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Rhône-Alpes compte seulement 139 Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) industrielles

La région Rhône-Alpes est connue pour être la première région industrielle de France. Pourtant au regard des chiffres, elle ne compte que 10 % des Entreprises de Taille Intermédiaires (ETI) de notre pays, ces entreprises de 250 à 5 000 salariés dont le gouvernement veut encourager le développement car ce sont elles, du fait de leur taille critique qui exportent et qui innovent.

Tel est l’enseignement d’une étude du Ceser qui s’est aussi intéressée aux entreprises de taille juste inférieure et futures ETI. Et là, déception, seules 20 % d’entre elles ont les capacités de devenir à leur tour des ETI.

La France compte d’après les statistiques du ministère de l’économie 4 700 Entreprises de Taille Intermédiaire, ces ETI pour lesquelles les milieux politiques et économiques ont désormais les yeux de Chimène. Du fait de leur taille (entre 250 et 5 000 salariés), ces moyennes-grandes PME seraient la panacée pour relancer à la fois l’innovation et l’exportation dont nous avons bien besoin.

Combien d’ETI en Rhône-Alpes ? On ne le sait encore précisément, aucune étude précise n’ayant abordé la question. On sait en revanche désormais combien la région compte d’ETI purement industrielles. Les décompter a été fin 2009 l’un des objectifs affichés des Etats-Généraux de l’industrie : c’est le Conseil économique, social et environnemental Rhône-Alpes (Ceser) qui s’est chargé de cette étude en collaboration avec Preveco (*).

Ce dernier vient de rendre sa copie. Ses résultats sont très intéressant car ils donnent non seulement des indications statistiques, mais aussi confirment par une étude qualitative, les espoirs que l’on met dans ces désormais fameuses ETI.

Surprise et déception : tels sont les sentiments mêlés que l’on ressent à l’énoncé des premiers chiffres. Rhône-Alpes étant à la fois la première région industrielle et sous-traitante de France, on s’attendait que le nombre d’ETI dépasse le poids démographique dans la population française. Or, avec seulement 139 ETI, la région pèse exactement 10 % du nombre d’entreprises intermédiaires installées dans le paysage industriel. Elles emploient 106 749 salariés et pèsent ensemble 17,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce sont en outre de « petites » ETI puisque leur taille moyenne ne s’établit qu’à 768 salariés (contre 989 pour les ETI allemandes) : 78 % de ces ETI ont moins de mille salariés et une seule en compte 4 000. Cette étude montre en outre que ces ETI couvrent l’ensemble des secteurs industriels de la région et qu’elles ont dans l’ensemble bien traversé la crise.

Pour savoir si le nombre d’ETI est appelé à croître dans le futur, l’étude s’est aussi intéressée aux entreprises de la taille juste en dessous, qu’elle a baptisée « PME à potentiel » (de 150 à 250 salariés). Elles sont très précisément 82 en Rhône-Alpes. Or, d’après cette étude, il apparaît qu’elles sont plus fragiles, qu’elles ont eu plus de difficultés à sortir de la crise et que la majorité d’entre elles ne connaît pas de croissance significative. Il en résulte que seules dix-huit de ces « PME à potentiel » sont susceptibles de rejoindre la (petite) cohorte des ETI régionales, ce qui est peu.

Tout aussi intéressant, l’autre volet de ce rapport est qualitatif car basé sur des entretiens avec des responsables d’entreprises : les ETI méritent-elles tous les espoirs que l’on met actuellement en elles ? La réponse est sans équivoque : oui.

Comment une PME est-elle devenue une ETI ? Il s’agit en fait d’un cocktail de paramètres positifs composé de « la personnalité du chef d’entreprise, de l’appui à la formation et à l’innovation, d’un actionnariat le plus souvent familial et d’un lien structuré avec les établissements d’enseignement supérieur et de recherche ; ainsi que d’une intégration marquée dans le territoire. »

« Le lien entre taille de l’entreprise et la part de développement à l’international est incontournable », précise l’enquête. Le taux d’export des ETI de Rhône-Alpes est de 38,3 % contre 33 % pour l’ensemble de l’industrie et 20 % pour les PME industrielles. En outre, cette internationalisation s’appuie sur un taux de Recherche&Développement, supérieur, lui aussi à la moyenne.

Des données qui font dire à Bruno Lacroix, le président du Ceser, que « plutôt que de saupoudrer les aides à l’exportations seulement sur de petites PME, mieux vaudrait porter le maximum d’efforts pour accompagner celles qui ont structuré leurs services à l’export. »

Quels leviers utiliser pour augmenter la densité des ETI dans la région ? Bruno Lacroix en voit deux : « Pour augmenter le vivier potentiel aujourd’hui réduit des futures ETI, il faudrait favoriser le regroupement de petites PME. » Mais aussi, « il faut mettre à leur disposition des possibilités de lever des fonds propres pour franchir des étapes successives de développement, en particulier dans les secteurs de haute technologie et innovants. »

Reste désormais à passer de la théorie à la pratique…

(*) Preveco est un groupe de réflexion sur la prévision économique en Rhône-Alpes dirigé par Gilles Maurer au sein duquel se rassemblent les principaux producteurs d’informations régionales (Insee, Banque de France, Lyon place financière et tertiaire, la Capeb, etc.)

Illustration : Les ETI ont des spécificités géographiques marquées : répartition géographiques des ETI au sein des huit départements de la région Rhône-Alpes, ainsi que les secteurs les plus présents.