Toute l’actualité Lyon Entreprises

Laurent Fiard, président du Cluster Edit : « Nous envisageons de créer une Université du logiciel »

Actuellement dans sa cinquième année d’existence, le Cluster Edit qui regroupe les éditeurs de logiciels de la région Rhône-Alpes entend bien passer à la vitesse supérieure. Il vient d’être rejoint par des poids-lourds de la profession, tels Cegid, Esker à Lyon ou Hardis à Grenoble, il veut, après celle de Vaise, développer dans la région des pépinières dédiées au start-up du logiciel et rêve de créer l’Université du logiciel. Entretien avec son président, réélu lors de la dernière assemblée générale : Laurent Fiard, Pdg de Visiativ.

 Le Cluster Edit, combien de divisions ?

Il a été créé en 2008. Nous sommes donc un jeune cluster puisque nous ne sommes que dans notre cinquième année d’existence. En arrivant à la présidence, l’année dernière, j’avais fixé comme objectif de regrouper en notre sein les grands de la profession du logiciel.

Lors de notre assemblée générale, jeudi 13 juin, nous avons ainsi pu accueillir Cegid, le leader dans la région, mais aussi Esker, Dimo Gestion, voire Hardis, une importante société grenobloise.

Pour le reste, nos effectifs poussent rapidement : nous sommes désormais 450 adhérents, ce qui représente une hausse de près de 20 % en un an.

Que pèse l’ensemble du secteur en Rhône-Alpes ?

En Rhône-Alpes, nous sommes désormais plus de mille société spécialisées dans le logiciel, soit 3 300 emplois, soit encore un chiffre d’affaires global de 3,5 milliards d’euros. Nous n’exportons pour l’heure que 13 % de notre chiffre d’affaires, mais nous avons engagé des actions pour développer notre CA à l’export.

Vous avez également créé un « Observatoire du logiciel en Rhône-Alpes » qui est désormais opérationnel. Quels sont ses premiers enseignements ?

Le premier enseignement a été de constater que notre filière est composée en Rhône-Alpes à 80 % de TPE et de PME : c’est important de bien l’appréhender. C’est sans doute parmi celles-ci que l’on trouvera les fameuses ETI, les Entreprises de Taille Intermédiaire dont a besoin notre pays.

Cet Observatoire a aussi permis de confirmer que notre filière connaît une croissance rapide : + 19 %, entre 2009 et 2011, alors que nous étions en pleine crise des subprimes. Dans le même temps, nos effectifs ont crû de 15 %.

Dernier enseignement enfin : nous avons pu avoir confirmation que notre marché n°1 en Rhône-Alpes était d’abord Business to Business. Nos entreprises sont d’abord dans le secteur de l’industrie, de la santé, des services et c’est ce qui fait notre spécificité régionale. Notre filière est essentiellement axée sur les logiciels de gestion d’entreprise, du travail, du Web ; bref dans la gestion du savoir et dans celui de l’entreprise.

Souffrez-vous, comme beaucoup d’entreprises informatiques, de difficultés à embaucher les profils dont vous avez besoin ?

Certes, comme beaucoup, nous avons un problème de visibilité à moyen terme. Reste qu’avec une croisance de 15 % l’an, nous devons embaucher et nous avons effectivement des difficultés à trouver les profils dont nous avons besoin.

Nous avons créé un groupe de travail pour réfléchir à la création d’une Université du logiciel. Ce groupe a pour objectif de réfléchir à la manière d’opérer pour renforcer les dispositifs afin de fomer de nouveaux profils adaptés à nos métiers.

L’idée de départ est d’abord de rechercher des partenariats en faisant le tour des différentes écoles d’ingénieurs et de management.

Si nous sommes pragmatiques, nous formaliserons les bons parcours existants. Mais il est vrai que notre rêve serait de créer une Université en dur. On constate que dans la Silicon Valley, de nouvelles universités privées voient le jour. Pourquoi pas en Rhône-Alpes, puisqu’avec la taille critique que nous possédons désormais, nous constituons une sorte de silicon valley B to B à la française… ?

Comment la pépinière d’entreprises que vous avez récemment créée à Lyon-Vaise, consacrée uniquement aux start-up du logiciel, se développe-t-elle ?

Elle accueille déjà cinq start-up pour un potentiel de quinze. Vu le nombre de candidatures auxquelles nous avons à faire face, elle devrait rapidement faire le plein.

A telle enseigne que nous réfléchissons déjà à la création d’autres pépinières de ce type dans d’autres villes de Rhône-Alpes.

D’autre part nous venons d’installer l’équipe du cluster et ses trois salariés qui étaient auparavant basés à la Part-Dieu, au sein même de cette pépinière.

Quel est le rôle du cluster pour les entreprises un peu plus matures ?

Il est multiple. Il existe ainsi une action que nous avons décidé de lancer : un catalyseur de services que nous avons surnommé « digital booster ». Il a un triple rôle : accompagner les entreprises dans leurs levées de fonds, les aider à développer l’innovation et la financer et ensuite leur prêter main forte dans le « go to market », c’est-à-dire dans l’insertion au marché.

Dans ce cadre, dix chefs d’entreprises, des entrepreneurs d’expérience, ont accepté de donner de leur temps pour parrainer d’autres sociétés en voie de développement rapide. Un comité de sélection a été mis en place pour désigner les entreprises que nous allons accompagner de la sorte. Un vrai parrainage qui devrait se révêler efficace !