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Une crise financière liée à une endettement massif

Le secteur des technologies médicales est souvent marqué par des cycles de hauts et de bas, et cette fois-ci, c’est Diabeloop qui fait parler de lui. La société spécialisée dans la gestion du diabète, réputée pour ses solutions innovantes, se retrouve sous la protection du tribunal de commerce de Grenoble. Pourquoi cette étape cruciale ? Quels enjeux se cachent derrière cette procédure de sauvegarde ?

Une crise financière liée à une endettement massif

Le contexte de cette procédure n’est pas anodin. Selon François Miceli, qui a pris la tête de l’entreprise en 2024, Diabeloop a traversé une période difficile en 2022 et 2023. La perte d’un partenariat stratégique majeur a fragilisé la stabilité financière de la société. Pour faire face, la direction a dû élaborer un plan de redressement ambitieux. L’objectif ? Lever 25 millions d’euros pour restructurer l’entreprise et assurer sa relance.

Ce plan de sauvetage a été concrétisé en 2024 et 2025, avec la levée de fonds auprès des actionnaires. En parallèle, Diabeloop a signé de nouveaux contrats avec quatre partenaires internationaux, une étape essentielle pour renforcer sa présence à l’échelle mondiale :

  • Un partenaire aux États-Unis, où les premières ventes devraient débuter dès l’année prochaine ;
  • Un partenaire européen, dont la croissance a été remarquable, avec une augmentation de plus de 60 % du chiffre d’affaires entre 2023 et 2024, atteignant près de 6 millions d’euros ;
  • Un partenaire coréen, Sooil ;
  • Un partenaire israélien, renforçant la position de Diabeloop en Asie et au Moyen-Orient.

De plus, la collaboration initiée en 2024 avec Vicentra continue de s’étendre, avec de nouvelles perspectives en Europe et aux États-Unis. Ces alliances stratégiques illustrent la volonté de Diabeloop de s’inscrire dans une dynamique de croissance durable, malgré les turbulences financières.

La dette, un poison pour la croissance

Ce qui a précipité la mise en sauvegarde, c’est surtout une dette devenue ingérable. La société doit faire face à des engagements financiers importants envers ses partenaires bancaires et Bpifrance. La somme exacte reste confidentielle, mais l’impact est évident : une dette considérable par rapport au chiffre d’affaires et à la taille de l’entreprise.

Avant 2024, Diabeloop s’était énormément endettée, ce qui a creusé un trou financier qu’il devenait difficile de combler. La société avait négocié un moratoire d’environ deux ans avec ses créanciers, une période qui arrive à son terme à la fin de cette année. La situation est devenue critique : le cash-flow ne permet plus de couvrir les remboursements, d’où la nécessité de passer par une procédure de sauvegarde.

Une solution pour gagner du temps et négocier

Ce recours au tribunal de commerce n’est pas une fin en soi, mais plutôt une stratégie pour temporiser. En obtenant la protection judiciaire, Diabeloop cherche à prolonger la période de remboursement de sa dette. Le but ? Diminuer la charge annuelle et donner à l’entreprise le temps de retrouver une trajectoire financière stable.

François Miceli précise que cette démarche doit permettre d’éviter une liquidation précipitée, en laissant la société négocier dans un cadre plus serein. La levée de fonds de 25 millions d’euros ne doit en aucun cas couvrir la totalité de la dette, mais financer la relance et la croissance à long terme.

Une relance sous tension, mais pleine d’espoir

Malgré la crise, la société maintient une vision ambitieuse pour l’avenir. Le plan de développement prévoit d’atteindre un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros d’ici 2030, une perspective qui motive les équipes et rassure les partenaires. La croissance en Europe, notamment avec une augmentation de 60 % du chiffre d’affaires entre 2023 et 2024, montre que la demande pour ses solutions demeure forte.

Ce contexte met en lumière la fragilité inhérente à l’innovation dans le domaine médical. Les investissements massifs, les partenariats stratégiques et la gestion de la dette sont des éléments cruciaux pour assurer la pérennité des jeunes pousses comme Diabeloop. La procédure de sauvegarde apparaît donc comme une étape nécessaire pour préserver ses capacités à se relever et à continuer d’innover.

Ce genre de situation n’est pas isolée. D’autres entreprises du secteur high-tech ou biotech ont connu des périodes difficiles, illustrant que l’équilibre entre croissance rapide et gestion financière rigoureuse est souvent précaire. La clé réside dans la capacité à rebondir, à négocier et à s’adapter rapidement aux défis du marché.