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Dominique Guerrée, président de Railcoop : «Nous lancerons notre première ligne ferroviaire, un Bordeaux/Lyon le 26 juin 2022»

C’est un projet singulier, mais aussi un véritable pari que va lancer Railcoop : créer des lignes ferroviaires sur le mode coopératif. Une possibilité offerte depuis que la concurrence est totale sur les rails européens. Le 1er projet, un Lyon/Bordeaux, avant un Lyon-Thionville, vient d’avoir le feu vert de l’autorité de régulation. A quoi va ressembler cette première ligne ferroviaire coopérative ? Interview du président de Railcoop, Dominique Guerrée.

Comment est née cette idée de coopérative ferroviaire, la première en France ?

Dominique Guerrée-Elle est née dans la tête d’une équipe de passionnés et d’utilisateurs du train dès que l’ouverture à la concurrence a été effective. C’est elle qui a créé cette coopérative dans le droit fil de la transition écologique pour créer de nouvelles liaisons ou retrouver des lignes qui avaient été  abandonnées comme le Lyon-Bordeaux. Des liaisons pour les voyageurs, mais aussi pour le fret.

Dominique Guerrée

Le succès a-t-il été immédiat ?

Il a été effectivement très rapide : nous avons à ce jour 6 200 sociétaires et nous comptons une dizaine de salariés pour la gestion support. Nous nous revendiquons de la ruralité : notre siège est ainsi basé à Figeac, sous-préfecture du Lot.

Vous avez suscité d’emblée un grand intérêt médiatique. Cela vous-t-il étonné ?

Oui, nous avons eu beaucoup de retours sur notre projet depuis que nous avons été créés. Notre démarche intéresse beaucoup de monde. Parce que le ferroviaire a de nouveau le vent en poupe, je pense ; mais aussi parce que notre démarche montre que la société civile peut changer les choses dans le cadre du changement climatique : chacun d’entre nous peut agir, nous en sommes la preuve.

A quel stade en êtes-vous pour votre première ligne destinée aux voyageurs : Lyon-Bordeaux ?

Il nous fallait 1,5 million d’euros de capital pour pouvoir obtenir la licence ferroviaire voyageurs : nous avons dépassé ce chiffre. Notre capital social atteint désormais 1,9 million d’euros.

Nous en sommes déjà à la 2ème étape : nous avons déposé un dossier auprès du ministère en charge des transports pour obtenir son certificat de sécurité ferroviaire, le sésame indispensable pour faire rouler des trains.

Quel est votre calendrier ?

Nous allons commencer par faire rouler des trains de marchandises dès le dernier trimestre 2021. Une navette quotidienne connectera les territoires de l’Aveyron (Viviez-Decazeville) et du Lot (Capdenac) au hub logistique de Toulouse-St-Jory, les reliant ainsi aux principaux corridors fret existants et approvionnant notamment Airbus et ses sous-traitants.

Ensuite, le 26 juin 2022, nous lancerons notre premier service voyageurs entre Bordeaux et Lyon en desservant Libourne, Périgueux, Limoges, Saint-Sulpice-Laurière, Guéret, Montluçon, Gannat, Saint-Germain-des-Fossés et Roanne ; permettant de relier à nouveau Lyon à Bordeaux, une ligne qui avait disparu.

Ce qui permettra aussi de désenclaver les territoires, notamment en Auvergne.

La deuxième ligne que nous avons programmé est un Toulouse-Rennes, puis ensuite, un Lyon Part-Dieu/Thionville.

Quelles difficultés avez-vous rencontré sur le Lyon-Bordeaux ?

C’est une ligne qui n’est pas électrifiée et qui a un longue portion à voie unique. Nous allons devoir pour commencer utiliser un train diesel, mais rapidement nous entendons remplacer le diesel par du bio-méthane, beaucoup moins polluant.

Avec quel matériel ?

Nous nous sommes tournés vers du matériel d’occasion fournit par la SNCF et par les régions : nous les acquerrons via un financement bancaire.

Quelle va être la participation de la région Auvergne-Rhône-Alpes annoncée par son président Laurent Wauquiez ?

La région n’entrera pas au capital de Railcoop, mais nous sommes en pourparler pour racheter du matériel à des tarifs intéressants : la région devrait effectuer par ce biais un geste fort de soutien.

Quelle sera la fréquence de la ligne Lyon/Bordeaux ?

Il y aura trois aller/retours par jour : le matin, l’après-midi et en soirée, vers 22/23 heures , ce dernier circulera donc de nuit comme les cars Macron. Nous sommes en train de négocier les sillons avec SNCF réseau. Et ce, sept jours sur sept. Le tarif devrait osciller entre 37 et 40 euros le billet pour un trajet de 7 h 30.

Qu’est-ce qui vous différenciera d’un train classique façon SNCF ?

Nous prévoyons de proposer des repas à la place, en partenariat avec les restaurateurs locaux des villes traversées : il s’agit de mettre en avant l’identité des territoires traversés. La SNCF le fait déjà sur certains trains, nous voulons aussi développer de manière importante les animations dans nos trains, y installer aussi des bibliothèques : bref, remettre de l’humain dans le transport de voyageurs…

https://www.railcoop.fr/