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Ces Scop qui résistent si bien à la crise, avant-garde du nouveau capitalisme ?

A l’occasion de chaque crise, on redécouvre les coopératives de production (Scop) car elles recèlent l’avantage de bien résister lorsque souffle le vent mauvais de la conjoncture.

Ainsi en pleine crise, en 2008, quarante-trois nouvelles Scop sont nées en Rhône-Alpes. Des créations qui ont permis de conserver ou de préserver plus de 250 emplois. Bilan : à ce jour, la région Rhône-Alpes compte plus de trois cents Scop représentant près de 4 300 emplois.

L’écosystème des Scop s’est fortement structuré dans la région. Par exemple, il s’est doté d’une société de capital risque spécifique-Transméa-qui est intervenue seize fois l’année dernière. Avec cette conséquence : de l’ordre de 83 %, le taux de pérennité des entreprises coopératives à cinq ans se révèle nettement supérieur à celui des entreprises classiques.

Doit-on pour autant penser que les Scop pourraient constituer la figure de proue de l’après-capitalisme, à une période où son fonctionnement est critiqué ? A partir du moment où le capitalisme financier qui a failli est vilipendé et que le capitalisme de producteurs -celui qui prévalait pendant les Trente Glorieuses- est de nouveau plébiscité, l’heure des coopératives de producteurs aurait-elle sonné ?

Pas si sûr, car les SCOP qui devraient continuer à croître et prospérer dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire (qui rassemble Mutuelles, SCOP, associations), resteront malgré tout une composante minoritaire de l’économie de l’Hexagone et de la région.

Certes, les atouts des Scop en cas de crise sont évidents. Grâce à leur statut fiscal qui se traduit par une part importante des bénéfices distribuée aux salariés, l’absence d’impôt sur les sociétés et de taxes professionnelles, elles font montre d’une vraie robustesse tranchant avec les PME traditionnelles fragilisées par la faiblesse de leurs fonds propres. Leur gouvernance, transparente et collective (un homme, une voix, parmi les sociétaires) leur assure de solides fondations.

Mais a contrario, ce statut si spécifique constitue un frein lorsqu’il s’agit de grossir. En prenant du volume, l’esprit même de l’entreprise coopérative tend à s’amoindrir : le rôle dirigeant est plus central et le taux de sociétaires parmi les salariés baisse. Il apparaît que la petite taille sied bien aux Scop, mais la grande, beaucoup moins. Une Scop se doit de conserver une dimension raisonnable pour gérer la qualité de l’humain et la répartition des responsabilités.

Bref, ces Scop que l’on ignorait en période de croissance se retrouvent sous les feux de l’actualité par leur capacité à produire un contre-modèle de développement. Mais elles resteront marginales : un millier d’emplois ont été créés dans les nouvelles Scop dans notre pays en 2009 contre 320 000 dans le régime d’auto-entrepreneur et 260 200 dans les entreprises classiques.

Il n’empêche : l’humain est au centre des entreprises coopératives, c’est ce qui constitue leur intérêt. Il reste que ces Scop ont le mérite de mettre en évidence les valeurs qu’il conviendrait encore de développer dans les entreprises classiques.