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François Turcas, président régional de la CPME : « responsabilité du chef d’entreprise et Covid-19, un texte très alambiqué… » 

La CPME est un bon baromètre pour connaître l’état d’esprit des chefs d’entreprises le jour du déconfinement du 11 mai et de tous les problèmes posés actuellement. Responsabilité des chefs d’entreprise, défaillances d’entreprises, masques, gel, etc. Entretien avec le président Rhône et Auvergne-Rhône-Alpes de la confédération patronale, François Turcas.

L’une des questions qui agite le plus les chefs d’entreprise dans la phase actuelle de la crise du coronavirus est la responsabilité du chef d’entreprise, face à une éventuelle maladie contractée par ses salariés. Quelle est la situation juridique ?

-François Turcas-La CPME est à l’origine des évolutions en la matière, demandées également par les maires.
Nous étions ainsi parfaitement satisfaits du texte qui avait été proposé par le Sénat qui avait le mérite de la clarté.
Mais après le passage devant l’Assemblée Nationale, ce n’était plus le cas, car on s’est retrouvé avec un texte très alambiqué, pas clair du tout, après le vote d’un amendement en 1ère lecture..
Reste qu’il y a tout de même une avancée : nous sommes tenus à une obligation de moyens, et c’est bien normal, pas de résultat ; mais nous aurions préféré mieux et plus clair.

Craignez-vous de gros dégâts chez vos troupes ; bref, beaucoup de dépôts de bilan à terme ?

Pendant deux mois, il n’y a eu quasiment aucun dépôt de bilan puisque l’Etat et c’est une bonne chose, a accompagné les trésoreries des entreprises. Mais chez les plus fragiles, celles qui avaient déjà des difficultés, il ne faut pas de faire d’illusion : on va voir les défaillances d’entreprises augmenter fortement au cours de l’été et dans les six mois à venir.

Et vous même, comment voyez-vous la situation ?

J’ai peur. J’ai peur du chômage : on sent monter les effets destructeurs de la crise dans les secteurs de l’événementiel, de la restauration, chez les traiteurs…

Il ne faut pas exclure un million de chômeurs supplémentaires. Il n’est pas exclu qu’on se retrouve avec 12 % de taux de chômage
Je pense qu’il va falloir deux bonnes années pour s’en remettre.

L’année 2020 va être très dure ; puis on reprendra son souffle en 2021.

On évoque déjà des tensions sociales. Quel est votre ressenti ?

Une exaspération pourrait bien monter avec le chômage attendu ; le tout assorti de mouvements sociaux de salariés ; des mouvements durs qui pourraient aller jusqu’à paralyser l’outil de travail. C’est ce que je crains.
Je reste néanmoins optimiste. les chefs d’entreprise ont pris l’habitude d’affronter les tempêtes et des tempêtes, il y en a eu ces dernières années, avec les Gilets Jaunes, puis les mouvements autour de la réforme des retraites.
Il faudra à nouveau avoir du cran pour tenir le coup.

Enfin, en ce 11 mai, les entreprises sont-elles bien outillées, question masques et gel hydroalcoolique ?

Il y a eu beaucoup d’initiatives à cet égard, la CPME a apporté sa pierre, grâce à trois entreprises qui sont membres de notre syndicat et qui ont répondu présent pour fournir à nos adhérents du gel hydroalcoolique en quantité : c’est le cas d’Orapi qui tourne depuis mars en 3/8 pour répondre à la demande.
Les entreprise Advantelec à Saint-Fons et Ragot à Villefranche ont aussi poussés les feux pour fournir des masques en quantité. Bref, nos adhérents avaient, grâce à ces entreprises très réactives, la possibilité de s’approvisionner et d’équiper leurs salariés pour mettre en œuvre toutes les mesures sanitaires.
Il a fallu fournir : pour les seuls salariés de la CPME, au nombre de 72, nous avons eu besoin de 5 000 masques !