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Une initiative plutôt décoiffante : création d’Axandus, un accélérateur de start-up industrielles

Le modèle totalement original en France séduit. Dix start-up frappent à la porte de la société Electricfil qui vient de lancer un accélérateur de start-up industrielles sur son site de Beynost dans l’Ain. En cas de réussite, l’initiative pourrait essaimer bien au-delà des frontières régionales.

La preuve qu’il ne faut pas opposer l’industrie numérique à l’industrie tout court : le numérique peut avoir des retombées inattendues.

Nous avons récemment évoqué dans lyon-entreprises la création d’un accélérateur de start-up numériques : Axeleo, basé à Charbonnières dans l’Ouest lyonnais. Un schéma plutôt classique dans le secteur.

Plus surprenant, cette initiative a donné des idées à une ETI régionale, l’équipementier automobile Electricfil (Groupe EFI Automotive), basé à Beynost, dans l’Ain, à une quinzaine de kilomètres de l’agglomération lyonnaise.

Cette entreprise industrielle, vieille de soixante-dix-huit ans a décidé de faire la même chose, mais cette fois à destination des start-up industrielles.

Une équipe de cinq personnes, pour commencer

 Ainsi est né l’accélérateur industriel Axandus doté d’une équipe de cinq personnes.

Trois raisons expliquent cette initiative plutôt décoiffante dans un monde industriel plus prompt qu’on le croit à se saisir des innovations d’où qu’elles viennent.

Pour Jean-Baptiste Yvon, cadre supérieur d’Electrifil chargé de piloter, comme directeur, la nouvelle entité destinée à être filialisée, il s’agit d’abord pour l’équipementier automobile de rang 1, de « créer une diversification »

L’autre raison tient à une démarche d’innovation-ouverte « Nous pensons que sur nos propres produits, cette initiative peut avoir des retombées positives », explique-t-il. Electricfil, une ETI familiale de 1 500 salariés et de 185 millions d’euros de chiffre d’affaires, fabrique notamment des capteurs de vitesse, de position, de températures pour les grands constructeurs automobiles.

Un credo en faveur de l’industrie

Enfin et c’est là la plus intéressant, pour Jean-Baptiste Yvon, ce lancement constitue un véritable credo en faveur de l’industrie.

« Nous pensons que l’industrie a encore un avenir dans notre pays et nous entendons le prouver », lance-t-il avec un sourire de conquérant.

Le problème que rencontrent les jeunes pousses industrielles est constitué par ce que les spécialistes de la création d’entreprise appellent la « vallée de la mort ».

En France, les start-up naissantes, en phase de genèse, de maturation ou de création n’ont aucun problème pour trouver des lieux d’accueil telles que des pépinières ou des incubateurs, ainsi que des financements, à condition que leur projet tienne la route.

Mais lorsque surviennent les deux dernières phases, celles d’amorçage et de développement au cours desquelles les produits se retrouvent confrontés à un marché qui ne répond pas obligatoirement au quart de tour, plus rien ! Or, il s’agit là pour les jeunes pousses, de la phase la plus délicate.

Vaincre la « vallée de la mort »

Bilan : trois start-up sur cinq disparaissent dans les trois ans. Et c’est dans l’industrie où la situation est la pire. Depuis le début de l’année, cinquante levées de fonds ont été effectuées pour accompagner des start-up numériques, mais seulement deux pour des start-up industrielles !

C’est cette « vallée de la mort » que cet accélérateur de start-up industrielles entend « vaincre ».

Axandus met ainsi à disposition de ces start-up 3 000 m2 de locaux sur son site de Beynost dans l’Ain, mais aussi les machines et les matériels qui se trouvent dans ses ateliers. Pour la modélisation, les maquettes, les tests de robustesse, etc. Elle met aussi à disposition des jeunes pousses, ses fournisseurs, ses réseaux. Elle les accompagne enfin dans leurs besoins de financement.

L’équipe dirigée par Jean-Baptiste Yvon a mis en place une accélération à la carte dont la durée peut varier de six mois à trois ans.

« D’abord, nous reprenons avec la start-up la conception de son produit pour faire en sorte que celui-ci coûte le moins cher possible. Nous le testons ensuite, puis mettons en place un business-développement dans l’objectif de faire rapidement du chiffre d’affaires. Notre rôle est d’aider la jeune société à mettre son produit sur le marché »

Le modèle économique ? Axandus se finance sous la forme de prestations de conseils, avec un système d’abonnement et de rémunération sur les ventes.

Ainsi, la start-up ne paye ces prestations qu’à partir du moment où elle commence à gagner de l’argent. Dans certains cas, une prise de participation provisoire au capital peut être envisagée.

Trois start-up déjà accompagnées

Le modèle, totalement original en France, séduit. Dix start-up industrielles frappent à la porte. Trois ont déjà intégré Axandus. Il s’agit de Brochier Technologies qui a mis au point des tissus éclairants pour l’habitacle, avec des retombées évidentes dans l’industrie automobile ; d’ « Avenir/Sense », spécialisée dans les capteurs de viscosité ; et enfin d’un « spin-off », en l’occurrence, une scission d’un service d’ElectricFil destinée à être filialisé pour produire et vendre des outils de mesure de pollution des eaux.

Les secteurs privilégiés par Axandus seront le transport bien sûr, l’énergie, l’environnement, la santé et encore la robotique.

L’objectif que se donne l’équipe constituée autour de Jean-Baptiste Yvon est ambitieux : accompagner, d’ici cinq ans, trente jeunes pousses industrielles…

Mais le directeur d’Axandus n’envisage pas de se développer seul : « Nous sommes prêts à accueillir d’autres partenaires prêts à croire dans notre projet… »