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Des guichets de banques islamiques à Lyon ?

Comme Genève depuis 2006, Lyon pourrait bien accueillir un jour ou l’autre une banque de détail répondant aux critères religieux de la banque islamique. La voie a été ouverte par la banque d’affaires Calyon du Crédit Agricole qui a déjà développé un service spécifique qui prend de l’ampleur : la « Global Islamic Banking ».

Rien à voir avec le fondamentalisme religieux, mais plutôt avec le business éthique. Ainsi faut-il voir la banque islamique, un concept qui a pris son essor au Moyen-Orient et qui est en train de se développer dans le monde entier, aux Etats-Unis, en Chine, en Russie, en Europe. La Grande-Bretagne qui a accueilli sur son sol plusieurs banques d’affaires et de détail islamiques a fait office de précurseur. Pourquoi pas alors un jour ou l’autre, à Lyon ? L’ïle de la Réunion a bien accueilli la première la première banque islamique sur le territoire, fut-il d’outre-mer.

Paris Europlace a de son côté créé un groupe spécialisé qui se consacre à la finance islamique. Verra-t-on son équivalent lyonnais, Lyon Place Financière et Tertiaire faire bientôt de même ? Une grande banque des pays du Golfe (Qatar Islamic bank) a des vues actuellement sur l’Europe et pourrait bien faire le saut.

Qu’est-ce qu’une banque islamique ? C’est un établissement financier que l’on pourrait classifier parmi les entreprises socialement responsables. C’est une banque au sein de laquelle se trouve un « sharia board » composé d’ experts religieux qui valident ou non les différents produits de la banque et confirment ou non s’il sont en accord avec les préceptes de l’islam. Une banque islamique n’investira pas, par exemple, dans les industries de l’armement, du jeux, du sexe ou ayant le porc pour matière première.

Pour une banque islamique, l’argent ne doit pas créer d’argent, mais il doit provenir du travail.

La finance islamique, en accord avec le droit musulman est basée sur deux principes : l’interdiction de l’intérêt et la responsabilité sociale de l’investissement. Elle lie plus étroitement la rentabilité financière d’un investissement avec les résultats du projet concret associé. L’islam interdit les transactions tant civiles que commerciales faisant recours à l’intérêt, à la spéculation ou au hasard.

Actuellement quelques freins réglementaires bloquent encore le développement des banques islamiques en France. Mais plus pour longtemps puisque deux des principaux produits financiers, les obligations islamiques (subuks) et les moudharaba (un contrat entre deux parties) sont dans les tuyaux. « Ces deux produits phares devraient avoir le feu vert de Bercy et voir le jour prochainement en France », se félicite Riadh El-Hafdi de la direction des affaires économiques du Crédit Agricole.

La finance islamique est en train de se développer dans notre pays via les banques d’affaires. En compagnie du Groupe Suez, Calyon a déjà une structure dédiée (Global Islamic Banking ) qui travaille actuellement avec une banque islamique de Bahrein pour accompagner le financement d’une usine de dessalement d’eau de mer.

Au niveau mondial, le poids de la banque islamique est en train de dépasser les 800 milliards de dollars, ce qui est encore peu, mais sa croissance est vive.

La finance islamique peut aussi constituer « une porte d’entrée pour les entreprises qui ont des difficultés à trouver en France des financements pour pénétrer des marchés au Moyen-orient », estime Ladislas Gallant, de la Global Islamique Banking de Calyon.

Pour faire synthétique, une banque islamique est d’abord une banque…