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« Première » à Lyon : une église reconvertie en centre d’affaires…

D’aucuns pourraient s’émouvoir de l’entrée au sein d’un édifice religieux… des marchands du temple. Pour la première fois à Lyon, une église désaffectée et désacralisée par le cardinal Barbarin sera reconvertie par la ville de Lyon. Le seul moyen en fait de la sauver et d’éviter sa démolition. D’autres églises pourraient suivre des voies similaires.

L’Eglise Saint-Bernard dans le 1er arrondissement de Lyon accueillera en 2019 un centre d’affaires, ainsi que… des bars et des terrasses sur le parvis !

 Pour autant au sein du diocèse Lyon, on ne crie pas au scandale. « Cette évolution inéluctable est l’occasion de sauvegarder un patrimoine menacé », modère-t-on du côté de la Ville de Lyon.

 Désaffectée depuis 2008, Saint-Bernard été construite à la demande des Canuts, entre 1857 et 1866.

 2 000 m2 de bureaux dès 2009

 Cependant, la construction initialement prévue ne sera jamais achevée. En 1889, le percement du tunnel du funiculaire vient perturber la stabilité de l’édifice. L’église de la montée Saint Sébastien sera régulièrement fermée pour que le site soit sécurisé.

 À l’intérieur même de cette église prendront place 2000 m² de bureaux et 750 m² d’espace commun.

 Trente-deux bureaux de surfaces comprises entre 25 et 40 m² pourront donc être loués dès 2019.

 L’extérieur de l’église et notamment son parvis seront aussi l’objet d’un important aménagement.

 Une succession de terrasses ouvertes

 Le projet consiste à construire une succession de terrasses ouvertes, des « jardins suspendus » sur le talus, afin de relier les lieux à la place Colbert, située treize mètres plus bas.

 Ces espaces accueilleront des restaurants et des cafés sur plus de 800 mètres carrés, protégés par des tonnelles et des vignes.

 Enfin, des escaliers réalisés de chaque côté du talus permettront également de se rendre jusqu’à la montée Saint-Sébastien et au Gros-Caillou.

 Un projet qui « s’inscrit dans la dynamique de développement économique de la Ville de Lyon et de la Métropole, en s’adaptant au contexte local. » Les industries créatives sont très présentes dans le 1er arrondissement de Lyon.

 Des bureaux privatifs, des espaces de travail partagés, des salles de réunion et des zones de détente et de convivialité, c’est selon la Ville le meilleur moyen de « valoriser l’édifice, de passer du monument « figé » au monument « vivant », sans perte d’identité »

 L’obtention du permis de construire devrait intervenir au début de l’année 2018, le temps de poursuivre les études et le travail avec l’architecte des bâtiments de France.

 Un investissement de 10 millions d’euros

 Estimé à environ 10 millions d’euros, ce projet, porté par les équipes d’Urban Project, sera entièrement financé par l’entreprise « Carré d’or Immobilier ».

 La conversion de cette église n’est sans doute que le prélude à d’autres projets similaires.

Pour la municipalité lyonnaise, « la baisse de la pratique religieuse associée aux coûts financiers que représente pour les communes l’entretien des églises, nécessite de repenser leurs usages ». 

 En 1905, la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat donne la propriété des églises aux communes et des cathédrales à l’Etat. À Lyon, la ville est propriétaire de près de la moitié des églises : 27 au total, sur 53.

 Le projet de conversion de l’église Saint-Bernard contente en fait le diocèse de Lyon. Même si elle n’était plus affectataire – et encore moins propriétaire –, l’Église peut être satisfaite que l’édifice « construit pour et par les chrétiens » ne soit donc pas démoli.

 Une autre église en souffrance : celle du Bon Pasteur

 Pour le reste, si la réaffectation d’une église est une première à Lyon, c’est loin d’être le cas en France et en Europe. « Dans le diocèse de Bruxelles, ce sont quarante églises qui sont mises en vente sur plusieurs années », relate le quotidien La Croix.

 Ce même quotidien La Croix précise que Lyon se préoccupe aussi du sort d’une autre église, située également sur les pentes de la Croix Rousse : celle du Bon Pasteur, dans un état bien plus déplorable.

 Le mobilier a été dégradé. Les vitraux cassés. Et elle non plus n’a jamais été achevée. Le porche s’ouvre sur le vide…

 Mais le bâtiment se trouve à une encablure de l’amphithéâtre des Trois Gaules. Là où des chrétiens parmi lesquels Sainte Blandine ont été martyrisés en 177.

 Un groupe de réflexion travaille sur cette autre reconversion possible.