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« Le cluster Eden est en train de muer en une sorte de pôle de compétitivité, mais sans aides publiques »

Il a connu une participation record lors du salon Milipol Paris qui vient de se terminer. Le Cluster rhônalpin Eden qui rassemble des PME du secteur de la Défense et de la Sécurité est lancé dans une belle dynamique qui l’amène à fédérer des PME provenant d’autres régions, tout en développant sans aides publiques, des programmes de R&D mutualisés à plusieurs entreprises. Une évolution originale qui va lui valoir prochainement un prix à Berlin. Interview du président de ce Cluster qui a atteint sa cible, Jean-Luc Logel, dirigeant de la société Centralp à Vénissieux.

 Le stand commun du cluster Eden a bénéficié d’une participation record lors du récent salon Milipol Sécurité à Paris du 19 au 22 novembre. Pourquoi ?

 Jean-Luc Logel-Nous avons effectivement réussi à rassembler trente-deux PME sur les cent-soixante que fédère à ce jour la Cluster Eden qui, rappelons-le, regroupe des entreprises du secteur de la Défense et de la Sécurité. Ceci s’explique par le dynamisme dont fait preuve ce Cluster qui prend de plus en plus d’ampleur, attirant désormais vers lui des entreprises issues d’autres régions que Rhône-Alpes : Bretagne, Centre, PACA nous ont désormais rejoint.

 D’autres régions s’apprêtent à le faire : Midi-Pyrénées, Alsace, Bourgogne.

 Vous êtes donc en train de devenir un Cluster national et non plus purement régional, ce que vous étiez à l’origine ?

 Nous sommes effectivement nés fin 2008 à l’initiative de cinq entreprises lyonnaises du secteur de la Défnese et de la Sécurité. Mais au fur et à mesure du développement de ce cluster, nous avons constaté la nécessité de fédérer les PME régionales pour créer des synergies nécessaires et peser face aux donneurs d’ordres. Nous rassemblons désormais 160 entreprises, 8 000 emplois et un milliard d’euros de chiffre d’affaires dont plus de la moitié à l’exportation.

 Vous êtes nés en Rhône-Alpes, mais votre gouvernance restera-t-elle dans la région ?

 Nous sommes encore une petite structure dotée d’une déléguée générale, basée à Lyon, Manon Moreau, ainsi que d’une salariée. Au niveau des locaux, nous avons la chance d’être hébergés au sein de la CCI de Lyon. Nous resterons Rhônalpins : nous sommes un Cluster de PME régionales.

 Nous fonctionnons avec un budget relativement limité : 200 000 euros, environ.

 Les entreprises s’impliquent beaucoup dans ce cluster : les vice-présidents du Cluster consacrent chacun jusqu’à 30 % de leur temps à son fonctionnement : nous sommes une quinzaine de personnes à bouger ce Cluster. C’est cette motivation des acteurs qui crée cette dynamique. Il est vrai aussi, pour être complet, que nous sommes sur un marché porteur, celui de la Sécurité qui croît au rythme de 7 % l’an.

 Comme pour Milipol Paris, le rôle du Cluster est d’abord de mutualiser votre présence sur les salons ?

 Oui, si nous étions restés purement rhônalpins nous ne serions qu’une poignée d’entreprises sur certains salons, avec une faible mutualisation. Le fait d’être nombreux comme à Milipol Paris, renforce fortement nos synergies et notre impact.

 Menez-vous aussi, comme les pôles de compétitivité, des actions dans la Recherche&Développement ?

 Tout-à-fait, mais contrairement aux pôles de compétitivité, les entreprises du Cluster ne s’appuient pas sur des financements d’Etat, mais sur des opportunités d’affaires, ce qui est une autre démarche.

 Nous sommes en train de nous muer en une sorte de pôle de compétitivité, mais sans aides publiques.

 Prenons l’exemple d’une grosse commande : l’équipement indispensable destiné aux pilotes de l’avion de chasse Rafale. Des PME comme Rostaing pour les gants, Ouvry pour la combinaison, Bollé Safety pour la protection des yeux et d’autres, se sont regroupées pour répondre à une commande émanant d’un grand donneur d’ordres. Seules, ces PME n’auraient jamais pu le faire.

 Un autre exemple, des entreprises comme Titan Aviation à Villefranche-sur-Saône et Tracé Industrie ont travaillé ensemble pour customiser des véhicules destinés à l’export. De plus en plus de PME se saisissent d’opportunités d’affaires pour travailler ensemble.

 Cinq ans après la création d’Eden, quel bilan tirez-vous ?

 Le Cluster a incontestablement créé une dynamique. Les entreprises qui sont membres ont constaté une augmentation de leur chiffre d’affaires, des emplois ont été créés, c’est incontestable, même si c’est encore difficile à quantifier très précisément.

Pour moi le meilleur critère est l’appel à cotisation. Le trésorier du Cluster m’a assuré qu’il n’avait jamais vu les cotisations rentrer aussi vite, ce qui prouve la motivation des entreprises adhérentes au Cluster !

Un autre signe est significatif : au cours du prochain « Berlin Security Meeting », une grande manifestation européenne autour de la Sécurité, le Cluster va recevoir un prix. Il s’agit pour nous, d’une vraie reconnaissance.