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Le 1er îlot urbain français à énergie positive voit le jour à Lyon-Confluence

Il existe en France près de trois cents bâtiments ou maisons à énergie positive. On n’était pas encore passé au stade supérieur. C’est fait : le premier îlot urbain, rassemblant cette fois trois immeubles produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment vient d’être inauguré à Lyon-Confluence. Une réussite due à une coopération franco-japonaise, mais aussi à la mixité bureaux/logements/commerces. Explications.

Ces trois immeubles plutôt réussis sont situés le long de la darse de Lyon-Confluence. Signés de l’architecte japonais Kengo Kumo, ils attirent l’œil, de même que le nom de Paul Bocuse qui y a installé un de ses trois burgers haut-de-gamme : l’Ouest Express.

Hormis ces signes distinctifs, rien ne les différencierait des autres immeubles de ce nouveau quartier de Lyon, sinon le fait qu’ils recèlent une forte originalité, à quelques semaines du Sommet du Climat à Paris, la COP 21 : c’est le premier îlot en France qui produit plus d’électricité qu’il n’en consomme.

Certes, on a déjà sorti de terre en France plus de 300 édifices à énergie positive, mais il s’agissait jusqu’à présent de simples bâtiments ou des maisons.

Cette fois, les promoteurs de ces trois immeubles baptisés Hikari, « lumière » en français, ont vu beaucoup plus grand.

Trois immeubles : 12 800 m2

L’îlot Hikari qui comprend l’immeuble Higashi, côté Cours Charlemagne ( 5 263 m2 de bureaux) ; Minami (32 logements pour une superficie de 3 400 m2) et Nishi, (2 246 m2 de bureaux et quatre maisons de toit), se déploie sur un total de 12 800 m2 si l’on y ajoute 1 000 m2 de commerces en rez-de-chaussée.

On y trouve déjà le siège de Deloitte, une agence BNP et un commissaire aux comptes.

Arriver à ce résultat a nécessité la coopération de Toshiba qui a déployé un certain nombre de technologies qu’il a mises au point en partenariat avec le NEDO, l’équivalent de l’Ademe française et qui dépend du ministère de l’économie japonaise et de Bouygues Immobilier qui a déjà à son actif une trentaine de bâtiments et maisons à énergie positive.

Hikari ne consomme que 129 kwh/m2 par an. Pour ce faire, l’enveloppe des immeubles s’adapte à la courbe du soleil, absorbe et contrôle les rayonnements lumineux et leurs apports énergétiques. La lumière est omniprésente grâce à des grandes entailles qui sculptent les façades de verre, de bois, d’aluminium et de pierre, etc.

Panneaux photovoltaïques, géothermie, cogénération, tablettes…

Pour couvrir ces besoins toute une batterie, si l’on ose dire, de technologies ont été déployées : des panneaux photovoltaïques sur les toits, mais aussi un dispositif de géothermie qui puise dans les eaux de la Saône et une chaudière.

Les toits sont recouverts de panneaux solaires

En l’occurrence, un co-générateur fonctionnant à l’huile de colza qui assure lorsque c’est nécessaire, le complément.

Il a également fallu que les promoteurs fassent appel à la mixité de l’occupation pour parvenir à ce résultat entre les logements, les bureaux et les commerces.

Une utilisation des cycles d’énergies des bureaux et des logements

Les trois bâtiments communiquent en effet entre eux pour répartir au mieux les besoins énergétiques : les bureaux sans occupant la nuit et les logements n’ont pas les mêmes cycles d’énergie.

L’excédent d’énergie produit est stocké dans de grands ballons d’eau chaude et restitué aux heures de fortes demandes

L’ensemble est piloté au sous-sol par un cerveau central.

Il faut ajouter à ce tableau, des voitures électriques en auto-partage qui se rechargent à partir de ce système autonome.

Mais tous ces dispositifs seraient inopérants sans une sophistication extrême basée sur l’informatique et l’électronique, avec des capteurs présents dans les commerces, les bureaux et les appartements qui mesurent en permanence la température, détectent le CO2, surveillent la ventilation, l’éclairage, etc.

Des paramètres que les différents occupants peuvent consulter dans sur iPad et autres tablettes et régler au mieux à partir de leur écran.

Si techniquement, on sait faire, le « plus » apporté là concerne la gestion très sophistiquée de la consommation d’énergie qui reste facile d’accès.

Un surcoût de 6 à 8 % seulement, « vite amorti »

Rien de rédhibitoire, cependant pour Eric Mazoyer, l’homme chargé de la construction par Bouygues immobilier qui estime le surcoût « guère supérieur de 6 à 8 % aux autres constructions, amorti rapidement grâce à une gestion plus durable. »

Reste que ces trois bâtiments représentent globalement une enveloppe de 60 millions d’euros.

Mais il est vrai que le prix au m2 n’est guère différent de celui des autres bâtiments situés autour de la darse et qui figurent parmi les plus chers de Lyon : de 5 à 6000 euros le m2. Reste qu’à ce prix là ils vont faire de sacrées économies de chauffage !

Le gouvernement s’apprête à lancer un appel à projet pour construire non pas un îlot, mais carrément un quartier basé sur les mêmes technologies.

Le représentant de Bouygues a émis le souhait que Gérard Collomb, maire de Lyon, réponde à cet appel à projet, lors de l’inauguration de ces trois immeubles destinés à devenir emblématiques. Chiche ?