Toute l’actualité Lyon Entreprises

L’écosystème grenoblois va avoir sa SATT : labellisée par le gouvernement, elle sera dotée de 57 millions d’euros.

C’est fait : après Lyon en mai dernier et en l’absence d’une SATT régionale, Grenoble a aussi désormais sa Société d’Accélération de Transfert de Technologie. Elle investira dans les start-up de l’écosystème grenoblois avec un objectif particulièrement ambitieux : en tripler le nombre pour le porter à 400 en dix ans, ce qui représenterait la création de près de huit mille emplois. Le président de cette SATT devrait être un industriel.

 Un nouvel acronyme auquel il va falloir s’habituer : SATT. Entendez Société d’Accélération de Transfert de Technologies.

 Après Lyon, en mai dernier et en l’absence d’une SATT régionale souhaitée à l’origine par le ministère, Grenoble vient d’être labellisée à son tour par le gouvernement, sur un projet original. La SATT de Grenoble ne ressemblera pas aux autres SATT.

 Le calendrier est connu. « Nous sommes en train de rédiger le contrat dit bénéficiaire qui devrait être validé à la fois par le ministère et les conseils d’administration des différents partenaires. La SATT devrait donc être effectivement créée en février prochain », explique Nelly Biboub, chargée de mission.

 « Grenoble Innovation Fast Track »

 Cette nouvelle structure a déjà un nom : « Grenoble-alpes Innovation Fast Track », entendez « le plus court chemin vers l’innovation » ou « cadeau », si l’on prend en considération le seul acronyme, GIFT…

Mais une SATT pour quoi faire ? Situées au carrefour du  monde de la recherche et des entreprises, ces nouvelles structures sont destinées à devenir de nouveaux acteurs économiques. Leur objectif ? Accroître l’efficacité du dispositif français de valorisation de la recherche, en accélérant notamment son transfert et son utilisation par l’industrie.

Il s’agit pour chacune des SATT créées sur le territoire d’accélérer la maturation économique des projets de recherche les plus prometteurs, de mettre fin au morcellement des structures de valorisation ; et enfin, d’améliorer significativement l’efficacité du transfert de technologies pour créer plus de valeur économique. Plutôt ambitieux.

Pour le gouvernement Sarkozy, à l’origine de ces SATT, l’objectif était encore plus pragmatique, mais indispensable : éviter que des pans entiers de la recherche appliquée française partent à l’étranger…

A contrario de la SATT de Lyon et de la plupart des SATT, celle de Grenoble ne sera pas un outil d’acquisition de licences ou de brevets, mais d’abord et avant tout une structure d’accompagnement de start-up à très haut potentiel dans laquelle elle investira.

Treize établissements au conseil d’administration

La SATT grenobloise rassemble treize établissements qui ont pris l’habitude de travailler ensemble dans le domaine des transferts de technologie depuis une bonne dizaine d’années : on y trouve des universités et des écoles : Grenoble INP, Grenoble Ecole de Management, Université Joseph Fourier, Pierre Mendès France, Université de Savoie, Stendhal, ainsi que des organismes nationaux et internationaux tels que le CEA, le CHU, le CNRS, l’ESRF, l’ILL, l’INRIA et l’IRSTEA.

Voilà donc une structure qui devrait conforter ce que l’on surnomme désormais « l’écosystème grenoblois », une vraie richesse pour la région Rhône-Alpes qui vient de connaître les honneurs du magazine américain Forbes : il a classé Grenoble, comme unique ville française à figurer dans le top 15 des villes du monde considérées comme les plus innovantes. Un score enviable : la capitale des Alpes y est classée en cinquième position.

 Dans son projet, cette SATT s’est fixé un objectif : atteindre 400 créations de start-up en dix ans. Ce qui représente une multiplication par trois du nombre annuel de créations de start-up !

 Elle vise à générer, là encore en dix ans, huit mille emplois hautement qualifiés et une création de valeur d’environ 800 millions d’euros (chiffre d’affaires cumulé estimé des start-up créées pendant ces dix années à venir).

 Un investissement de 115 millions d’euros dont 57 du Grand Emprunt

 Le montant d’investissement nécessaire à la réalisation de cette SATT a été évalué à 115 millions d’euros sur dix ans.

La dotation du Grand Emprunt qui accompagne la labellisation, soit 57 millions d’euros, va permettre d’assurer la moitié de ce financement. Le reliquat sera constitué des apports des partenaires et des collectivités.

 « L’objectif est d’arriver à l’équilibre financier lors de la dixième année, via les apports financiers générés par les prises de participation », précise Nelly Biboud.

 Cette orientation vers le financement de start-up plutôt que l’achat de licences s’appuie, explique-t-elle « sur le constat que les start-up ont un impact économique important sur le territoire : elles créent des emplois sur le bassin, génèrent de l’activité chez les fournisseurs et les sous-traitants régionaux et participent significativement aux exportations. »

A contrario, « une licence se vend en une fois et, lorsque le client est étranger, l’incidence de cette vente sur le tissu économique local est faible, voire nulle.»

La SATT Grenobloise prendra corps dès le début de l’année 2014 sous la forme d’une société anonyme simplifié (SAS), dont le capital sera détenu par les établissements partenaires, associés à la Caisse des Dépôts et Consignations et d’une unique association.

 Un chef d’entreprise industrielle à la tête de la SATT ?

Ce sera un dispositif qui associera une structure commerciale à une structure opérationnelle.

La SAS constituera la structure pilote stratégique et décisionnelle : c’est elle qui investira financièrement sur des projets avec pour objectif de viser le retour sur investissement.

Pour que la démarche reste efficace, un chef d’entreprise industrielle a été pressenti pour prendre la tête de cette SATT. Mais pour l’instant, tant qu’il n’est pas officiellement élu, l’équipe de préfiguration de cette nouvelle structure reste discrète sur son nom…

 IllustrationLe Synchrotron, symbole de l’écosystème grenoblois.