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Deux entreprises de Savoie et Haute-Savoie ont récemment été victimes d’une fraude téléphonique appelée « spoofing », une escroquerie d’ingénierie sociale de plus en plus répandue. À Entrelacs et Vallières, un artisan et une TPE ont perdu une part importante, voire la totalité de leur trésorerie. Ces affaires soulignent la vulnérabilité des PME face à des escroqueries numériques toujours plus élaborées.

Une fraude au faux conseiller bancaire particulièrement redoutable

En avril 2025, à seulement quatre jours d’intervalle, deux entreprises clientes du Crédit Agricole régional ont été visées par des fraudeurs se faisant passer pour des conseillers bancaires. Les escrocs ont utilisé le numéro officiel de l’établissement, affiché sur le téléphone des victimes, ainsi que des courriels à en-tête du Crédit Agricole, rendant la supercherie particulièrement crédible.

Ces individus ont prétexté une urgence de sécurité afin de convaincre leurs interlocuteurs d’effectuer des virements prétendument « sécurisés ». En réalité, ces transactions étaient dirigées vers des comptes frauduleux. Dans les deux cas, les fraudeurs disposaient d’informations personnelles et professionnelles précises, leur permettant d’établir un climat de confiance et de légitimité.

Goëry Lalloz, artisan et victime de l’une des escroqueries, témoigne : « Le fait que deux entreprises locales aient été victimes en quelques jours du même modus operandi met en lumière un schéma récurrent et sophistiqué. Malgré les systèmes de surveillance avancés dont disposent les banques, cette fraude a pu passer entre les mailles du filet. »

Des conséquences économiques lourdes pour les PME

Le 26 avril 2025, l’artisan d’Entrelacs a perdu la totalité de son fonds de roulement, tandis que la seconde entreprise a vu sa trésorerie fortement amputée. Dans les deux cas, les dirigeants n’avaient jamais validé de virements de cette nature auparavant, ce qui démontre l’efficacité du stratagème. Ces pertes brutales fragilisent la continuité d’activité de petites structures déjà confrontées à un contexte économique tendu.

Une jurisprudence favorable aux victimes

La Cour de cassation a rappelé, le 23 octobre 2024, que les banques sont tenues de rembourser les clients victimes de spoofing, sauf en cas de « négligence grave » prouvée. Dans le cas jugé, la banque n’a pas pu démontrer une telle faute : l’escroc avait utilisé un numéro identique à celui du conseiller bancaire et avait persuadé la victime qu’elle procédait à une opération sécurisée. La Cour a ainsi confirmé que la responsabilité du client ne pouvait être engagée.

Si cette décision concernait initialement un particulier, la haute juridiction a depuis étendu cette protection aux professionnels, reconnaissant que les escroqueries de ce type visent désormais aussi bien les particuliers que les entreprises.

Une menace nationale pour les petites entreprises

Selon la Banque de France et l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP), la fraude au faux conseiller bancaire a représenté près de 382 millions d’euros de pertes en 2023. Ces arnaques reposent sur la manipulation psychologique et la rapidité d’exécution, rendant leur détection particulièrement difficile.

Pour les artisans et TPE, une perte soudaine de trésorerie peut suffire à mettre en péril l’équilibre financier de l’entreprise. « Depuis la publication de notre témoignage, nous avons reçu des centaines de messages similaires de toute la France », confie Goëry Lalloz, qui appelle à une meilleure information et à des mesures de protection renforcées pour les professionnels.

Appel à la vigilance et à la transparence

Les victimes réclament désormais l’application immédiate de la jurisprudence et le remboursement intégral des fonds détournés. Elles demandent également une communication plus systématique de la part des établissements bancaires sur les fraudes en cours, afin de prévenir d’autres drames économiques.

Ces deux affaires, survenues à seulement quelques jours d’intervalle, rappellent l’urgence d’une sensibilisation nationale. Face à la sophistication croissante des escroqueries bancaires, la prévention et la réactivité demeurent les seules protections efficaces pour les entreprises locales.