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Soixante milliards d’euros d’investissements : la Tunisie joue la carte de la relance économique

L’économie et le tourisme tunisiens marqués par un encéphalogramme plat tendent à redonner quelques signaux de reprise. C’est le moment que choisit le gouvernement tunisien pour lancer les 29 et 30 novembre une grande opération de séduction en direction des entreprises, «Tunisia 2020 » , financements à la clef.

« Tunisia is back ! » Consul général de Tunisie à Lyon, Adel Ben Lagha qui a travaillé comme diplomate pour son pays à New-York ne veut pas faire dans la nuance.

Pour lui, les jours à la fois difficiles et enthousiasmants qui ont marqué le processus de démocratisation de la Tunisie, avec son cortège de manifestations et de problèmes sécuritaires sont bien derrière nous.

Pour lui, la démocratie est solidement installée. La sécurité, suite au doublement du budget de la police, est revenue. Et les perspectives de ce pays de onze millions d’habitants sourient à nouveau, se félicite-t-il.

 La frontière avec la Libye « n’est plus une passoire »

 Le maillon faible du pays, la frontière avec la Libye (près de 400 km), pays toujours au bord du gouffre, est désormais contrôlée via un mur de sable, des systèmes thermiques et électroniques. « Ce n’est plus une passoire », assure le consul tunisien.

 C’est en tout cas la façon dont on voit désormais les choses au niveau gouvernemental tunisien. Et on compte bien le faire savoir.

 La caisse de résonance de cette relance économique sera constitué par une grande conférence internationale baptisé « Tunisia 2020 » qui se déroulera à Tunis les 29 et 30 novembre. On y attend d’ailleurs un importante délégation française menée par le 1er ministre Manuel Valls.

 Cette grande conférence va servir à décliner la forte politique d’investissement que le gouvernement tunisien entend consacrer à la relance de son économie, à travers un plan quinquennal 2016/2020 : pas moins de 60 milliards d’euros, obtenus grâce à des bailleurs financiers et organismes internationaux.

 La trame de ce plan est de désenclaver et de développer prioritairement les trois régions les plus pauvres, là où la révolution démocratique a éclaté. A l’écart du progrès, elles devaient être privilégiées pour rejoindre la relative aisance économique que connaît le pays.

 Les infrastructures routières, autoroutières et ferroviaires et portuaires vont se multiplier.

Le secteur numérique : 8 % du PIB tunisien

 Ce plan comporte aussi un important volet numérique. Cela se sait peu, mais désormais avec 8 % du PIB tunisien, ledit numérique pèse déjà plus que le tourisme (7 %).

 On arguera que ce dernier s’est effondré. C’est vrai puisque le nombre de touristes provenant de l’Hexagone a plongé des trois quarts. Cette manne touristique française n’a pas été comblée par d’autres visiteurs provenant d’autres pays. De quinze à vingt pour cent des établissements touristiques tunisiens ont ainsi dû fermer leurs portes ou ont été reconvertis…

 Le tourisme fait aussi partie des priorités stratégiques de l’équipe gouvernementale tunisienne. L’heure n’est plus au développement du tourisme de masse. Là aussi, la volonté, explique Wahida Jaiet, directrice de l’Office du tourisme tunisien pour la France, est de monter en gamme.

 « Nous volons développer les différentes formes de tourisme culturel, le golf, les festivals, les chambres d’hôtes, les cures et les soins, un secteur où la Tunisie connaît un vrai savoir-faire », explique-t-elle.

 Cette stratégie passe par la reconfiguration de certains établissements et d’importants efforts de formation en direction des salariés, nécessités par cette montée en gamme.

 Il ne s’agit pas bien sûr de tirer un trait sur le tourisme de masse, pas cher, que propose la Tunisie, mais d’offrir aussi aux touristes d’autres alternatives, et donc d’élargir le panel.

 Trafic aérien : un frémissement

 Même si on n’en est pas au point de revoir des charters aujourd’hui disparus, en direction de ce pays, le trafic au départ de Lyon-Saint Exupéry en direction des trois villes desservies (Tunis, Monastir et Djerba) connaît depuis quelques mois un frémissement.

 Wahida Jaiet voit déjà certains tours opérateurs hexagonaux commencer à revenir.

 Bref, après le printemps arabe, le printemps économique et touristique ? Pourquoi pas ? Adel Ben Lagha, consul général de Tunisie à Lyon veut y croire.