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Pour l’association de contribuables Canol, la création du Nouveau Rhône « est une hérésie financière »

Les membres de l’association de contribuables du Rhône (Canol*) se sont plongés dans les comptes du nouveau département du Rhône. Bilan : « il a vu ses dépenses considérablement augmenter. » Normal : «  La gestion d’un territoire rural coûte forcément plus cher que celle d’une zone densément peuplée. Il ne peut donc survivre qu’avec l’assistance de la Métropole ». Et de décrire un avenir pas forcément rose.

L’association de contribuables Canol a épluché le premier compte administratif du Nouveau Rhône, suite à sa séparation d’avec la Métropole.

 Avec à la clef, une comparaison de l’évolution des dépenses et des recettes pour les habitants de ce territoire.

 Canol remarque d’abord que «  l’administration départementale doit désormais gérer un territoire plus petit dont la zone la plus dense a été extraite de l’ancien département du Rhône. Une réduction de 75 % de la population, 1 744 000 habitants à 437 000, génère obligatoirement une efficacité moindre, donc des coûts supplémentaires et un coût par habitant plus élevé ! »

 Ainsi, les recettes de fonctionnement qui étaient de 1, 45 milliard d’euros en 2014 sont tombées à 446 millions d’euros en 2015.

 Mais de préciser qu’elles «  ont augmenté de 13,9 % par habitant, passant de 958 euros à 1 090 euros ». A savoir par ailleurs que cette augmentation tient compte des 75 millions d’euros (171 €/hab.) versés par la Métropole. »  

 En outre, les bases de taxe foncière sont en moyenne 32,5 % plus élevées dans le Grand Lyon que dans le reste du département.

 Les recettes fiscales ont baissé de 10 %

 Et plus globalement, l’ensemble des recettes fiscales a baissé de 10,1 % (-66 euros/hab.).

 Mais parallèlement, les dépenses de fonctionnement ont augmenté, elles, de 22,4 %, passant de 832 à 1 018 euros par habitant ; et pour le personnel, de 47,6 % (+59 €/hab.)

 Michel Vergnaud, le rédacteur de cette étude et président de Canol précise : « Nous avons regardé comment elles augmentaient en net pour chacun des domaines couverts par le département : les dépenses d’administration générale, hors produits exceptionnels, ont augmenté de 62 % (+ 43 €/hab.) ! ; les dépenses de transport sont, elles, passées de 40 à 146 euros par habitant. »

 D’où ce commentaire : «  Il n’est pas étonnant que l’équipe actuelle cherche par tous les moyens à les réduire ! » 

 Dans le même temps, ajoute-t-il : «  les dépenses sociales, de loin les plus importantes, ont diminué de 54 €/hab., passant de 400 à 346 €/hab. A l’inverse, nous avons constaté qu’elles étaient sensiblement plus élevées à la Métropole (457 €), les besoins en aides sociales semblant inférieurs en zones rurales. »

 « Il ne reste plus que 4 euros par habitant pour les investissements »

 Au bilan, « après remboursement des annuités d’emprunts, il ne reste plus que 4 € par habitant pour les investissements ! »

 La dette a tout simplement doublé : « du fait de la scission avec la Métropole, la dette dévolue au Nouveau Rhône a presque doublé. Elle est passée de 498 € à 953 € par habitant, sachant que les indemnités à verser pour solder les emprunts toxiques contractés par l’équipe Mercier ne sont pas comprises… »

 Au final, conclusion de Canol : « Le département du Nouveau Rhône, compte tenu de sa taille réduite et de la richesse moindre de sa population et de ses entreprises, voit ses dépenses considérablement augmenter. La gestion d’un territoire rural coûte forcément plus cher que celle d’une zone densément peuplée. Il ne peut donc survivre qu’avec l’assistance de la Métropole. »

 De surcroît, « Les comptes seront grevés chaque année par le remboursement des indemnités à verser pour solder les emprunts toxiques (69 M€ au total, soit 158 €/hab). »

 « Une augmentation très forte des coûts par habitant »

 Bref, pour l’association, «  La création arbitraire de ce département est une hérésie financièrement parlant, puisqu’elle se traduit par une augmentation très forte des coûts par habitant. »

 Avec cette conséquence : « Celui-ci n’aura plus les moyens, y compris subventionné par la Métropole, de conserver le même niveau de service à la population : nombre de Maisons du Rhône, couverture en transports,… ».

 Pour Michel Vergnaud, « il aurait mieux valu éclater les cantons hors Métropole et les rattacher aux départements limitrophes existants… »

 (*) Contribuables actifs lyonnais, 1 500 adhérents.