La Foire de Lyon souffrira-t-elle cette année de la crise ?

Issues du Moyen-Age, les grandes manifestations comme la Foire de Lyon ont -elles encore un avenir à l’heure des nouvelles technologies de l’information ? Lorsqu’il a repris cette manifestation, le groupe lyonnais GL Events s’en est dit persuadé et a mis les moyens pour redynamiser cette grand-mère alors un peu cacochyme qui fêtera cette année son 94ème printemps.

Elle a centré la manifestation qui se déroulera du 16 au 26 mars autour d’un événement grand public. Après le Japon et les mangas en 2009, c’était l’année dernière au tour de la conquête spatiale de servir de porte-drapeau de la communication.

Ce sont cette fois les indiens d’Amérique qui sont destinés à tirer l’affluence, grâce à une exposition, « Expowow » qui s’étendra sur près de 3 000 m2. Les organisateurs ont beaucoup investi pour reconstituer un fort de la conquête vers l’Ouest, un village indien avec ses teepees, un saloon, etc. Au programme : des animations, des conférences, des danses et la venue qui devrait être fort médiatisée de l’arrière petit-fils du chef indien Geronimo, Harlyn.

Destinée à constituer le cœur de la Foire, cette exposition représente un investissement de poids : 150 000 euros, selon Nicole Szkudlarek, la directrice de la manifestation qui ne communique en revanche pas sur le budget général de la manifestation.

Innovation cependant par rapport aux anciens gestionnaires de la manifestation lyonnaise, on connaît désormais très précisément le nombre de visiteurs, GL Events, s’engageant à comptabiliser les visiteurs selon les critère de l’OJS (Office de Justification des Statistiques des Foires et Salons), l’équivalent de Médiamétrie pour ce type de manifestations.

Or, après un pic de 243 000 visiteurs enregistrés en 2009, la fréquentation est tombée l’année dernière à 213 000 (- 12 % ), alors que la situation économique n’était pas aussi morose qu’actuellement (*).

Qu’en sera-t-il cette année, alors que l’économie pâtine et que la consommation des Français a pour la première fois reculé l’année dernière de 0,5 %.

Pour pallier ce risque, le salon a rajouté une seconde couche d’animations. En se tournant pour la première fois vers le public du modélisme qui serait estimé à près de 100 000 personnes en Rhône-Alpes. « Lyon Model show » permettra ainsi à trente professionnels spécialisés d’exposer et de vendre des maquettes, au sein d’un Hall exclusivement consacré à des courses indoor de voitures, de camions, et même d’avions et d’hélicoptères modèles réduits. A coup sûr, spectaculaire et susceptible de drainer du public en nombre.

Pour accentuer ce caractère festif et événementiel, Nicole Szkudlarek a également mis cette année en place une autre innovation : 147 000 chéquiers seront distribués hors la Foire et dans la Foire, donnant lieu à des tombolas permettant aux visiteurs de gagner des produits, des bons d’achats ou des repas.

Conjuguant tous ces efforts, la directrice de la première grande manifestation commerciale du printemps espère drainer suffisamment de visiteurs pour contenter le millier d’exposants annoncés sur les 100 000 m2 de la Foire.

Mais, selon elle, achat et balades de stands en stands sont pour une bonne part déconnectés. « Nous avons effectué l’année dernière un sondage à l’entrée : seuls 20 % de visiteurs se rendent à la Foire de Lyon pour acheter. Ils disent vouloir d’abord se balader, déambuler, visiter les expositions. Ce n’est qu’après que l’acte d’achat se déclenche, puisqu’à la sortie 89 % d’entre eux avaient effectué un tel acte. »

Les organisateurs tablent plus que jamais sur le côté festif et ludique de l’événement pour drainer un chaland un peu plus désargenté cette année.

(*) L’année dernière, le temps de visite moyen des visiteurs s’est établi à 4 h 30. Ceux-ci proviennent à 75 % du Rhône et dans deux cas sur trois, du Grand Lyon.

Photo (DR) : Le public rassemblé dans le Dôme d’Eurexpo, lors de l’édition 2011.