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Professionnels de la restauration : une hausse de la TVA qui s’invite au plus mauvais moment

Les professionnels de la restauration regardent avec une inquiétude certaine le passage de la TVA, le 1er janvier prochain, de 7 à 10 %. Pour eux, elle survient sur fond de crise : la chute de chiffre d’affaires s’est établie en juillet dans le Rhône à – 13 %. Pour autant, les restaurateurs adhérents à l’Umih, s’ils n’envisagent pas pour l’heure de défiler dans la rue, comptent bien faire entendre leur voix.

 « Dans la restauration, nous sommes des Gaulois, des individualistes ». Restaurateur de profession, dirigeant lui-même plusieurs établissement à Lyon, (Zinc Zinc, Bieh, Abel), Philippe Florentin ne cache pas qu’il est difficile de faire bouger cette profession.

 Représentant la restauration au sein de l’Umih Rhône (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) qui regroupe un millier de patrons de restaurants, il compte en revanche faire entendre sa voix auprès des pouvoirs publics.

 La grosse inquiétude du moment est l’augmentation programmée de la TVA dans la restauration qui passera au 1er janvier 2014, dans le cadre des hausses généralisées annoncées par le gouvernement, de 7 à 10 %. Un très mauvais coup, estime cette profession qui avait obtenu de Nicolas Sarkozy une TVA à 5,5 %, remontée ensuite à 7 %. Et donc prochainement à 10 %.

 « En deux ans, la TVA de la restauration aura doublé. Suite à la baisse à 5,5 %, on avait assisté à une génération spontanée de nouveaux restaurants, en nombre. Désormais, c’est l’effet inverse qui se profile : ce n’est pas cohérent. Quelle profession peut supporter un quasi-doublement de sa TVA sans pouvoir augmenter ses prix ! », s’insurge Philippe Florentin.

« Il nous est impossible de baisser nos prix »

« Nous nous retrouvons avec cette hausse entre le marteau et l’enclume », explique-t-il. «  Nos entreprises de restauration génèrent de petites marges. Or, dans la conjoncture actuelle, il nous est impossible d’augmenter nos prix. Un hausse ferait fuir des clients. Cette hausse risque bien de rogner très fortement nos marges », assure-t-il.

Bref, cette hausse qui se profile arrive au plus mauvais moment : la restauration est actuellement fragilisée par la crise. Tant les clients entreprises que les clients particuliers se rendent moins au restaurant.

Selon une étude de Gira Conseil, le panier moyen de l’ensemble de restauration (traditionnelle et fast food) a reculé en 2012 pour afficher une baisse de 2,66 %. Il s’affiche désormais à 9,01 euros.

L’ensemble du secteur de la restauration a connu une chute de 2 % de son chiffre d’affaires au cours du premier semestre 2013, alors que le ministère avait déjà noté un recul de 1,91 % en 2012.

Recul de 13 % du chiffre d’affaires en juillet

Pire, dans le Rhône, selon les dernières données chiffrées, du fait d’une chute importante du nombre de touristes au mois de juillet, le recul ressemble à une chute libre : – 13 %.

Philippe Florentin liste les différentes hausses auxquelles les professionnels sont confrontés : celle des matières premières, du transport, des charges salariales et des heures supplémentaires.

Les professionnels entendent donc faire entendre leur voix auprès des pouvoirs publics. Pour alerter sur les conséquences à venir d’une aggravation de la crise de la profession : « Regardez le nombre de restaurants à vendre dans le centre-ville de Lyon ! », lance-t-il.

Pas d’effondrement pour l’instant

Pour l’instant, on ne note pas d’effondrement. Selon le cabinet Altares, on note 53 faillites chez les restaurants traditionnels dans le Rhône sur les sept 1ers mois de l’année, contre 95 sur l’ensemble de l’année 2012 ; ainsi que 17 faillites de fast food contre 37 sur toute l’année 2012. Mais pour Philippe Florentin, la vraie crise est devant nous.

Photo (DL)-Président des restaurateurs Umih 69, Philippe Florentin est propriétaire de plusieurs restaurants à l’enseigne « Zinc Zinc », « Bieh » et « Abel ».