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Le 19 juin 2025, la conférence annuelle « Les Tendances de l’Hôtellerie de la Montagne », organisée à Annecy par In Extenso Tourisme, Culture et Hôtellerie et In Extenso Dauphiné Savoie, a réuni les professionnels du secteur pour dresser le bilan de la saison écoulée dans les Alpes du Nord. Stabilité de l’offre, progression de la clientèle étrangère, contrastes entre stations, mais aussi défis liés au foncier, à l’emploi et au climat : la filière hôtelière régionale affiche des signaux mêlés.

Un parc hôtelier stable mais qui se repositionne vers le haut de gamme

Les Alpes du Nord concentrent 77 % de l’offre hôtelière en stations de ski en France, avec 572 hôtels représentant plus de 18 300 chambres. Ce parc est resté stable sur les dix dernières années, contrairement à une tendance nationale à la baisse (-5 %). Il représente à lui seul 49 % de la capacité hôtelière des départements de la Savoie, Haute-Savoie et Isère.

On observe en revanche une montée en gamme notable : les catégories « milieu de gamme à luxe » sont passées de 59 % de l’offre en 2015 à 68 % aujourd’hui. D’ici 2028, 35 nouveaux projets hôteliers sont attendus, soit environ 2 900 chambres supplémentaires.

Une saison hivernale réussie malgré des contrastes

La saison d’hiver 2024-2025 a été globalement positive, marquée par un record sur les vacances de Noël, une stabilité en janvier et février, une baisse notable en mars, et un net rebond pendant les vacances de printemps (+40 % de nuitées par rapport à l’an dernier pour les hôtels ouverts). Sur l’ensemble de la saison, les nuitées hôtelières progressent de +1,6 %, davantage que les autres types d’hébergement.

La clientèle étrangère continue de croître, avec un effet direct sur les performances des établissements haut de gamme : les hôtels 5 étoiles et palaces enregistrent une hausse de +4 % du nombre de nuitées.

Des écarts de performance selon les stations

Les stations d’altitude affichent de meilleures performances que les stations village, qui peinent à maintenir leur fréquentation. Les disparités sont également tarifaires : le prix moyen d’une chambre varie de 308 € à Chamonix à 1 631 € à Courchevel, avec Megève en position intermédiaire grâce à une offre premium.

Un parc para-hôtelier en repli

À l’inverse de l’hôtellerie, le parc de résidences des stations de ski a reculé de 15 % depuis 2015 dans les Alpes du Nord, avec des pertes atteignant 18 % en Savoie et en Isère. Le nombre de logements marchands est passé de 29 000 à 24 000. Ce recul s’explique notamment par le phénomène de « démembrement » des résidences, qui deviennent des lits froids hors marché structuré.

Des défis structurels persistants

Si l’appétence des investisseurs et opérateurs pour l’hôtellerie de montagne demeure forte, plusieurs freins subsistent :

  • L’impact du changement climatique sur la fiabilité de l’enneigement,
  • La complexité du développement de nouveaux projets, entre rareté du foncier et contraintes réglementaires,
  • Les difficultés croissantes de recrutement et de fidélisation du personnel saisonnier.

Pour Xavier Gavaggio, expert-comptable à In Extenso Chamonix, la marque employeur devient un enjeu central pour les établissements : « Il ne s’agit plus seulement d’attirer les bons profils, mais de porter une culture d’entreprise engageante, en phase avec les nouvelles attentes des salariés. »

Dans un marché qui doit réaliser l’essentiel de son chiffre d’affaires en quinze semaines, les questions d’adaptation, de performance durable et d’organisation du travail se posent avec acuité. L’hôtellerie de montagne devra composer avec ces réalités pour consolider sa montée en gamme et sa résilience face aux mutations structurelles en cours.