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L’incubateur de cheffes d’entreprise « Premières » joue désormais la carte de la mixité et de l’essaimage

Seul incubateur à l’origine uniquement destiné aux entrepreneuses, « Pionnières qui vient de changer de nom en « Premières » vient d’opérer un virage assumé vers la mixité. A l’exemple du binôme femme/homme que constitue désormais sa présidence. L’incubateur lyonnais va en outre faire des petits à Grenoble, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand..

Créé d’abord à Paris, l’incubateur Premières a vu le jour à Lyon en 2011. Cet incubateur qui avait la caractéristique d’être destinée aux seules entrepreneuses de 18 à 50 ans ou plus, a plutôt réussi son atterrissage à Lyon.

Installé à la Part-Dieu dans le même immeuble que la TV locale TLM, il a permis de créer en six ans 60 entreprises et 240 emplois. Pour la seule année dernière : il a donné le jour à 13 entreprises, donnant lieu à 27 emplois directs et 41 créations d’activité.

Des activités plus féminines que masculines, à l’instar de « La Fabullerie » dans le 2ème arrondissement de Lyon, un espace de partage et de détente pour parents et enfants ou « Mamans poules », un Café poussette. Mais pas que : parmi ces créations on trouve ainsi « Ex-Ludo » une société de médiatisation des savoirs par le jeu vidéo, voire encore « Synbud », un moteur de recherche touristique. La palette s’élargit de plus en plus.

Inséré dans le dispositif Lyon Ville de l’Entrepreneuriat, puis désormais, membre de Lyon FrenchTech, tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes pour cet incubateur quelque peu différent des autres.

Les raisons d’un virage

Pourtant, il vient d’opérer un virage stratégique en prônant désormais la mixité. La nouvelle présidente qui vient d’être élue à la tête de cette structure donne d’ailleurs le « la », puisque « Pionnières » Lyon est désormais présidée par un binôme composé de Nathalie Pradines, 52 ans, élue à la CCI de Lyon et dirigeante de la société Comadequat et de Claude Senger, 47 ans, gérant d’Adcom.

Au sein de la gouvernance de « Premières » on trouve également un autre visage masculin : Olivier Faure, directeur national des opérations d’Orange.

Désormais, ce ne sont pas les entreprises créées par les seules femmes qui sont acceptées, mais aussi celles composées d’un binôme homme/femme, explique Nathalie Pradines.

Un exemple récent sous la forme d’une grande boutique qui vient d’ouvrir ses portes, « Maison Metagram », installée dans le 2ème arrondissement de Lyon, à la fois Café boutique et lieu d’événementiel pour le grand public et les professionnels.

Benoit Laplanche-Servigne (Maison Metagram)

Son actionnaire majoritaire (55 %) est Benoit Laplanche-Servigne, au côté de Sonia Vernhet (45 %). « Il faut que la part féminine au sein du capital de la société créée soit  significative », précise Marie Trouhet, déléguée générale de Rhône-Alpes Pionnières. On est là dans ce cas de figure…

Autre raison expliquant ce virage qui contredit la règle des débuts de « Pionnières » : le développement du numérique.

On sait en effet que les femmes sont malheureusement peu nombreuses à se tourner vers les métiers du numérique, pourtant extrêmement dynamique, pourvoyeur d’emplois et de nouvelles entreprises. Celles qui s’y lancent ont souvent besoin d’être accompagnées par un développeur. C’est ainsi que désormais près de 30 % des entreprises crées par « Premières » se situent dans l’écosystème numérique.

Membre de Lyon French Tech

C’est ce qui a d’ailleurs amené Lyon French Tech à intégrer « Premières » comme membre.

Cette nouvelle façon de voir l’entrepreneuriat au féminin devrait aussi favoriser la volonté de « Pionnières» d’essaimer en région.

Un partenariat a ainsi été mis en plus avec Grenoble Ecole de Management (GEM). Un incubateur va voir le jour à proximité de la célèbre école grenobloise. Pourquoi précisément, cette Ecole : « parce qu’elle s’intéresse beaucoup à l’entrepreneuriat au féminin et qu’elle a créé un Observatoire autour de cette thématique », explique Marie Trouhet.

Saint-Etienne est également dans le curseur. Une antenne « Premières » devrait prochainement voir le jour.

Enfin des contacts sont en train de s’établir avec Clermont-Ferrand où un incubateur « Premières » devrait là encore s’implanter au début de l’année prochaine.

Tout en conservant sa spécificité, « Premières» a réussi à desserrer de la sorte l’étreinte qui risquait à terme paradoxalement d’entraver son développement… Plutôt bon signe par ailleurs car cela montre que l’on peut désormais passer à une autre stade que celui de la discrimination positive, nécessaire certainement au début, mais pas l’idéal…