Fermeture du site Teisseire en Isère : un coup dur pour l’industrie locale
Une nouvelle frappe pour l’économie régionale : le fabricant de sirops Teisseire annonce la fermeture de son site historique à Crolles, en Isère. Ce changement majeur s’accompagne de la suppression de près de 170 emplois, un coup dur pour l’emploi et la production locale. La société, confrontée à des difficultés financières persistantes, doit désormais repenser son organisation, ce qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir de l’industrie agroalimentaire en France.
Les raisons derrière la décision : un contexte économique difficile
Depuis plusieurs années, Teisseire traverse une période de turbulences économiques. La société explique dans un communiqué que la situation financière de l’entreprise est « extrêmement difficile ». Le marché des sirops, pourtant traditionnellement porteur, a vu ses ventes chuter de façon significative ces dernières années. Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation :
- Une intensification de la concurrence, notamment avec l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché
- Une hausse des coûts de matières premières, rendant la production plus coûteuse
- Des contraintes réglementaires renforcées, notamment en matière de santé et d’environnement
- Un changement des comportements de consommation, avec une préférence croissante pour des alternatives plus naturelles ou locales
À cela s’ajoute une rigidité organisationnelle qui limite la capacité de l’entreprise à s’adapter rapidement. La combinaison de ces éléments a entraîné une forte baisse des ventes, avec un impact direct sur les résultats financiers. Selon le rapport de la société, le résultat d’exploitation est passé de près de 10% du chiffre d’affaires en 2020 à une perte en 2025, équivalente à -2%.
Une réorganisation qui ne laisse pas beaucoup de choix
Face à cette situation, Teisseire a décidé d’engager une réorganisation en profondeur. La société a présenté aux représentants du personnel un projet qui prévoit la fin de ses activités industrielles à Crolles et l’externalisation de son équipe commerciale. Une décision difficile mais nécessaire pour tenter de sauver ce qui peut l’être.
Ce plan de restructuration prévoit la suppression de 167 postes nets, après la création de 38 nouveaux emplois pour soutenir certains services. La production de sirops, jusqu’ici assurée à Crolles, sera transférée à la société Slaur-Sardet en Normandie. Si aucune solution de reprise n’émerge d’ici la mi-2026, la fermeture définitive de l’usine sera actée, ce qui entraînera la disparition de cette usine emblématique, construite en 1971. La société s’engage à mettre en place un dispositif d’accompagnement social pour les salariés concernés, afin d’atténuer l’impact social de cette restructuration.
Un regard sur l’histoire et l’héritage de Teisseire
Fondée à la fin du 18e siècle dans les Alpes, Teisseire a su évoluer au fil des siècles, devenant une référence dans le domaine des sirops en France. Son histoire est jalonnée d’innovations et de succès, jusqu’à son rachat en 2010 par le britannique Britvic, puis son intégration dans le groupe danois Carlsberg en 2024. Pourtant, malgré cette riche histoire, l’entreprise doit aujourd’hui faire face à une conjoncture économique qui la pousse à prendre des décisions difficiles pour assurer sa survie à court terme.
Les enjeux pour la région et le secteur agroalimentaire
La fermeture de ce site emblématique soulève des enjeux importants pour l’économie locale. La perte de près de 170 emplois représente un impact social considérable, mais aussi une perte pour l’industrie agroalimentaire en France. La question de la relocalisation ou de la redynamisation de la production se pose avec acuité. La région doit réfléchir à comment soutenir la transition des salariés vers d’autres secteurs ou métiers, tout en conservant une activité industrielle locale.
Ce cas illustre également la fragilité de certaines filières industrielles face à la mondialisation et aux mutations du marché. La compétitivité des entreprises françaises dans ce secteur dépend aujourd’hui de leur capacité à innover, à maîtriser leurs coûts, et à s’adapter rapidement aux nouvelles attentes des consommateurs.
Des pistes pour l’avenir : comment éviter que d’autres fleurons ne disparaissent ?
Face à ces difficultés, plusieurs stratégies peuvent être envisagées pour préserver les acteurs historiques et soutenir la compétitivité :
- Favoriser l’innovation pour répondre aux nouvelles tendances, telles que la naturalité ou le bio
- Mettre en place des partenariats publics-privés pour soutenir la modernisation des sites industriels
- Encourager la diversification des produits et des marchés pour limiter la dépendance à un seul segment
- Renforcer la formation et l’accompagnement des salariés pour faciliter leur reconversion
Il est crucial que les acteurs politiques, économiques et sociaux collaborent pour élaborer des solutions durables. La relance d’une industrie locale forte passe par une capacité collective à anticiper les mutations, à investir dans la modernisation, et à soutenir la transition des entreprises en difficulté.
Les actualités de ce genre rappellent que le tissu industriel français doit continuellement s’adapter pour rester compétitif. La disparition d’un site aussi emblématique que celui de Crolles reflète à la fois la difficulté du secteur et la nécessité d’une réflexion stratégique à long terme.