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Ouverture du Lyon-Dubaï à Saint Exupéry : envol plutôt réussi

L’enjeu est très important pour l’avenir de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. La nouvelle ligne long courrier, Lyon-Dubaï a décollé le 5 décembre de l’aéroport pour se poser six heures plus tard sur la piste de l’un des sept membres des Emirats Arabes Unis : Dubaï. Le lancement de cette nouvelle liaison est scruté de près : les premières réservations sont de bon augure, y compris pour le fret. Mais il faudra tenir la distance…

Trois échecs successifs sur la liaison long-courrier Lyon-New York sur laquelle tablait dans le passé beaucoup l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, ça laisse des traces et suscite quelques angoisses… lorsque l’expérience est renouvelée.

 À la différence près qu’il ne s’agit pas cette fois d’une « route » en direction de l’Atlantique Nord, mais d’une liaison opérée vers les pays du Golfe, en l’occurrence l’un des sept émirats des Emirats Arabes Unis : Dubaï. La compagnie Emirates a ouvert, mercredi 5 octobre sa nouvelle liaison Lyon Dubaï, à raison de cinq aller-et-retour par semaine, opérée par un Airbus A 340-500 de 268 sièges (204 en classe économique, 42, en classe affaires et 12 mini-suites privatives en 1ère classe).

 La réussite ou non de cette nouvelle liaison long-courrier est importante pour son avenir. A-t-il les ailes suffisamment solides pour développer-enfin !- des liaisons long courrier ? C’est la raison pour laquelle les réservations des premiers vols sont scrutées à la loupe.

 Malgré le lancement-en fanfare- en plein mois de décembre de cette ligne, ce qui n’apparaît pas comme étant la meilleure période , les premiers chiffres sont plutôt encourageants. Le taux de remplissage du premier vol était de 84 %. La classe économique était complète, la classe affaires et la 1ère classe, ces sièges à haute contribution nécessaires pour l’équilibre économique de la liaison, affichaient un taux de remplissage de 40 %.

 Les réservations déjà enregistrées sur les prochains vols s’établissent à 73 %, « ce qui est plutôt encourageant », reconnaît un responsable marketing d’Emirates .

 Les entreprises démarchées

 Il va désormais falloir qu’Emirates tienne la distance pour atteindre le taux de remplissage escompté dans un premier temps : 70 %. Pour ce faire, trois commerciaux font le tour des « travel managers » des grandes entreprises, prescripteurs des vols de leurs cadres, mais vont aussi frapper aux portes des nombreuses PME exportatrices de Rhône-Alpes et régions avoisinantes.

 L’une des clefs du succès de cette nouvelle ligne dépendra de la capacité des cadres export et des dirigeants d’entreprises à délaisser les hubs de Paris, Francfort, ou Heathrow pour se reporter sur celui de Dubaï, à six heures de vol.

 L’une des raisons de l’échec des précédents vols Lyon-New York tenait aux programmes de fidélité qui permettent à des cadres voyageant beaucoup d’emmener, grâce aux miles récoltés, leur petite famille gracieusement vers des destinations touristiques plus ou moins proches. Beaucoup avaient alors préféré conserver leur compagnie habituelle pour bénéficier desdits programmes de fidélité.

 Emirates a, à cet égard, trouvé la parade : la compagnie du Golfe a signé un accord avec EasyJet. Les miles engrangés sur la compagnie du Golfe permettent à leurs utilisateurs de voler partout en Europe, de Venise à Séville, en passant par Rome ou Berlin, sur l’ensemble du réseau de la compagnie aérienne low-cost.

 Reste que pour Thierry Antinori, un Français, vice-président exécutif d’Emirates, le véritable attrait de cette nouvelle liaison pour les entreprises est celui des possibilités offertes à partir de l’aéroport de Dubaï : 126 correspondances possibles, un chiffre qui s’accroît chaque année : quatorze nouvelles pour la seule année 2012.

 L’une des plus plus importantes flottes long courrier au monde

 Emirates possède désormais l’une des plus importantes flottes long courrier au monde (dont 28 A 380 en service…et 62 en commande)) : il est vrai qu’elle est devenue, non pas une compagnie nationale, mais mondiale, tissant avant tout sa toile sur les cinq continents, avec notamment une forte présence dans les deux pays émergents phares : la Chine et l’Inde.

 Le succès de cette ligne dépendra aussi de son attrait pour les tours opérateurs rhônalpins spécialisés dans le tourisme. Manifestement, les correspondances qui les intéressent déjà à partir de Dubaï est l’Océan indien : l’Ile Maurice, les Maldives et les Seychelles. Un tiers des premiers utilisateurs de la ligne ont Dubaï même, pour destination, les deux-tiers restants utilisent cette ligne pour poursuivre vers d’autres aéroports en utilisant le hub dubaïote.

 Dernier paramètre enfin à prendre en compte pour évaluer l’avenir de cette nouvelle liaison : les perspectives économiques. Il faut savoir qu’un grand projet qui avait fait couler beaucoup d’encre : la création d’une zone d’activités très importante, « Little Lyon » (800 ha), menée à l’instigation d’un promoteur du pays, est tombée à l’eau suite à la crise financière.

 Selon le représentant de la chambre de commerce France-Dubaï, 600 entreprises françaises sont installées dans l’émirat.

Après avoir été sérieusement « sonnée » par la crise qui a paralysé son secteur immobilier, Dubaï renoue depuis peu avec les gros projets d’investissements. Parmi les derniers en date, figure un centre commercial qui veut s’afficher comme le futur plus grand au monde, ainsi qu’un nouveau centre de loisirs.

 Une ville nouvelle devrait aussi voir le jour : Cité Mohamed Ben Rached, prévue sur une grande partie du désert de l’émirat, avec un jardin 30 % plus grand que Hyde Park à Londres, ainsi qu’une centaine d’hôtels et un parc à thème Universal Studios.

 Ce dernier projet doit être réalisé par Dubaï Holding, un conglomérat du souverain, et le groupe Emaar, par ailleurs promoteur de Burj Khalifa, la plus haute tour au monde qui trône au centre de la ville : 800 mètres.

 Une agence Emirates à Lyon en février

 Le tourisme et le transport aérien qui représentent à ce jour 30 % du Produit Intérieur Brut du pays enregistrent une croissance annuelle de 13 %, avec un taux d’occupation dans les hôtels de 82 % en 2011, tandis que la croissance du PIB dubaïote était de 4,3 % au cours des six derniers mois.

Vu toutes ses perspectives, les responsables d’Emirates qui emploie déjà à Lyon quinze personnes, sont persuadés que la nouvelle ligne va croître et prospérer. « Nous ne sommes pas à Lyon pour tester une ligne, mais pour rester », affirme Thierry Antinori. Et d’en administrer la preuve : une agence Emirates à destination du public ouvrira ses portes en février dans le quartier de la Part-Dieu.

 Photo (DL)Lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion du lancement de la nouvelle ligne : Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon et vice-président de l’aéroport, Thierry Antinori, vice-président exécutif d’Emirates et Philippe Bernand, directeur de Lyon-Saint Exupéry.