Marc Boissieux, de MasterChef à l’InaTTendu

Marc Boissieux, quel est le rapport entre le métier d’infirmier et celui de chef de cuisine ?

C’est une autre façon de prendre soin des gens. Avant, je prenais soin de mes patients médicalement parlant. Aujourd’hui, j’en prends soin culinairement en leur donnant du plaisir durant une heure et demie, le temps d’un bon repas à l’InatTTendu.

 Lorsque vous faisiez des piqûres dans le Beaujolais, imaginiez-vous un jour exercer ce métier de restaurateur ?

C’était un vieux rêve de monter un petit restaurant avant la retraite. Tout s’est précipité avec la victoire dans MasterChef. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir faire de ma passion un métier à part entière.

 Petit, aviez-vous des prédispositions à faire ce métier ?

Oui, dans la mesure où ma maman, pied noir du Maroc, cuisinait beaucoup. Il y avait toujours du monde à la maison autour de la kémia. On lui donnait la main. Plus tard, à l’adolescence, quand mes parents partaient en week-end, j’invitais mes amis et il n’était pas question d’ouvrir une boîte de conserve. J’avais 15 ou 16 ans quand j’ai préparé mon premier bœuf bourguignon, ma première blanquette ! Pour moi, manger a toujours été considéré comme un plaisir, pas une nécessité. J’adore faire à manger pour les autres. Cela dit, honnêtement, je ne pensais pas à l’époque faire de la cuisine mon métier. Ce sont les surprises de la vie !

 Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune qui veut suivre vos traces ?

La cuisine ne s’improvise pas. Elle s’apprend. Comme pour le solfège, il faut suivre une formation, apprendre les bases de la cuisine, faire des stages chez les chefs, les grands comme les petits chefs de quartier. Après avoir gagné MasterChef, j’ai suivi deux ans de formation dont six mois chez Lenôtre. Quand je me suis senti près, j’ai fait le grand saut en ouvrant mon propre restaurant. Cette formation préalable est indispensable.

 Quels sont les produits que vous préférez travailler ?

Les produits de la mer, notamment les crustacés et les fruits de mer. Couteaux, langoustines, moules, coques… En matière de viande, j’ai une attirance pour l’agneau. J’adore aussi travailler les légumes, même si cela demande beaucoup de mise en place en cuisine.

 Un légume de prédilection ?

L’aubergine et la tomate. Plutôt des légumes d’été.

 Votre plat signature ?

Le tataki de bœuf, cervelle de canut, légumes croquants et citron vert au wasabi. Un plat que j’ai conçu et assemblé de A à Z, ce qui est rare. Cela correspond bien à mon parcours, celle d’un passionné de cuisine lyonnais, d’où la cervelle de canut, qui aime trouver son inspiration sous d’autres latitudes, en l’occurrence pour ce plat la cuisine asiatique. D’où le tataki, le wasabi et le citron vert…

 Pourquoi avoir choisi le sixième arrondissement comme première implantation ?

C’était déjà un rêve d’ouvrir un restaurant à Lyon intra muros. Une vraie fierté. Je suis Lyonnais, je suis né ici, dans la capitale de la gastronomie. Cela me paraissait comme une évidence. Quant au sixième, je pense qu’il est en train de s’imposer comme le quartier de la gastronomie à Lyon. Aucun autre arrondissement ne regroupe autant d’étoilés. Il y a plein de beaux bistrots, de jeunes chefs talentueux qui viennent s’y installer. Il a de la place pour tout le monde, avec beaucoup de déjeuners d’affaires le midi et une belle clientèle le soir.

 Avez-vous le sentiment de vivre un rêve ou est-ce la simple continuité d’une histoire simple ?

Depuis deux ans, je vis un rêve, même si j’estime m’être donné les moyens de le réaliser. Je fais de belles rencontres, je côtoie des professionnels de talent, je vis au quotidien de ma passion. Maintenant, il faut que ce rêve perdure. Je vais m’y employer…

 L’InaTTenu

95, rue Bossuet 69006 Lyon

Tel. 04 37 24 13 44

Ouvert lundi à midi, et du mardi au vendredi, midi et soir

Menus déjeuner à 16,50 € (deux plats) et 19,50 € (trois plats).

Menus dîner à 31 € et 45 €