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Pour 450 millions de dollars, bioMérieux acquiert une pépite au pays des Mormons

BioFire : tel est le nom de la nouvelle acquisition du spécialiste lyonnais des diagnostics médicaux, bioMérieux. Cette entreprise a mis au point une technologie extrêmement performante qui permet de diagnostiquer en une heure, un virus ou une bactérie responsable d’une infection. Cette société de 500 salariés basée à Salt-Lake-City dans l’Utah va permettre de compléter très solidement la gamme de la société créée par la famille Mérieux.

L’Utah est un des états américains qui connaît actuellement la croissance la plus rapide. Le chômage y est quasi-inconnu. Grâce au tapis rouge déroulé aux chefs d’entreprises (dont un taux d’imposition faible et des droits syndicaux bien encadrés), les entreprises les plus performantes s’y installent.

Rien d’étonnant donc si c’est à Salt-Lake-City, la capitale de cet état créé par les Mormons que la société lyonnaise bioMérieux est allée chercher sa dernière acquisition en date : BioFire.

Cinq cents salariés

Cette société créée il y a vingt ans constitue une acquisition de poids. Non seulement du fait de l’importance de son effectif : cinq cents salariés et 70 millions de dollars de chiffre d’affaires pour une perte qui devrait s’établir cette année à 7 millions de dollars. Mais aussi et surtout par sa technologie de pointe, révolutionnaire dans le monde du diagnostic.

La société BioFire a mis au point une technologie baptisée « FilmArray » qui ringardise les autres technologies utilisées.

Elle permet, en une heure seulement de détecter très précisément le virus ou la bactérie responsables d’une infection.

Le moyen utilisé passe par une identification de leurs gènes. Le rêve de tout service d’urgence d’hôpital pour qui chaque minute gagnée sur l’infection peut être cruciale.

Cette technologie est d’ores et déjà opérationnelle en Europe. Le premier kit de diagnostic commercialisé par BioFire permet de tester en une seule fois vingt cibles virales et bactériennes impliquées dans les pathologies respiratoires. Elle bénéficie déjà de l’autorisation de la FDA américaine (Food and Drug Administration, le contrôleur US en matière médicale), mais aussi du marquage CE (Communauté Européenne).

Une économie en perspective pour les hôpitaux

Elle devrait être plébiscitée par les hôpitaux, leur permettant de surcroît de réaliser des économies. « Avec une facilité d’utilisation inégalée, ce système permet aux hôpitaux de réaliser plus simplement au sein de leurs propres laboratoires les tests de biologie moléculaires, renforçant l’efficacité médicale et économique du diagnostic », se félicite-t-on chez bioMérieux.

Gros intérêt aussi pour bioMérieux, s’appuyant la même technologie, les équipes de BioFire sont en train de travailler sur des diagnostics destinés à détecter les agents à l’origine des infections généralisées, des infections gastro-intestinales, ainsi que de la méningite.

La complémentarité avec la gamme actuelle de bioMérieux est évidente : cette dernière permet d’identifier les agents pathogènes, mais ni en un seul test, ni dans des délais aussi brefs.

En revanche, les automates mis au point par bioMérieux réalisent les antibiogrammes : ils fournissent les informations sur les éventuelles résistances du pathogène aux antibiotiques.

Une acquisition qui coûte plus de six fois son chiffre d’affaires

Jean-Luc Bélingard, Pdg de bioMérieux n’a donc pas hésité. La société qu’il dirige a acquis 100 % du capital de BioFire pour 450 millions de dollars tout en reprenant en bloc la dette de la société. Un coût élevé, mais qui sera financé par endettement : la société lyonnaise bénéficie d’une ligne de crédit de 500 millions d’euros.

L’objectif du patron de bioMérieux est d’élargir de la manière la plus large possible le portefeuille de pathogènes de BioFire : il en vise soixante-dix à l’horizon 2016 ! Un lourd investissement qui pèsera dans un premier temps sur les résultats de bioMérieux, mais qui permettra à la société lyonnaise d’accentuer son leadership dans son domaine : les diagnostics en microbiologie, c’est-à-dire l’identification des maladies infectieuses.

Pour le Pdg de bioMérieux, pas de doute : « Le développement rapide de BioFire à travers un plan ambitieux, va constituer un moteur important de croissance pour notre groupe. »

Certes, cette nouvelle acquisition payée plus de six fois son chiffre d’affaires apparaît chère, mais sa technologie révolutionnaire devrait offrir à terme au groupe lyonnais, dont les chiffres d’affaires et le résultat opérationnels sont restés stables au premier semestre (*), un relais de croissance.

(*) Respectivement 754,2 et 123,8 millions d’euros.

Photo (Biofire)-Illustration de la technologie FilmArray de la société américaine  acquise par bioMérieux.