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Une nouvelle banque au pays des banques : la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes ouvre son établissement suisse

Ce ne sera pas une simple succursale, mais une véritable banque, baptisée « La Banque du Léman ». La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes ouvrira au cours du second trimestre 2014 une filiale à 100 %. Surprenant dans un pays qui apparaît surbancarisé. La banque sera présidée par la première dirigeante française à la tête d’une banque suisse et tout a été fait pour ne pas laisser place au moindre soupçon. Explications.

 La Banque du Léman ouvrira ses portes au cours du 2ème trimestre 2014, probablement fin avril, début mai dans une rue d’un quartier huppé de Genève, proche de la gare Cornavin et du lac.

L’information apparaîtrait anodine au pays des banques si cette nouvelle entité bancaire n’émanait d’un établissement bancaire rhônalpin, en l’occurrence la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes (CERA), une entreprise coopérative qui compte trois cents agences et trois mille salariés en Rhône-Alpes (Groupe BPCE) et est notamment fort présente, outre le Rhône, l’Ain et l’Isère en Savoie et Haute-Savoie.

Stéphanie Paix présidera « la Banque du Léman »

Cette arrivée est d’autant plus remarquée que la « Banque du Léman » a à sa tête Stéphanie Paix, présidente du directoire de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes : elle devient ainsi la première dirigeante française à présider une banque de droit suisse.

Pourquoi créer une nouvelle banque dans un pays qui apparaît de prime abord surbancarisé ? Une première explication apparaît dans les chiffres du dernier recensement de l’Insee : les deux agglomérations les plus dynamiques de la région rhônalpes sont Lyon et …Genève.

Il apparaissait difficile pour la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, présente du côté français de ne pas franchir la frontière. Il faut savoir que le Grand Genève constitue actuellement l’une des régions les plus dynamiques d’Europe en matière économique et démographique.

Difficile donc de résister, mais la CERA n’est pas le premier établissement régional à franchir le pas, il y a également la Lyonnaise de Banque qui dispose de la banque Pasche.

La clientèle recherchée est celle des frontaliers qui traversent chaque jour la frontière pour travailler en Suisse, « La Banque du Léman » leur permettra de domicilier leur compte professionnel.

Une banque de services, pas une banque privée

« Ce sera d’abord une banque de services proposant des comptes privés, des comptes d’épargne, des cartes de crédit et de débit, placements, prévoyance, crédit hypothécaires, crédits personnels, assurances, offres packagées pour la clientèle frontalière, donc, mais aussi pour les jeunes, les étudiants, la clientèle classique », détaille-t-on à la direction de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes.

L’objectif est également « de développer des financements transfrontaliers dans le Grand Genève. »

Suite aux nombreux épisodes sur le rôle obscur de certaines banque suisses cherchant à héberger discrétement des exilés fiscaux, ouvrir une banque en Suisse peut apparaître encore quelque part suspect.

A cette interrogation, la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes rétorque d’abord que la Banque du Léman ne pratiquera en aucune manière la gestion privée, mais uniquement la banque dite « retail », la banque de détail.

D’autre part, « la Banque du Léman développera ses affaires de façon étanche et distincte de la CERA, conformément aux règles bancaires suisses et françaises qui imposent une scission complète entre les activités des banques des deux pays », précise-t-on du côté de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes.

Et d’ajouter : « De surcroît, le système informatique sera lui aussi distinct de celui de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. »

Dix salariés

A l’ouverture, les effectifs de cette banque qui développera une superficie de 600 m2 sera de dix personnes dont six bénéficient déjà d’un grande expérience de la banque de détail en Suisse. Ils seront épaulés par quatre salariés provenant de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes.

Bref, au pays de la banque privée au ticket d’entrée élevé, la Caisse d’Epargne proposera ce qu’elle sait faire de mieux : de la banque de détail. Moins glamour, mais plus en phase avec les pratiques d’une banque coopérative.