépôt de bilan, les trente premières commandes fermes que l’entreprise avait réussi à engranger sont à nouveaux confirmées. Depuis, près de soixante-dix autres particuliers ont exprimé leur intérêt pour l’avion.

Les clients ? « Notre clientèle est fortunée. Elle veut s’offrir notre avion, comme elle s’offrirait une Ferrari », explique Erick Herzberger.

Il est vrai que l’hydravion, un biplace, positionné haut de gamme est vendu plutôt cher : 300 000 euros.

Actuellement de dix-sept personnes, les effectifs de l’entreprise devraient monter jusqu’à trente salariés au démarrage de la chaîne de fabrication

Un hydravion pouvant accueillir cinq à sept personnes

Mais auparavant, place à la construction de trois avions pour pouvoir mener les tests de certification. « C’est très long il faut tester l’avion et chacun de ses composants, tout en menant les démarches administratives » précise le Pdg de Lisa Airplanes.

Mais Erick Herzberger voit déjà plus loin. « Une fois installés dans le marché et reconnus, nous réfléchissons déjà à un hydravion conçu dans le même esprit, mais pouvant accueillir de cinq à sept personnes ».