À Lyon, la métamorphose du 92 cours Lafayette : un projet immobilier ambitieux en pleine mutation

Depuis plusieurs années, le paysage lyonnais voit éclore des projets de rénovation et de développement immobilier qui redéfinissent le visage de la ville. Parmi eux, celui du 92 cours Lafayette s’inscrit comme une opération stratégique, mêlant modernisation, attractivité et vision à long terme. Son enjeu ? Offrir un coup de jeune à un bâtiment des années 60, tout en répondant aux nouvelles exigences du marché de l’immobilier tertiaire et commercial.

Un immeuble vieillissant mais stratégiquement situé

Situé entre les barres d’immeubles conçues par Jean Zumbrunnen, à deux pas des célèbres Halles de Lyon Paul-Bocuse, le 92 cours Lafayette occupe une position privilégiée dans le 3e arrondissement. Pourtant, malgré cette localisation de choix, l’immeuble souffre d’une enveloppe extérieure peu attrayante, typique des constructions des années 60, qui n’a pas connu de véritable refonte depuis plusieurs décennies.

Ce bâtiment de 3 000 m², comprenant des bureaux et des commerces en pied d’immeuble, accueille notamment la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes et Mama Works. Son potentiel reste évident, surtout si l’on considère la dynamique du secteur lyonnais, où la demande en espaces de bureaux modernes ne cesse de croître. La question qui se pose : comment transformer ce lieu pour en faire un véritable atout pour la ville ?

Une rénovation ambitieuse pour répondre aux enjeux de demain

Depuis juillet 2024, Mata Capital, spécialiste de la gestion d’actifs immobiliers, détient 70 % de l’immeuble. Consciente du potentiel, la société prévoit un investissement conséquent, estimé à près de trois millions d’euros. L’objectif ? Moderniser la façade, améliorer la visibilité, renforcer la performance énergétique et optimiser les espaces extérieurs.

Ce chantier de rénovation ne se limite pas à une simple remise à neuf. Il s’inscrit dans une logique stratégique visant à faire du 92 cours Lafayette un exemple de transformation urbaine et immobilière. L’un des leviers envisagés : la suralimentation du bâtiment, avec une éventuelle surélévation qui pourrait ajouter plusieurs niveaux, à condition que l’étude de faisabilité le permette. Antoine Fossati, directeur du bureau lyonnais de Mata Capital, indique que cette piste « n’est pas exclue » et pourrait offrir de nouvelles surfaces pour répondre à la demande croissante en bureaux de petite taille.

Le marché de l’immobilier tertiaire à Lyon : entre opportunisme et stratégie

Pour Mata Capital, Lyon constitue un marché clé, considéré comme le premier marché régional pour l’investissement immobilier. La société mise sur une approche opportuniste, en ciblant essentiellement des surfaces de moins de 500 m², qui correspondent à une demande pour des espaces flexibles et à des prix attractifs. La Part-Dieu et Gerland restent des secteurs prioritaires, mais la société ne néglige pas le centre-ville ou d’autres quartiers en pleine mutation.

Cette stratégie s’appuie sur des opérations concrètes, comme la cession récente d’un immeuble de 1 100 m² dans le 7e arrondissement à l’association Ladapt. La société détient encore environ 750 m² à louer ou à vendre, avec des surfaces modulables dès 140 m², pour répondre à une demande croissante d’espaces adaptables. La flexibilité est devenue une nécessité pour attirer de futurs locataires ou acheteurs, notamment des PME ou des start-ups en quête de bureaux à la fois modernes et abordables.

Un développement diversifié pour une gestion d’actifs cohérente

Créée en 2015, Mata Capital gère aujourd’hui environ 2,5 milliards d’euros d’actifs. Son portefeuille couvre toutes les grandes classes d’immobilier : bureaux, commerces, résidentiel, industriel, et hôtellerie. La présence lyonnaise, depuis 2019, est stratégique : avec une équipe locale de 12 collaborateurs, la société vise à renforcer sa présence dans le quart sud-est en multipliant les opérations ciblées et adaptées aux spécificités régionales.

En parallèle, la société multiplie ses opérations de requalification et de développement. Après la vente du bâtiment dans le 7e arrondissement, elle travaille sur plusieurs projets. Parmi eux, la revalorisation du RN6 à Saint-Bonnet-de-Mure, où une enseigne de grande distribution a été implantée sur 1 000 m², notamment la chaîne Action. La société prévoit également la construction de deux nouvelles cellules commerciales en BEFA, totalisant 800 m², destinées à accueillir des enseignes de restauration ou d’alimentation spécialisée, avec une livraison prévue pour 2026.

Les perspectives pour le marché lyonnais et ses acteurs

Les projets en cours ou à venir illustrent une volonté claire : répondre à la demande d’espaces plus modernes, plus flexibles, et mieux intégrés dans leur environnement urbain. La tendance est à la réhabilitation plutôt qu’à la construction neuve pure, notamment pour des raisons économiques et environnementales. La ville de Lyon, avec ses quartiers en pleine mutation, constitue un terrain fertile pour ces opérations de transformation.

Les acteurs immobiliers, comme Mata Capital, misent sur la capacité à repenser l’offre pour mieux répondre aux attentes de leurs clients, qu’il s’agisse de grandes enseignes ou de PME innovantes. La diversification des surfaces, la recherche de formats plus petits, et la volonté d’intégrer des espaces de restauration ou de loisirs en font partie intégrante.

En somme, le projet du 92 cours Lafayette s’inscrit dans cette dynamique de transformation urbaine, où la rénovation et la modernisation deviennent des leviers pour attirer de nouveaux acteurs et renforcer l’attractivité de Lyon. La métamorphose de cet immeuble, entre modernité et respect de l’histoire locale, témoigne du soin apporté à faire de chaque projet un vecteur de croissance pour la ville et ses habitants.