Difficultés de recrutement : suffit-il de traverser la rue pour trouver un emploi ? Pas faux, selon les patrons de PME et de TPE…

Jamais au cours des vingt ou trente dernière années les patrons de PME et de TPE s’étaient retrouvés dans une telle situation. Ils sont 39 % à avoir des difficultés à embaucher. Tel est le constat relevé par la dernière enquête conjoncturelle de la CCIR Aura (Chambre régionale de commerce et d’industrie Auvergne-Rhône-Alpes).

C’est loin d’être anecdotique car cette situation a déjà un réel impact sur la croissance même de ces TPE et PME. La relativement faible croissance annoncée cette année avec une hausse de 1,7 % du PIB pourrait aussi provenir de cette situation.

Cette enquête qui concerne 400 entreprises dans la région se traduit par un bond de douze points, par rapport à la précédente !

Ce constat inquiétant intervient alors que 53 % des TPE/PME disent prévoir de recruter un ou des collaborateurs au cours de cette période, ce qui illustre une hausse de trois points par rapport à janvier.

Les carnets de commandes sont souvent pleins, mais la main d’œuvre manque à l’appel pour y répondre.

Ce qui est nouveau c’est que ce ne sont pas seulement les secteurs de l’informatique ou des transports (chauffeurs) ou encore de l’industrie (chaudronniers, par exemple) qui subissent cette contrainte forte, mais cette fois, la plupart des secteurs économiques sont concernés par cette pénurie de salariés à l’embauche.

On a ainsi vu Roche et Bobois, le spécialiste de l’équipement de la maison de l’Ain, obligé de s’offrir de pleines pages dans la presse quotidienne régionale pour trouver quelques dizaines de techniciens pour ses usines.

« Le manque de techniciens bac + 2/3 débutants ou expérimentés freine cruellement la croissance de l’entreprise… », témoigne ainsi dans cette enquête une TPE en ingénierie basée dans le Rhône.

« Dans une entreprise comme la nôtre, où la main d’œuvre est prépondérante, comme il est quasiment impossible de trouver des candidats, nous sommes contraints de réduire notre activité faute de bras », témoigne désolé, le patron d’une PME du transport/logistique, basée dans l’Ain.

« Situation dramatique »

« Nous sommes en pleine croissance, mais nous sommes particulièrement freinés par le manque de candidats pour le recrutement de chauffeurs poids lourds. La situation est dramatique… », s’alarme cet autre patron d’une TPE du transport iséroise.

 « Nous connaissons de grosses difficultés pour recruter du personnel ambulancier. Nos tarifs de prestataires sont gelés depuis 2014 et le personnel ne supporte plus les contraintes de la profession », reconnaît dépité, cet autre patron d’une PME de Haute-Savoie.

Quelles solutions ?

Les blocages s’intensifient et devraient perdurer, voire s’accentuer. Reste à espérer que le plan Macron en matière de formation finisse par monter en puissance et porter ses fruits.

 Une bonne part de ces emplois sont des emplois demandant des compétences plus ou moins importantes qu’on ne trouve pas sur le marché du travail.

Mais ce qui est surprenant et en même temps inquiétant c’est que les entreprises qui recherchent des profils simplement motivés avec l’objectif de les former elles-mêmes, ont elles aussi des difficultés à trouver des volontaires, alors qu’elles ne mettent aucune barrière à l’embauche. Et ce, même pour des professions qui sont plutôt bien payées.

Alors, manque de fluidité du marché du travail ? Rappelons que les dernières statistiques donnaient en France un taux de chômage de 9,3 % : cela s’apparente au chômage de masse. Cherchez l’erreur !