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Piles à combustible : la 1ère ligne de fabrication en Europe sur le point de démarrer à Grenoble

La start-up rhônalpine SymbioFCell basée au Bourget-du-lac est elle bien partie pour devenir un futur grand de l’hydrogène en Europe, cette énergie d’avenir ? Possible.

Toujours est-il que cette société de vingt personnes démarrera d’ici quelques semaines la première ligne de fabrication de piles à combustibles en Europe. Via un « pilote » d’abord, puis avec une ligne de fabrication capable de produire plusieurs centaines, puis plusieurs milliers de piles destinées à mouvoir dans un premier temps des véhicules à gros gabarit, comme les dameuses de pistes dans les Alpes, mais aussi, dans un deuxième, des véhicules légers.

Si les constructeurs automobiles français ont fait le pari de l’hybride ou de la batterie pour leurs voitures peu émettrices de carbone, il n’en est pas de même pour les étrangers.

Mercedes en Allemagne a beaucoup investi dans la pile à combustible et prévoit de produit 100 000 voitures à hydrogène d’ici 2015, de même que la plupart des constructeurs japonais (Honda et Toyota notamment) et coréens (Hyundai et Kia). Selon une étude Mc Kinsey, le prix des piles à combustible devrait progressivement s’aligner sur celui des moteurs thermiques à partir de 2020.

Ce n’est donc pas une filière à négliger, loin s’en faut. Telle est la démarche choisie par une start-up créée en 2010 au Bourget-du-Lac en Savoie, par Fabio Ferrari : SymbioFCell. Avec l’appui des chercheurs du CEA-Liten de Grenoble et de nombreux brevets, elle a décidé de se lancer dans ce nouveau créneau.

Les piles à combustible sont réputées très chères du fait de l’utilisation pour leur fonctionnement du platine, un métal rare. Un des brevets du CEA permet justement de diviser par près de deux l’utilisation dudit platine.

Mais d’abord qu’est-ce qu’une pile à combustible et quel est son intérêt ? Contrairement à la voiture électrique qui doit se recharger, elle permet de produire de l’électricité à partir de l’hydrogène avec l’insigne avantage de ne rejeter que de l’eau.

Son fonctionnement procède d’un simple processus électrochimique. On met d’un côté de l’hydrogène, de l’autre de l’oxygène. Tous deux se rencontrent à travers une membrane produisant des échanges de protons et donc de d’électricité. Il n’y a pas de combustion, et donc pas d’émission de CO2.

Avec un grand avantage par rapport aux batteries : l’autonomie est beaucoup plus grande et le temps de recharge guère plus long que celui que nous connaissons avec l’essence ou le diesel.

SymbioFCell a passé un accord avec l’Allemand Siemens qui disposait depuis 1920 à Grenoble d’une immense usine fabricant notamment des transformateurs haute puissance, en pleine reconversion.

Elle va donc utiliser dès le début de l’année prochaine entre 1 200 et 2 000 m2 de cette usine pour commencer à produire un « pilote » du process de fabrication des piles. Si tout se déroule comme prévu, la fabrication sur une plus large échelle devrait suivre. Plusieurs milliers de piles pourraient ainsi sortir de l’unité grenobloise chaque année, « avec des possibilités importantes d’extension », précise Bertrand Chauvet, directeur marketing et développement de la start-up savoyarde.

A quel prix : « Nous pensons les produire dans un premier temps à un prix de l’ordre de 40 à 50 % plus cher qu’un moteur thermique ».

Il se refuse à chiffrer l’investissement, mais admet qu’il se situe autour de quelques centaines de milliers d’euros.

Même si SymbioFCell est membre de Tenerrdis, le pôle de compétitivité rhônalpin dédié aux énergies nouvelles, il ne s’agit pas d’un projet concocté au sein du Pôle. « Tenerrdis nous accompagne en jouant bien son rôle de mise en réseau », se félicite Bertrand Chauvet.

Il est d’ailleurs intéressant de constater que même si l’on parle peu en France de la filière hydrogène (la pile à combustible en question fait partie de cette famille), un écosystème est néanmoins en train de se créer à Grenoble autour de brevets issus là encore des laboratoires de recherche du CEA.

Autre exemple : une autre grenobloise, McPhy Energy a récemment levé 13,7 millions d’euros pour développer son projet de stockage d’hydrogène sous forme solide.

Une filière est en train de se mettre en place : il se pourrait bien que les batteries ne constituent qu’un stade laissant la place d’ici une ou deux décennies à l’hydrogène qui cumule les avantages.

L’une des premières applications des piles qui seront produites par la start-up va concerner des dameuses de pistes dans les Alpes qui seront approvisionnées par de l’hydrogène produit à même les stations de ski grâce à des cellules photovoltaïque. Une autonomie totale et locale : un rêve pour écolo qui pourrait bientôt devenir réalité.

Photo (DR) : Pile à combustible signée SymbioFCell.