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Le premier sommet européen du robot à Lyon : réussite sur toute la ligne

Prenant de gros risques, Bruno Bonnell, le président de Syrobo, syndicat professionnel français de la robotique, avait tout fait pour que la toute première manifestation internationale concernant ce secteur, ait lieu à Lyon et non pas à Paris ou Berlin. Si Rhône-Alpes veut devenir une région phare en matière de robotique, véritable industrie de l’avenir qui pourrait bien connaître le même développement que l’Internet, il était important que cette première édition soit une réussite. Avec 80 exposants, près de 5 000 visiteurs professionnels et la présence d’une importante délégation coréenne, ce fut incontestablement le cas. Les élus se sont aussi bousculés pour appuyer l’initiative, ainsi que le représentant du ministère de la Recherche. Reste désormais à faire de la robotique une véritable industrie en France et non pas essentiellement en Asie. Et pourquoi pas un cluster régional, s’interroge le patron de Robopolis ?

Rarement premier salon n’aura été autant médiatisé. Se déployant du 23 au 25 mars, sur une superficie relativement restreinte de la Cité internationale à Lyon, accueillant moins d’une centaine d’exposants (80, très précisément), il a pourtant « cartonné » dans les médias. Qu’ils soient télévisuels (« Je ne savais pas où installer les équipes de TV, tant elles étaient nombreuses », explique avec un large sourire Cécile Sornay, chargée de la communication du salon), ou écrits, comme Le Monde ou le Nouvel Observateur par exemple.

Il est vrai que ce salon, Innorobo, intitulé « Sommet européen de la robotique », avait tout pour attirer la lumière des projecteurs. Il a permis de mettre en scène une centaine de robots : les humanoïdes Nao, de la société française Aldevaran Robotic, en passant par ceux de la firme iRobot, similaires à ceux envoyés sur la centrale nucléaire de Fukushima, en passant par des robots aquatiques qui se meuvent dans une piscine comme de véritables poissons ou les drones domestiques de la firme Parrot, dotés d’une caméra et que l’on peut faire évoluer à partir de son iPhone ; ou encore l’adorable Pleo distribué par Robopolis, un jeune dinosaure robot apprenant au fil du temps à vivre parmi les humains…

Innorobo fut un salon très ludique qui aurait ravi les jeunes et moins jeunes, mais basta : il était uniquement réservé aux professionnels. Les Coréens de CAR, l’association qui regroupe les entreprises coréennes de robotique, étaient venus en nombre. Et pas pour amuser la galerie. Les rencontres d’affaires ont fait le plein. Et concrétisation de ce salon réussi, un mémorandum officiel est en cours de signature entre la France et la Corée, afin de mettre en place des partenariats dans le domaine de la robotique.

Il a fallu repousser les murs pour installer des exposants de dernière minute. Ils ne l’ont pas regretté : les travées étaient remplies : l’objectif de près de 5 000 visiteurs a été atteint. Forums et conférences ont, de leur côté, fait le plein.

Bref, l’arrivée de la robotique dans la planète Rhône-Alpes a été remarquée. Et notamment par les hommes politiques qui se sont bousculés à l’inauguration du salon. Qu’il s’agisse de Gérard Collomb qui verrait bien se développer une industrie de la robotique à Lyon-Vaise ou de Jean-Jack Queyranne, président de la région pour qui la robotique « constitue une opportunité très forte de nous positionner sur de nouveaux marchés ». Et de lancer à Bruno Bonnell : « La Région sera à vos côtés ! »

Renaud Stephan, le délégué général de l’innovation au Ministère de la Recherche était lui aussi présent à l’inauguration, regrettant que « la robotique soit encore discrète en France », mais ajoutant : « Nous devons, nous aussi, développer des robots. »

Ce salon a aussi permis de prendre conscience que la robotique personnelle pourrait bien être promise au même avenir que le fut l’Internet : même si certains scientifiques les trouvent trop optimistes, certaines études estiment le marché de la robotique personnelle à 85 milliards de dollars à l’horizon 2018 (…contre 3,3, en 2008). L’Europe-grâce à l’Allemagne- pèse tout de même 33 % de la robotique mondiale contre 17 % aux USA, mais 50 % en Asie.

L’Hexagone ne possède pour l’heure en matière robotique qu’une centaine d’entreprises. Il n’existe pas encore de formation dédiée. Tout reste à faire. Mais tout est là, puisque dans la seule région Rhône-Alpes, toutes les compétences nécessaires à la robotique (mécanique, plasturgie, informatique, logiciels, design, etc), sont présents. A la tribune, Bruno Bonnell rêva tout haut à la création en Rhône-Alpes d’un cluster robotique. Et l’on sait que cet homme est capable de soulever des montagnes…

Photo (DL) : Une inauguration (en présence, notamment de Gérard Collomb et de Jean-Jack Queyranne), assistés, bien évidemment, d’humanoïdes…