Toute l’actualité Lyon Entreprises

Le plus important voyagiste de France, le Lyonnais Marietton lorgne l’international

Vous n’êtes jamais parti en voyage avec la société lyonnaise « Marietton Développement ». C’est pourtant, depuis son rachat d’Havas, le plus important voyagiste de France. Cette holding rassemble en fait de nombreuses marques telles que Voyamar, Sélectour ou Auchan Voyages, qui sonnent sans doute plus familièrement à vos oreilles. Trop à l’étroit désormais au sein des frontières hexagonales, ce groupe qui pèse désormais 1,3 milliard d’euros a décidé de se développer à l’international : l’Europe francophone pour commencer : Suisse, Belgique et Luxembourg…

 De la première agence de voyage familiale, rue Marietton à Lyon qui lui a donné son nom, à la holding actuelle pesant… 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 1 400 salariés, cinquante années se sont écoulées… Il y a dix ans, le groupe ne dépassait pas 30 millions d’euros !

La famille Abitbol cultive la légendaire discrétion lyonnaise, mais le fait est avéré : Lyon recèle en son sein le premier voyagiste de France, « Marietton Développement » et c’est une société tricolore qui tient le haut du pavé touristique.

Dix-huit rachats en dix ans

Un groupe qui s’est développé par rachats successifs : Aérosun, Auchan Voyages, etc. « Nous avons acheté 18 entreprises en dix ans et les 18 ont été rentables », lance-t-il avec un sourire gourmand.

Le dernier rachat en date, celui d’Havas Voyages a fait basculer Marietton dans le panthéon des grands voyagistes, devançant même l’Allemand TUI qui dans le passé a par exemple repris « Nouvelles Frontières ».

Quelle est donc la martingale du Pdg de Marietton, Laurent Abitbol qui a fait de la petite boutique familiale, le numéro un français du tourisme, avec 8 % du marché, malgré tous les remous qu’a traversé le secteur ces dernières années ?

Il explique : « Je n’ai jamais supprimé une marque que j’ai rachetée. Elles sont toutes encore là et nous avons su toutes les développer, même si bien sûr, nous avons fait des économies sur les frais de gestion, le back office. »

Le touriste est en effet attaché à son enseigne et les supprimer, ce que certains géants du tourisme ont pu faire dans le passé, c’est, en fait, les tuer à petit feu.

La bascule Havas

 Il est vrai que Laurent Abitbol a acquis son fleuron, la marque française la plus connue en matière de tourisme en reprenant, non sans appréhension et « au feeling », explique-t-il, Havas Voyages, deux fois plus gros que lui, en pleine période d’attentats et de crise touristique-on était en 2015-, alors que plus personne n’en voulait. Banco !

Autre intuition profonde de Laurent Abitbol qui dans la profession passe pour être visionnaire : alors que certains voyagistes ont délaissé les agences en dur pour le Web, lui croit toujours et plus que jamais aux « agences » où des professionnels pointus accueillent les clients.

Il constate : « confrontés à une offre pléthorique sur le Web, les clients sont noyés, ils ont plus que jamais besoin de conseils ».

La deuxième recette du système Marietton est de jouer la synergie Web/plateaux téléphoniques avec les agences en dur : le client qui téléphone ou qui recherche un voyage sur la Toile est systématiquement renvoyé à l’agence du groupe la plus proche.

Et il y a en général toujours une pas loin : le groupe en compte 458 en France. Des pépites selon lui. Ce qui va l’amener à investir millions d’euros à leur rénovation : « Toutes vont être refaites », assure-t-il.

Marietton, qui a encore racheté cette année les activités de voyages d’affaires de Fram, l’agence de voyages de l’Olympique lyonnais, ainsi que le réseau Celtéa Voyages dans l’Ouest de la France, n’est toujours pas rassasié : il entend poursuivre son maillage d’agences en France.

D’autres rachats annoncés pour 2018

« En 2018, nous allons racheter d’autres entreprises, c’est sûr. Il nous faut encore une soixantaine d’agences. Ce sera le cas l’an prochain« , assure Laurent Abitbol. 

Aucune crainte côté finances : « Nous n’avons pas de problème d’argent pour mener ces acquisitions. Nos actionnaires nous suivent », assure-t-il crânement. Parmi ceux-ci, la Banque Rothschild, le Lyonnais Siparex, ainsi que le Crédit Agricole qui le suivent sous sourciller.

L’objectif affiché : « atteindre les deux milliards d’euros de volume d’affaires dans les trois ans… »

Pour y parvenir, l’Hexagone devenant trop étroit, le groupe Marietton va traverser les frontières françaises en s’intéressant, pour commencer à l’Europe francophone.

 En ligne de mire : la Suisse, la Belgique et le Luxembourg. La première agence sous l’enseigne Havas Voyage devrait voir le jour dès l’année prochaine à Genève.

 Une question : le pragmatisme et le modèle Marietton va-t-il aussi bien fonctionner à l’international qu’en France ?