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Avec 24 400 emplois en 2022, l’Auvergne-Rhône-Alpes se positionne comme la deuxième région française pour l’industrie chimique, derrière l’Île-de-France. Spécialisée dans les produits de base, la région s’appuie sur un tissu dominé par de grands groupes, fortement tournés vers l’exportation, mais confrontés à des disparités salariales et territoriales.

Un poids économique majeur

En Auvergne-Rhône-Alpes, l’industrie chimique représente 5,6 % des emplois industriels régionaux et 1,2 % de l’emploi total, des parts légèrement supérieures à la moyenne nationale. La région devance largement les Hauts-de-France (16 900 emplois) et n’est dépassée qu’en Île-de-France (27 900). À l’échelle européenne, seules douze régions, notamment en Allemagne et en Italie, emploient davantage de salariés dans ce secteur.

La spécialisation régionale est marquée : 46 % des effectifs travaillent dans la fabrication de produits chimiques de base, contre 35 % au niveau national, et 24 % dans la fabrication d’autres produits chimiques (contre 17 % en France). À l’inverse, la part des savons et produits d’entretien est plus faible (14 % contre 36 %).

Un secteur concentré autour des grandes entreprises

En 2022, l’industrie chimique régionale regroupait 845 établissements. Mais l’emploi se concentre largement dans les grandes structures : 49 grandes entreprises et 114 ETI emploient plus de 80 % des effectifs. Les micro-entreprises (64 % des établissements) ne représentent que 1 % de l’emploi. Ce modèle s’explique par l’intensité capitalistique du secteur, avec 337 500 euros investis par salarié, contre 143 900 en moyenne dans l’industrie manufacturière.

Les grandes entreprises, majoritairement à capitaux français, totalisent 46 % des emplois. Les ETI, partagées entre capitaux français et étrangers, emploient 38 % des salariés. Les PME regroupent 15 % de l’emploi, mais restent un moteur de croissance : entre 2008 et 2022, elles ont créé 483 emplois, et les ETI 480. À l’inverse, les grandes entreprises ont perdu 562 emplois, malgré l’absorption d’ETI en expansion.

Le secteur se distingue aussi par son orientation internationale : 71 % de la production est exportée, soit deux fois plus que la moyenne manufacturière régionale.

Un emploi résilient malgré les crises

L’emploi de la chimie régionale a mieux résisté que celui de l’ensemble de l’industrie manufacturière. Après une baisse entre 2008 et 2010, il a progressé jusqu’en 2018, avant un repli en 2019-2020. En 2022, les effectifs ne sont que 2,6 % en dessous du niveau de 2008, un recul comparable au niveau national (-2,9 %) mais bien meilleur que dans le reste du tissu manufacturier régional. La présence de grands sites, notamment dans la Vallée de la Chimie au sud de Lyon, explique cette résistance.

Le Rhône, cœur de la chimie régionale

Le Rhône concentre 10 600 emplois, soit 43,5 % des effectifs régionaux, autour de la Vallée de la Chimie. Les grands groupes comme Arkema, Biomérieux ou Bayer y sont fortement implantés. L’Isère (3 900 salariés, avec Adisseo) et la Loire (2 300, avec SNF) complètent ce trio, qui regroupe 70 % des effectifs. La Drôme, l’Ardèche et la Haute-Savoie affichent des profils plus diversifiés, allant des savons et parfums (Fareva) aux cosmétiques (Istrand Cosmetics Europe) et aux vernis. L’Allier et le Puy-de-Dôme se distinguent également par leurs spécialisations respectives dans les peintures et les produits cosmétiques (Laboratoires Ducray).

Des salaires plus élevés que la moyenne régionale

Avec un salaire net moyen de 3 700 euros par mois, l’industrie chimique surpasse l’industrie manufacturière (2 900 euros) et l’ensemble des secteurs (2 500 euros). Le Rhône se démarque avec 4 300 euros en moyenne, contre seulement 2 500 dans le Cantal. Ces écarts reflètent une forte disparité territoriale.

Les cadres représentent 30 % des effectifs, avec un revenu moyen de 5 400 euros, bien au-dessus de la moyenne manufacturière (4 700). Les professions intermédiaires, composées en majorité de techniciens, sont également surreprésentées (35 % des effectifs pour 3 300 euros). Les ouvriers (31 %) perçoivent en moyenne 2 600 euros, davantage que dans l’industrie régionale. Les femmes, qui représentent 34 % des salariés, gagnent toutefois 13,7 % de moins que les hommes.

Un secteur vieillissant mais valorisant l’expérience

Les jeunes de moins de 25 ans représentent seulement 3 % des effectifs, contre 6 % dans l’industrie manufacturière. À l’inverse, les plus de 55 ans atteignent 20 %. Les salaires progressent nettement avec l’âge : de 2 100 euros pour les moins de 25 ans à 4 600 euros pour les plus de 55 ans, un écart plus marqué que dans le reste de l’industrie.

Un pilier industriel stratégique

Fortement ancrée dans l’histoire régionale, l’industrie chimique d’Auvergne-Rhône-Alpes se distingue par sa puissance exportatrice, ses salaires élevés et sa résilience face aux crises. Mais sa dépendance aux grands groupes, ses disparités territoriales et la faiblesse de l’emploi des jeunes posent des enjeux de renouvellement et de diversification à moyen terme.