Rémunération, fiscalité et attractivité du travail : l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes alerte sur les blocages des petites entreprises

Dans un contexte économique toujours incertain, la capacité des TPE et PME à attirer et fidéliser leurs salariés reste un défi majeur pour les employeurs de proximité. L’Union des entreprises de proximité (U2P) Auvergne-Rhône-Alpes vient de publier une enquête menée avec OpinionWay auprès de plus de 600 dirigeants de la région, afin de cerner les freins à l’amélioration de la rémunération et de mieux comprendre les attentes des employeurs de terrain.
Des employeurs engagés mais contraints
Premier enseignement : les artisans, commerçants et professions libérales de la région expriment une volonté claire d’améliorer les conditions de travail et les rémunérations. 86 % d’entre eux déclarent être favorables à une meilleure rémunération de leurs salariés. Cette volonté se heurte néanmoins à une série d’obstacles structurels. Parmi eux, le coût du travail et la fiscalité pèsent très lourd dans les réponses des dirigeants.
Ce paradoxe illustre une tension bien connue des acteurs économiques locaux : la conscience des enjeux de pouvoir d’achat et de compétitivité RH est réelle, mais les marges de manœuvre restent étroites. Les entreprises interrogées pointent un système de prélèvements complexes, une inflation persistante, et un poids fiscal perçu comme peu incitatif à l’embauche ou à la progression salariale.
Des charges sociales jugées dissuasives
Une large majorité des dirigeants interrogés (près de 7 sur 10) considèrent que le coût global d’un salarié pour l’entreprise est trop élevé par rapport au salaire net perçu par ce dernier. Un sentiment de déséquilibre qui alimente une certaine frustration dans les relations employeur-salarié, et renforce la difficulté d’attirer de nouveaux profils dans les TPE.
Les dispositifs de défiscalisation ou d’exonération ciblée sont souvent jugés trop complexes, peu lisibles ou inadaptés à la réalité des petites structures. L’U2P Auvergne-Rhône-Alpes plaide ainsi pour une réforme d’ampleur visant à simplifier les cotisations et à rapprocher davantage le brut du net, dans une logique incitative pour les employeurs comme pour les salariés.
Des efforts salariaux malgré les contraintes
Malgré ce contexte contraint, une majorité des chefs d’entreprise interrogés ont déclaré avoir augmenté les salaires au cours des 12 derniers mois. L’effort est donc réel, mais il ne suffit pas à compenser le ressenti de stagnation ou de décrochage chez les salariés, notamment dans les secteurs artisanaux ou les métiers à forte pénibilité.
L’enquête révèle aussi une forte demande d’outils de soutien pour accompagner les employeurs dans cette dynamique salariale : aides ciblées, allègements de charges sur les premiers niveaux de rémunération, accompagnement dans les négociations salariales ou les dispositifs de partage de la valeur (intéressement, participation, etc.).
Une attractivité en berne : quels leviers pour les TPE ?
La question de l’attractivité est au cœur de la problématique. Alors que les grandes entreprises disposent souvent de marges de manœuvre plus importantes pour proposer des avantages sociaux (tickets restaurant, mobilité douce, mutuelles renforcées), les TPE restent à la peine. Certaines peinent même à recruter malgré des postes ouverts depuis plusieurs mois, comme le soulignent plusieurs fédérations régionales de l’U2P.
Parmi les pistes évoquées dans le cadre de l’enquête : mieux valoriser les métiers manuels et de proximité, soutenir la formation en alternance, favoriser l’entrepreneuriat local et l’ancrage territorial. Ces leviers sont jugés essentiels pour redonner du sens à l’emploi dans les petites structures, mais ils nécessitent des politiques publiques cohérentes et un accompagnement renforcé.
Fiscalité locale et protection sociale : des attentes fortes
Autre signal fort de l’enquête : une demande claire de réforme des cotisations sociales et de la fiscalité locale. Les dirigeants interrogés dénoncent des écarts trop importants entre charges payées et prestations perçues, notamment en matière de protection sociale, d’assurance maladie ou de retraite.
Certains évoquent une forme d’injustice entre travailleurs indépendants et salariés, notamment sur la couverture des risques ou les prestations familiales. Là encore, l’U2P appelle à une clarification et à un rééquilibrage, afin de ne pas décourager l’embauche ou l’installation d’entreprises dans les territoires.
L’U2P Auvergne-Rhône-Alpes porte la voix des entreprises de proximité
Forte de ses 110 000 entreprises adhérentes dans la région, représentant près de 300 000 actifs, l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes se positionne comme l’interlocuteur direct des décideurs publics pour faire évoluer le cadre réglementaire et fiscal. Cette enquête OpinionWay, inédite à l’échelle régionale, vise à objectiver les attentes des employeurs de terrain pour construire des politiques plus adaptées.
« Les TPE veulent augmenter les salaires, mais elles ne le peuvent pas toujours. C’est ce constat que nous devons faire remonter collectivement, pour agir de manière structurelle sur le coût du travail et la charge fiscale. Nos entreprises sont au cœur de la dynamique économique régionale, elles doivent pouvoir recruter, fidéliser et valoriser leurs salariés », rappelle un représentant de l’U2P.
Vers une stratégie territoriale de soutien aux employeurs de proximité ?
La publication de cette enquête pourrait nourrir les réflexions régionales en matière d’emploi, de formation et de fiscalité. Elle intervient alors que plusieurs collectivités d’Auvergne-Rhône-Alpes envisagent de nouvelles mesures pour soutenir les entreprises locales : exonérations de CFE, aide à l’embauche, accompagnement RH de proximité, etc.
Le tissu économique de la région repose à plus de 95 % sur des entreprises de moins de 20 salariés. Leur donner les moyens de rémunérer correctement, de former et de fidéliser, c’est aussi renforcer la résilience économique des territoires. Encore faut-il que les blocages structurels identifiés dans l’enquête fassent l’objet de réponses concrètes.
En révélant les écarts entre ambition des employeurs et réalité fiscale, l’U2P Auvergne-Rhône-Alpes propose ici un outil de plaidoyer utile, mais aussi une base de travail pour les acteurs institutionnels, économiques et sociaux engagés dans l’avenir des petites entreprises.