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Une gestion en mutation : entre ancien et nouveau visage

Les évolutions récentes à Lyon concernant la gestion des parkings et de la mobilité ne laissent pas indifférents. Si l’on pense connaître Lyon Parc Auto (LPA), la réalité derrière ses chiffres et ses changements stratégiques est bien plus complexe. La Chambre régionale des comptes (CRC) tire la sonnette d’alarme sur une situation financière qui s’est considérablement dégradée, fragilisant l’avenir d’un acteur clé de la mobilité dans la métropole lyonnaise.

Une gestion en mutation : entre ancien et nouveau visage

Depuis plusieurs années, la gouvernance de Lyon Parc Auto a connu un véritable tournant. La création de la Société publique lyonnaise de mobilités (SPLM) a bouleversé la répartition des responsabilités. La SPLM a repris certains contrats et compétences auparavant dévolus à LPA, notamment la gestion de plusieurs parkings. Résultat : en 2023, la majorité des revenus de LPA a été transférée à cette nouvelle entité, réduisant considérablement son chiffre d’affaires.

Plus précisément, alors que jusqu’à cette année-là, LPA gérait 30 parcs de stationnement principalement dans la métropole lyonnaise, la SPLM en a récupéré 12. Ce transfert a entraîné une chute de 36% du chiffre d’affaires, soit une perte nette de 22,5 millions d’euros. La conséquence directe : un affaiblissement financier notable qui soulève des questions sur la viabilité à moyen terme de l’entité.

Les défis financiers et la diversification des activités

Les défis financiers et la diversification des activités

Malgré une volonté affichée de diversification, LPA peine à compenser la perte des contrats transférés à la SPLM. La Chambre régionale des comptes (CRC) souligne que les nouvelles activités, telles que l’autopartage avec Citiz ou la gestion du parc P1 à l’aéroport Lyon Saint-Exupéry, restent déficitaires. Leur contribution à l’équilibre financier est faible, voire négative, et ne suffisent pas à contrebalancer la chute de revenus liée à la recentralisation des parkings.

Ce contexte s’inscrit dans une tendance qui ne date pas d’hier. Depuis 2020, la situation financière de LPA se dégrade. La pandémie de Covid-19, avec ses confinements et ses restrictions, a accentué cette crise. La livraison tardive de certains grands parcs, comme celui de Saint-Antoine (fin 2021) ou celui de Béraudier (fin 2024), a encore aggravé la situation. Ces retards ont non seulement retardé la mise en service de nouvelles capacités, mais ont aussi creusé le déficit.

Les chiffres clés à connaître

Éléments financiers Valeurs
Fonds propres en 2024 55,4 millions d’euros
Dette totale fin 2024 (dont crédit-bail parc Béraudier) 97 millions d’euros
Chiffre d’affaires avant transfert à SPLM 86 % provenant de 30 parkings
Perte liée à la cession de contrats 22,5 millions d’euros (36 % de baisse)

Ce tableau met en évidence la fragilité financière de LPA, qui doit désormais composer avec une dette importante, limitant ses marges de manœuvre pour de futurs investissements. La capacité à se renouveler ou à moderniser son offre est désormais fortement entravée, ce qui pourrait compromettre la qualité et la croissance de ses services à long terme.

Une gouvernance renouvelée, mais pas sans accrocs

Les critiques portent aussi sur la gouvernance de LPA. La CRC note une amélioration notable dans la gestion, notamment avec la nomination d’un président et d’un directeur général — une rupture avec la pratique historique où ces fonctions étaient souvent réunies. Auparavant, sous la direction de Gérard Collomb, la gestion était souvent concentrée dans un seul poste, ce qui limitait la transparence et la réactivité.

Malgré cela, certains couacs ont été observés, comme le départ précipité de la première directrice générale, Pascale Gibert. La CRC souligne également que les conditions d’emploi des salariés de LPA sont particulièrement avantageuses. Ces coûts sociaux, bien que fidélisants pour les employés, représentent un vrai défi dans un secteur fortement concurrentiel où la maîtrise des coûts est essentielle pour la pérennité.

Les enjeux futurs : entre contraintes et opportunités

Les défis sont nombreux pour LPA, surtout dans un contexte où les finances se resserrent. La hausse de la dette, combinée à la nécessité de moderniser les infrastructures tout en maîtrisant les coûts, limite la capacité à investir dans de nouveaux projets. La société doit également faire face à la pression environnementale, notamment en intégrant des solutions de mobilité douce et en favorisant la multimodalité.

Les perspectives à court terme restent incertaines. La gestion de la fin de mandat de la dirigeance actuelle, prévue après 2026, pourrait également ouvrir une nouvelle étape. Cependant, toute nouvelle équipe devra composer avec une situation financière fragile, où chaque euro investi doit être justifié et rentable. L’enjeu est de taille : comment redonner de la vigueur à une entité dont l’équilibre est mis à mal ?

Les autorités locales et la métropole doivent réfléchir à une stratégie cohérente, alliant rentabilité, transition écologique et innovation sociale. La modernisation des parkings, la diversification des activités et une gestion financière plus rigoureuse seront probablement au cœur des débats dans les années à venir.