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Le retour en grâce des Coteaux du Lyonnais

Depuis deux/trois ans, le phénomène est en train de s’inverser. D’appellation en voie de marginalisation, composée de seulement vingt-deux viticulteurs et une coopérative, les Coteaux du Lyonnais qui voyaient les surfaces plantées diminuer et leur image rester floue, sont en train de devenir à nouveau une terre d’accueil. Tirée par une nouvelle génération de vignerons qui a nettement haussé son niveau de qualité, l’appellation attire à nouveau. De nouveaux jeunes s’installent. Ça commence à se savoir. Entretien avec un de ses portes-drapeaux, Régis Descotes dont le domaine est basé à Millery, une des chevilles ouvrières du vignoble et ancien président du syndicat de l’appellation.

Comme le vignoble de Côte Rôtie ou de Condrieu, par exemple, les Coteaux du Lyonnais ont 2 000 ans d’histoire derrière eux. Pourquoi cette appellation n’a-t-elle pas une image aussi forte que ces deux dernières ?

Régis Descotes-Pourquoi ? Parce que d’abord nous sommes petits. Si l’aire de d’appellation s’étend sur…7 000 hectares, 350 ha seulement sont actuellement plantés. Ce qui nous laisse de la marge !

 Nous ne sommes que vingt-deux viticulteurs et une coopérative, ce qui de facto ne représente pas des volumes très importants.

 Et enfin, parce que nous sommes une appellation récente. Il a fallu attendre 1984 pour voir signé le décret de création !

Pourquoi ?

C’est vrai que comme les appellations des Côtes-du-Rhône septentrionales, les Coteaux du Lyonnais étaient très étendus, dans leur prolongement d’ailleurs. On y retrouvait les mêmes cépages.

 Puis il y a eu le phylloxera, et ensuite la saignée de la Grande Guerre. Mais l’appellation n’a commencé à s’en remettre qu’après la Seconde Guerre Mondiale, sous l’impulsion d’une poignée de viticulteurs. Cela a pris du temps, beaucoup de temps : nous avons été classé VDQS (Vin Délimité de Qualité Supérieure) en 1952. Les demandes pour devenir une appellation à part entière sont elles, parties en… 1972.

 Le problème est peut-être aussi dû au fait que nous sommes rattachés à la Bourgogne avec le gamay et le chardonnay comme principaux cépages et donc quelque peu coincés entre deux prestigieux vignobles.

 Mais désormais, les Coteaux du Lyonnais sont en train de relever la tête. Une nouvelle génération de viticulteurs a nettement haussé le niveau de qualité comme on peut le constater lors des dégustations que vous organisez à Lyon… ?

 Oui, notre positionnement est bien celui là : nous nous affichons comme les vins de Lyon, ce qui avait été quelque peu oublié. Les Lyonnais, mais aussi les cavistes sont en train de nous redécouvrir.

L’image de l’appellation est donc en train de changer ?

 Oui et c’est heureux. Ces dernières années, on comptait plus de viticulteurs qui mettaient la clef sous la porte que de viticulteurs qui s’installaient. La superficie ne cessait de diminuer. Mais depuis deux à trois ans, le phénomène est en train de s’inverser. De nouveaux jeunes arrivent, achètent des terrains en zone d’appellation : les terres à planter ne manquent pas et surtout elles sont qualitatives et pas chères du tout. C’est ainsi qu’un certain nombre de jeunes tentent l’aventure de la reconversion professionnelle.

 Vous êtes aussi une terre d’expérimentation.. ?

Au-delà du gamay noir à jus blanc, du chardonnay et de l’aligoté, les trois cépages de l’appellation ; un certain nombre d’entre nous, dont je fait partie, tentent d’autres cépages comme la syrah ou la roussanne, voire d’autres encore, en ligne avec nos racines historique. Cela crée un émulation.

Quels objectifs pour l’avenir ?

 Nous voulons continuer à développer notre image et la notoriété de notre vignoble et assurer la pérennité de ceux qui viennent de nous rejoindre et croient dans ce renouveau qui passe par la diversité.

 Nous avons encore à progresser, nous nous y attelons, mais nous sommes sur la bonne voie !