La Crète : Zeus enlaça Europe… puis vint le temps de l’impéritie, des dettes, des mensonges et des déficits abyssaux…

 Sur cette île, on « vieillit » d’une heure. Qu’importe. Le soleil qui darde ses rayons calmés par un petit air vivifiant, l’accueil sympathique, la nourriture rassurante, avec son fameux régime crétois, les paysages variés, les sites archéologiques de haut intérêt, les villages pittoresques, les 300 km de plages dont une de sable rose, les grottes mystérieuses, les monastères, églises, couvents apaisants, les sentiers et petites voies permettant de nombreuses randonnées, tout concourt à faire oublier le temps qui passe.

 L’économie de la cinquième île de la Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne, Chypre et la Corse est basée sur l’agriculture et le tourisme. Le taux de chômage y serait moins élevé que dans le reste de la Grèce. Le tourisme a l’avantage de procurer des emplois non délocalisables.

 Aucun point de la Crète n’est éloigné de plus de 80 km de la côte. Cette île de 8332 km2 abrite 630 000 âmes. Selon l’Office national hellénique du tourisme à Paris, la Crète accueille 2 616 000 touristes en charters et 310 000 croisiéristes, toutes nationalités confondues. A cela s’ajoutent les individuels qui arrivent aux aéroports de Chania (2^ème ville de l’île et son ancienne capitale) et d’Héraklion ou par bateau. La Crète et Rhodes devraient cette année être en hausse de 9,5 %.

La durée moyenne des séjours est de dix jours. Les Russes, les Britanniques, les Français (au nombre de 700 000 par an), les Allemands apprécient beaucoup cette île et y reviennent même plusieurs fois. Malgré un tourisme de masse, elle est restée assez authentique, pas trop bétonnée, préservée à l’intérieur et pas trop gâchée sur le littoral resté charmant.

 A l’heure actuelle, on ne recense pratiquement pas de gros projets immobiliers ou d’infrastructures routières ou maritimes. Les échafaudages ne sont pas légion. Les travaux concernant une nouvelle route au sud d’Héraklion sont arrêtés et la crise a aussi stoppé un projet de nouvel aéroport toujours au sud de la capitale. Certaines villas en Grèce ont perdu jusqu’à 40 % de leur valeur en deux ans et certaines sont rachetées par des étrangers dont des Français. Notons au passage que la taxe foncière qui n’existait pas est aujourd’hui instaurée tandis que le cadastre est toujours presque inexistant.

En Crète, on recense 84 hôtels 5 étoiles, 233 4 étoiles et 329 hôtels 3 étoiles. Certains hôteliers affichent « complet » et maintiennent leur établissement en excellent état, mettent l’accent sur le service, l’amabilité, la propreté et des prix très abordables. C’est le cas par exemple de l’hôtel Galaxy à Héraklion qui peut aussi accueillir des séminaires et dont le propriétaire dispose de villas à Koutouloufari. Le groupe Accor possède deux hôtels à Athènes mais n’est pas représenté en Crète. La Grèce compte 40 aéroports dont les plus fréquentés sont ceux d’Athènes, de Thessalonique et de Crète.

 Au départ de Lyon, Transavia, la filiale du groupe Air France KLM, propose six destinations dont trois vols hebdomadaires sur Héraklion, nouvellement lancé. D’Orly Sud et de Nantes, la Crète figure aussi au programme. La compagnie Aegean vient d’ouvrir aussi un vol temporaire Lyon-Athènes.

 Située à la pointe orientale de l’UE et à la frontière de trois continents, la position géostratégique de la Crète avait retenu l’attention de l’OTAN qui dispose d’une base près du port de la Sude, près de Chania (les Français disent La Canée).

700 000 touristes Français

La France est le sixième fournisseur et le neuvième client de la Grèce. Ses premiers fournisseurs sont l’Allemagne, la Russie, l’Italie, la Chine, les Pays-Bas. Plusieurs associations franco-hélléniques, l’Alliance Française, des instituts assurent la promotion de la langue et de la culture française.

 Carrefour est installé en Crète depuis le milieu des années 1990 mais en cette terre bénie des dieux, ce sont plutôt les petits producteurs qui attirent.

 L’agriculture crétoise concerne l’oléiculture, la viticulture, les fruits et les légumes, l’élevage des ovins et des caprins. La superficie viticole de la Crète serait de 22 000 ha.

 Ah, le fameux régime alimentaire crétois ! Il défraye la chronique et provoque des envies ! Petit rappel : Une étude menée en 1956 par le médecin américain Ancel Keys sur 12 763 hommes âgés de 40-59 ans issus de sept pays et destinée à examiner l’existence d’une relation entre l’alimentation et les maladies cardio-vasculaires a montré que les crétois avaient de loin le plus faible taux de mortalité lié à des maladies cardio-vasculaires ou au cancer.

Après 25 ans de suivi, on a découvert que les crétois avaient les taux les plus bas de mortalité, toutes causes confondues, tandis que les décès dus aux maladies coronariennes étaient remarquablement moins élevés même en comparaison avec d’autres régions de la Méditerranée. L’étude des chercheurs français Serge Renaud et Michel de Longeril a appuyé ces constats.

 Les principes de base : Produits locaux et saisonniers, peu de viande rouge, quantité modérée pour les produits laitiers, les poissons, la volaille, grande consommation de légumes, herbes, pain, fruits, du bon vin et par-dessus tout…de l’huile d’olive… sans oublier de l’activité physique et une bonne hygiène générale.

 Les Crétois consomment plus de 30 litres d’huile d’olive par an

 Les Irlandais consomment 5 litres d’huile d’olive par an, les Italiens 11 litres, les Grecs 17 litres et les Crétois…plus de 30 litres ! La Crète compterait 35 millions d’oliviers.

 Certains Crétois ont bien compris les séductions de ce régime alimentaire et organisent des ateliers de cuisine. C’est le cas par exemple de Katerina Xekalou qui dirige dans la délicieuse vieille ville de Rethymnon un ensemble composé de chambres et de suites, d’un restaurant, d’une cave à vins où chaque détail a fait l’objet d’une attention particulière… En un clin d’œil, cette jeune femme svelte et élégante choisit, prépare, coupe, ciselle, débite de superbes légumes multicolores agrémentés d’herbes fleurant bon la nature, utilise plus que généreusement l’huile d’olive, cuit les fameux escargots, les champignons, la viande et n’oublie pas de préciser tout en présentant les fromages que « la feta, c’est grec, nous avons d’autres variétés ici ». On sent un fort sentiment d’appartenance, une envie de faire découvrir ses atouts sans vendre son âme. Au vignoble Manousakis Vatolakkos, à l’intérieur des terres, le responsable est fier de présenter ses rouges, ses blancs, ses rosés, de montrer son chai tout neuf et agrémenté de matériel français.

 De grands efforts sont réalisés pour résister à l’invasion de nouvelles façons de consommer, vite et mal, et pour préserver les valeurs traditionnelles. Une façon de se différencier.

 Berceau de la civilisation minoenne, envahie par les romains, les ottomans, les pirates, les vénitiens, la Crète fut rattachée à la Grèce en 1913. Il est bon de faire une incursion dans le Labyrinthe où Minos fut enfermé par le Minotaure construit par l’architecte Dédale. Sur le site archéologique de Knossos, on révise la mythologie. Zeus naquit en Crète et c’est là qu’il rencontra Europe qui donna son nom à notre continent !