Toute l’actualité Lyon Entreprises

Un investissement de 500 millions d’euros : un projet de méga-centrale à gaz devrait voir le jour près de Lyon

L’équivalent d’une tranche et demie de la centrale nucléaire du Bugey. Le groupe norvégien Statkraft prévoit de construire sur le parc industriel de la Plaine de l’Ain à la lisière de l’agglomération lyonnaise une centrale à gaz à cycle combiné capable de produire 1 200 mégawatts. Le projet n’en est encore qu’aux préliminaires, mais le groupe se sent suffisamment sûr de lui pour envisager le dépôt du permis de construire fin juin, début juillet pour un début des travaux en 2012. Un projet qui arrive au moment où l’on ferme en France les dernières centrales thermiques à charbon et où le développement des énergies alternatives aléatoires va demander des renforts sûrs en cas de pointe : cette centrale ne fonctionnera qu’au moment de pics de consommation aux heures où l’électricité est la plus chère.

Il y a quelques années fermait la centrale à charbon d’EDF de Loire-sur-Rhône, située au sud de Lyon, près de Givors. Cette fermeture entrait dans le cadre d’un plan national visant à supprimer, d’ici 2015, toutes les centrales thermiques à charbon particulièrement polluantes du territoire national, mais aussi celles fonctionnant au fioul lourd. Il en subsiste encore, en petit nombre, il est vrai.

Développement durable et projet de diminution de la production nationale de CO2 oblige : une vielle centrale thermique à charbon peut produire de 800 à 1 000 kg de CO2 par MWH (mégawattheure), en fonction de son âge.

Mais les remplacer par quoi ? Le choix fait par l’Allemagne est celui d’un développement des centrales à gaz, à cycle combiné. Le système est simple : dans ce type de centrale thermique à gaz à cycle combiné, une première turbine produit de l’électricité à la détente du gaz lors de sa combustion avec de l’air comprimé, tandis qu’une seconde tourne avec la vapeur produite grâce à la chaleur des gaz d’échappement.

L’un des leaders de cette technologie en Allemagne est la société norvégienne Statkraft qui détient un cinquième du marché germanique des turbines à gaz combiné.

Forte de cette expérience et de sa technologie, cette société qui pèse 3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 3 300 salariés, s’attaque désormais à la France. Elle prévoit d’ouvrir à l’horizon 2014/2015 une centrale à gaz combiné, justement capable de produire 1 200 mégawatts, et ce au sein d’un bâtiment installé sur un site de 13 hectares situé au cœur du parc industriel de la Plaine de l’Ain (PIPA), situé à la lisière de Lyon. Un investissement très lourd puisqu’il se chiffre à 500 millions d’euros. C’est GRT Gaz, une filiale de GDF-Suez qui fournira l’électricité. Les turbines seront refroidies grâce à l’eau du Rhône proche.

Une réunion publique est organisée le 16 juin (*) pour présenter le projet. « Nous serons très sensibles aux arguments de la population et des élus » assure-t-on à la direction de Statkraft Lyon où l’on reconnaît qu’en fonction des remarques, le projet pourrait évoluer, voire être amendé.

L’enquête publique n’a pas encore été lancée , mais la société qui est certifiée de la norme environnementale ISO 14001, tout comme le PIPA, se sent suffisamment sûre d’elle même pour prévoir le dépôt du permis de construire pour la fin du mois de juin ou début juillet et le début des travaux en 2012, si, du moins, tout se déroule selon ses espoirs.

La société norvégienne a soigné son argumentaire, en expliquant que la construction devrait faire travailler 500 personnes. L’exploitation, elle, n’emploiera, il est vrai, que 35 salariés.

Mais surtout, elle met en avant les performances énergétiques du cycle combiné à gaz qui, selon elle, s’affiche à 58 % et ce pour une production de CO2 de 365 kg par MWH (mégawattheure), soit trois fois moindre qu’une vieille centrale thermique à charbon.

Elle explique également qu’il ne s’agira pas d’une centrale destinée à fonctionner 24 h sur 24, mais uniquement, aux heures de pointe, alimentant l’agglomération lyonnaise lors des périodes de pénurie d’électricité ou, sinon d’autres régions de France, pour les mêmes raisons, permettant au passage de pallier les énergies alternatives, solaires et éoliennes, intermittentes par essence. On sait que l’électricité est plus chère à ces moments là et qu’elle se vend parfois à des tarifs très élevés sur les marchés spot…

(*) Le 16 juin, à 19 heures,au centre international de rencontre de Saint-Vulbas, en présence des riverains et des élus (www.plainedelain.fr)