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Cinq ans après son inauguration : fermeture, liquidations, le Grand Hôtel-Dieu à Lyon continue à chercher ses marques
Liquidation judiciaire du boucher Troliett et du poissonnier Vianey, fermeture de Kay’N Ko qui s’étendait sur près de 1 500 m2, une Cité de la gastronomie en berne pendant longtemps, mais qui va être relancée le 20 octobre : cinq ans après, le bilan du très important investissement (500 millions d’euros !) dans les travaux de réhabilitation du Grand-Hôtel-Dieu est mitigé. Ce site devenu très touristique, mais peu “consommateur” au regard de sa grande fréquentation peine à trouver ses marques dans tous les sens du terme. Le redémarrage d’ici quelques jours de la Cité de la Gastronomie va-t-il relancer la machine ?

Le Grand Hôtel-Dieu qui devait constituer le nouveau fleuron du commerce et de la restauration à Lyon, a été inauguré en avril 2018, du moins dans sa partie commerciale et de restauration, l’hôtel Intercontinental 5 étoiles et la Cité de la Gastronomie survenant ensuite.

Cela fait donc près de cinq ans que ce site a ouvert ses portes. Le temps d’un premier bilan.

Il faut bien le reconnaître, pour l’heure, il est mitigé. En positif d’abord, son architecture, sa réhabilitation réussie car on n’a pas lésiné sur les moyens (500 millions d’euros d’investissements) en ont fait un lieu d’attraction touristique majeur de Lyon où les visiteurs se pressent. Pas difficile d’ailleurs, le site est signalé et souvent proposé avec enthousiasme par tous les guides touristiques.

Succès de l’hôtel Intercontinental

Un atout supplémentaire indéniable pour la Ville, alors que ces dix dernières années, Lyon n’a pas cessé de bénéficier du regain en Europe du tourisme urbain. De quoi doper le nombre de visiteurs.

A l’actif aussi , l’hôtel Intercontinental qui avec ses 144 chambres et suites constitue un succès. Il manquait un hôtel cinq étoiles de cette taille installé en Presqu’île. Le succès s’est vite fait sentir auprès de la clientèle des Intercontinental qui est particulièrement voyageuses et aime à découvrir les derniers établissements prestigieux dans le monde. Lyon est désormais inclus dans la carte du tourisme haut-de-gamme

Mais il y a aussi un fort passif. A commencer, évidemment, par le lourd échec de Cité de la Gastronomie qui devait appuyer l’image gastro de Lyon et qui a dû rapidement fermer ses portes. Un échec cuisant.

Et ce, alors que Dijon a, en comparaison, de son côté inauguré sa “’Cité” avec un grand succès d’affluence. Il est vrai que la Cité de la Gastronomie de Lyon qui s’inscrivait dans un réseau de Cités de la Gastronomie en France avait choisi le thème de la “gastronomie et santé’, certes dans l’air du temps, mais pas très sexy ; la ville de Dijon a, elle, naturellement choisi d’axer le sien autour du vin, nettement plus vendeur, il est vrai.

Avec cet échec de la “Cité”, le Grand Hôtel-Dieu a perdu en cours de route sa locomotive.

Réouverture de la “Cité internationale de la Gastronomie”

Il va la retrouver le 20 octobre, date de la réouverture de la Cité Internationale de la Gastronomie, avec toujours le chef trois fois étoilé Régis Marcon en figure de proue.

Trois expositions seront ainsi proposées dans cette “Cité” new look : l’exposition “Banquet” de la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette qui s’installera donc à Lyon ; mais aussi le projet “SEB Discovery” qui retracera l’histoire d’une des sociétés emblématiques de Lyon, SEB, le leader mondial du petit électroménager ; ainsi enfin qu’une exposition “Bonnes tables, belles tables”, coordonnée par Régis Marcon “pour mettre en lumière les arts de la table”.

La Nouvelle “Cité” sera-t-elle apte à remettre en route la locomotive ? Tout dépendra de la qualité des expositions et animations proposées. A suivre, donc.

Troliett et Vianey en liquidation judiciaire aux Halles

Toujours au passif du Grand-Hôtel-Dieu, il faut enfin ajouter la difficile mise en place de ses Halles qui ont vu successivement cet été fermer le boucher Trolliett et Vianey, le poissonnier de la Croix-Rousse qui y avaient installé deux étals qui se voulaient particulièrement alléchants : ils ont été mis en liquidation judiciaire. Sans impact heureusement sur leurs maisons-mère respectives, mais illustration là aussi d’un échec.

Enfin, non loin des Halles, côté commerce, Kay’N Ko qui s’étendait sur 1 500 m2 dans un Grand Hôtel-Dieu qui affiche 17 000 m2 de superficie de commerces, a aussi fermé ses portes cet été. Là encore, pas un très bon signal.

Certes, en l’occurrence, rien de rédhibitoire, mais bien l’illustration d’un Grand Hôtel-Dieu qui, cinq ans après son inauguration continue à chercher ses marques.

Dans une interview à notre confrère “Tribune de Lyon”, Patrick Muller responsable du Grand Hôtel- Dieu pour la Scaprim, la société de gestion du site, annonce que les deux “coques” qui accueillaient Trolliet et Vianey “seront commercialisées à nouveau et confiées à des acteurs des métiers de bouche pour constituer une offre complémentaire avec les autres commerçants”.

Reste qu’il ne sera pas facile à trouver des successeurs après ces deux expériences malheureuses.

Dans le même interview à “Tribune de Lyon”, Patrick Muller prend du recul, et met aussi en avant, il est vrai à juste titre, les difficultés rencontrées par le Covid, côtés commerces. Il estime, prenant exemple sur les Halles Paul Bocuse, que pour “changer les habitudes de consommations des habitants il faut de sept à dix ans”.

La relance d’ici quelques jours de la Cité de la Gastronomie pourrait ainsi puissamment aider à ce retour du Grand-Hôtel-Dieu à meilleure fortune. A condition que cette relance soit réussie…