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Pour Hervé Mader, d’Adyal : « L’immobilier d’entreprise à Lyon : une bombe à retardement »

 Hervé Mader, directeur régional d’Adyal Rhône-Alpes n’utilise pas un langage feutré. Il entend appuyer là où ça fait mal.

 « Le Grand Lyon et plus largement la région Rhône-Alpes n’échappent pas au constat que nous effectuons dans la plupart des grandes agglomérations françaises : l’immobilier d’entreprise constitue aujourd’hui une bombe à retardement pour ses propriétaires », lance-t-il.

 « Un marché de bureaux en train de dangereusement se dissocier »

 Responsable de la délégation régionale d’Adyal dont le siège est basé à Lyon et qui gère via « des méthodes de gestion globale » près de 860 000 mètres carrés de bureaux en Rhône-Alpes, Bourgogne, Auvergne et Franche-Comté, il estime que le marché de l’immobilier de bureaux est en train de se dissocier dangereusement.

 « Le marché est aujourd’hui scindé entre d’un côté des bâtiments neuf de type BBC (ndlr : Bâtiment Basse Consommation) dans lesquels les normes de la consommation d’énergie sont plafonnées à 50 kWh par an et par m2 ; et de l’autre, un parc existant où cette moyenne se situe à 440 kWh/m2. ! », assure-t-il.

 On le sait, les normes et les réglementations environnementales se sont considérablement durcies ces dernières années dans le sillage du ou plutôt des « Grenelles de l’Environnement », avec l’obligation de réaliser dans l’ancien, des travaux d’amélioration de la performance énergétique d’ici 2020. Et ce, pour un coût estimé, au niveau national entre…60 et 80 milliards d’euros…

 Un coût qui ne sera pas supporté par l’Etat, de plus en plus impécunieux. C’est donc aux propriétaires et aux locataires de payer l’addition, sachant pour ces derniers qu’il existe un retour sur investissement : une baisse sensible après travaux de leur facture énergétique.

 200 000 m2 aux normes environnementales annoncées ces deux prochaines années

 Pour Hervé Mader, la conséquence de cette situation ne fait pas un pli : « Le risque est grand de voir les biens qui n’auront pas été mis à niveau être désertés au profit des plus récents. »

 D’autant que le marché de l’agglomération lyonnaise est en pleine ébullition : « Au cours des deux années à venir, près de 200 000 m2 de bureaux neufs pour lesquels des permis de construire ont été déposés, vont être construits. »

 Cette situation comporte pour lui un vrai risque pour ceux qui n’auraient pas investi : « le risque, c’est celui de la relégation pour les immeubles de plus de dix ans. » Et d’enfoncer le clou : « Dans ce contexte, les propriétaires de tels actifs risquent de voir leurs biens doublement exclus du marché : non louables et non vendables car en forte perte de valeur… »

 La situation ainsi décrite ne concerne pas la plupart des grands groupes spécialisés dans l’immobilier de bureaux, mais les très nombreux petites propriétaires que l’on retrouve à Lyon et dans la périphérie lyonnaise : à Ecully, Bron, Saint-Fons, etc.

 Si quelques rares immeubles ne sont pas encore aux normes dans le quartier d’affaires de la Part-Dieu, ce n’est pas le cas dans d’autres arrondissements lyonnais et dans de nombreuses communes de l’agglomération où l’obsolescence guette un certain nombre de parcs.

 A l’instar des professionnels avertis, Adyal qui gére près de 12 % du parc de bureaux dans le Grand Lyon, entend tirer le signal d’alarme. Mais en l’occurrence, nécessité ne fera-t-elle pas loi ? A suivre…

 Illustration-L‘immeuble Le Naurouze datant de 1990, appartenant à la Maif dans le Grand Lyon et récemment réhabilité par Adyal : un investissement de 1,3 million d’euros. Suite aux travaux, le taux d’occupation qui plafonnait à 75 % est remonté à 92 %.