Toute l’actualité Lyon Entreprises

Les atypiques créateurs du fonds lyonnais Solexia rachètent une fabrique de saucissons rhodanienne

Hervé Kratiroff et Eric Versini font à nouveau leur marché dans l’agroalimentaire en rachetant les salaisons Chillet situées dans les Monts-du-Lyonnais. Et envisagent de dupliquer à New York leur concept lyonnais de « Burgundy Lounge ».

On pourrait croire, que vu leur âge, Hervé Kratiroff et Eric Versini, les deux jeunes investisseurs lyonnais, créateurs du fonds indépendant Solexia investiraient leur argent dans les nouvelles technologies, celles du Web ou celles des Biotechs.

 Eh bien pas du tout ! Leur dernier investissement en date concerne une fabrique centenaire de saucissons installée à Saint-Symphorien-sur-Coise dans les Mont-du-Lyonnais à une altitude propice à la maturation des salaisons sèches : les établissements Chillet. Une PME de 46 salariés qui a affiché 7,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013.

Ils sont déjà à la tête d’une autre société de salaison, Vey, installée près du Puy-en-Velay en Auvergne (46 salariés, 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires). Précédemment, ils avaient opéré leur première incursion hors des frontières hexagonales en reprenant Max Poulet, une société qui distribue des poulets rôtis dans les différents cantons suisses( 25 salariés, 4,7 millions d’euros de chiffre d’affaires). « Pas facile pour des Français, de faire des affaires en Suisse », reconnaissent-ils, un an après ce rachat.

Un marché de niche

 Une folie de vouloir acquérir une nouvelle entreprise spécialisée dans les saucissons, à l’heure où le marché de la salaison, victime de son image de produit mauvais pour la ligne, pique du nez ?

 « Pas du tout-assure Hervé Kratiroff-le marché de la salaison artisanale se porte bien : ce sont les salaisons industrielles qui sont en phase de décroissance. »

Et de poursuivre : « En rachetant Chillet, nous nous installons au contraire sur un marché de niche prometteur. »

 Chillet qui commercialise 20 tonnes de saucisson par semaine est installée sur la niche de la salaison moyen et haut-de-gamme et et donc complémentaires de l’autre entreprise de salaisons appartenant au groupe, Vey, acquise en 2008.

« Les atouts de salaisons Chillet reposent sur le choix des viandes et des lards de qualité, sur un assaisonnement d’épices naturelles et sur un séchage/affinage lent. Enfin, particularité, les saucissons sont bridés à la main », précise Hervé Kratiroff, président du groupe.

 Pour les deux créateurs du fonds Solexia, ce rachat, « va nous permettre de mettre en synergie les deux entreprises qui conserveront chacune leur nom et leur personnalité. »

 Pas de site Web, ni de participations aux concours agricoles…

 Il est vrai que Chillet dont l’ancien Pdg et propriétaire, Jean-Pierre Chillet, petit-fils du créateur restera à la tête de l’entreprise « le temps qu’il voudra », possède encore du potentiel en termes de commercialisation : cette PME ne possède pas de site Web (!) et, malgré son positionnement et la qualité de ses produits, elle ne participe à aucun concours agricole.

 Deux lacunes qu’Hervé Kratiroff et Eric Versini entendent bien combler le plus rapidement possible.

Leur difficile incursion suisse avec la rachat de Max Poulet dont le chiffre d’affaires a reculé de 5 % ne les a pas échaudés. Ils n’ont pourtant pas lésiné sur les efforts commerciaux dont une application Smartphone. Ils continuent  donc de regarder vers l’international.

Pas pour développer à l’export une des entreprises qu’ils ont achetées, mais pour le seul concept qu’ils aient créé ex-nihilo : le « Burgundy Lounge ».

 Le Burgundy Lounge lyonnais sera dupliqué à New York

 Il fallait en effet oser : ils ont créé à Lyon un bar à vins/restaurant où on ne déguste que des vins de Bourgogne ; et ce,  dans une ville où les Côtes-du-Rhône  sont omniprésents.

Bingo ! Grâce à un bon rapport qualité/prix et un excellent chef, le concept plaît. A telle enseigne que créé en début d’année 2014, le « Burgundy Lounge » arrive sur le site « Trip Advisor », en tête des 2 400 restaurants de l’agglomération lyonnaise.. !

Le Burgundy Lounge à Lyon : le concept va être dupliqué aux Etats-Unis (photo DR)

Un succès pas seulement dû à la clientèle lyonnaise, mais surtout à celle, internationale, vu les commentaires enthousiastes émanant de touristes australiens ou asiatiques. Et çà, TripAdvisor aime beaucoup…

 Ce succès a donné des ailes au duo lyonnais qui a décidé d’exporter le concept. Rapidement. « Nous travaillons à une implantation aux USA. Sans doute à New York pour commencer. Pas en franchise : le Burgundy Lounge, c’est notre culture, nous voulons pouvoir maîtriser son développement de A à Z », précise Eric Versini, directeur général de Solexia.

 La philosophie du duo d’investisseurs lyonnais : « Nous ne nous intéressons qu’aux affaires simples dont nous comprenons le produit et dont nous pouvons développer la commercialisation »…

 Efficace, assurément. Créé en 2005, Solexia rassemble à ce jour neuf sociétés, 232 salariés et a réalisé l’année dernière 42 millions d’euros de chiffre d’affaires.