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L’Institut Français du Pétrole à Solaize fortement impliqué : Michelin veut produire des pneus à partir de la biomasse

A l’origine, les pneus étaient réalisés à partir du caoutchouc naturel, puis ensuite, d’un dérivé du pétrole. Demain, ils le seront à partir de bois, de céréales ou de sous-produits des scieries. Tel est l’objectif du pneumaticien de Clermont-Ferrand, Michelin qui s’est allié au centre de recherche de l’Institut Français du Pétrole à Solaize dans le Rhône et à une de ses filiales, Axens, pour produire des pneus, à partir du procédé joliment dénommé BioButterfly. Un budget conséquent : 52 millions d’euros.

 Des pneus issus des végétaux, une ressource entièrement renouvelable : tel est l’ambitieux programme lancé par le fabricant de pneumatiques, Michelin en compagnie de l’Institut Français du Pétrole dont l’unité de recherche de Solaize (Rhône) travaille déjà depuis plusieurs années sur le sujet.

 En compagnie d’Axens, une filiale de l’IFP, ces trois partenaires se sont donné pour objectif de développer et de commercialiser un procédé de production de butadiène bio-sourcé , la matière première permettant de fabriquer des pneus.

 Le procédé utilisé, joliment intitulé « BioButterfly » a pour but de créer ces caoutchoucs synthétiques innovants en utilisant les ressources de la biomasse, à partir de matières végétales, donc, de manière plus respectueuse pour l’environnement.

 Cinquante-deux millions d’euros

 Il s’agit d’un projet d’envergure dont le coût a été budgété à 52 millions d’euros sur huit ans.

 Sélectionné par l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), ce projet est accompagné à hauteur de 14,7 millions d’euros par le Grand Emprunt.

 Le rôle de l’Institut Français du Pétrole est de conduire des recherches, d’ailleurs déjà engagées dans ses laboratoires basés dans la vallée lyonnaise de la chimie. « Nous apportons notre expertise en recherche et développement de procédés, catalyseurs et absorbants, y compris en matière de valorisation de la biomasse », explique Slavik Kastelan, direteur de programme Biomasse vers Chimie, d’IFP.

 Sa filiale Axens a, dans cette affaire, pour rôle « d’industrialiser et de fabriquer à terme les catalyseurs et absorbants, celui de la conception et d’ingénierie de base du procédé,et aussi de sa commercialisation », poursuit-il.

 Le projet, par son ampleur mobilise déjà plusieurs dizaines de personne sur le site de l’IFP à Solaize, « qui va être le point d’ancrage du projet pour les deux premières phases, laboratoire et pilote», précise Slavik Kastelan

 Il ajoute : «Le centre de gravité se déplacera ensuite sur un site de Michelin pour la validation de la technologie à travers la mise en place d’un démonstrateur expérimental pré-industriel. » 

 Les enjeux de ce projet sont très importants.

 Le premier objectif est d’arriver à produire un biobutadiène économiquement compétitif, ce qui n’est pas gagné d’avance.

 Ce qui explique le temps imparti pour la réalisation de ce projet labellisé par plusieurs pôles de compétitivité dont Axelera.

 Huit ans pour résoudre la complexité de la technologie

 « Cette longue durée s’explique par la complexité de la technologie à développer qui nécessite de choisir la meilleure voie et de la démontrer à l’échelle préindustrielle. La production de butadiène bio-sourcé à cette échelle préindustrielle est importante pour valider le butadiène produit dans ces utilisations principales : non seulement pour les pneus, mais aussi pour le textile ou l’automobile », précise le responsable du programme à l’IFP.

 Elle devrait en tout cas permettre une réduction des coûts d’investissement dans la mesure où le coût de la biomasse est moindre que celui du pétrole.

 Une production en France, à terme

 Enfin, cerise sur le gâteau, si tous ces objectifs sont réalisés, une future filière industrielle française de production de caoutchoucs bio-sourcés pourrait voir le jour. « Nous visons des productions de butadiène bio-sourcé en France, bien sûr et dans le monde », précise Slavik Kastelan.

 Mais on n’en est pas encore là. Il est intéressant en revanche de constater que ce projet qui s’inscrit dans la lignée de la chimie verte a son épicentre dans la une vallée de la chimie qui à travers le pôle de compétitité Axelera s’est justement donné pour tâche la transition de la chimie traditionnelle vers la chimie verte, accentuant l’expertise et l’image d’un couloir chimique en train de changer d’image.