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Labels musicaux communautaires : Spidart est mort, vive Betnboost ?

Quel est le bon modèle économique pour financer les jeunes artistes via l’Internet ? La Toile peine à le trouver. Après la mise en liquidation judiciaire du label musical communautaire lyonnais Spidart, Betnboost, un nouveau concept accompagné par l’Insa de Lyon et l’incubateur Crealys, sera mis en ligne d’ici quelques semaines. Actuellement en phase de test, il mise sur l’émulation des internautes dont seule une poignée peut espérer un vrai retour sur investissement… si l’artiste émerge.

Quel modèle Internet pour accompagner les artistes qui se lancent ? Les « majors » du disque presque toutes en difficulté suite à la baisse des ventes de CD et au piratage, ont surtout tendance à s’intéresser aux chanteurs ou aux groupes musicaux confirmés.

Il existe de ce fait un vrai marché pour accompagner via Internet les jeunes artistes ou groupes musicaux. D’où le développement de ce que l’on appelle les labels musicaux communautaires dont le rôle est de demander à une communauté d’internautes de financer de jeunes artistes ou des groupes et donc de jouer les producteurs.

L’un de ces labels musicaux communautaires, Spidart, accompagné par l’incubateur d’EM Lyon, n’avait sans doute pas trouvé le bon modèle car il a été mis en novembre 2009 en liquidation judiciaire par le Tribunal de commerce de Lyon.

Spidart aurait récolté 750 000 euros auprès de 7 000 internautes-producteurs avant de couler. Son modèle consistait à permettre aux internautes de produire eux-mêmes les artistes de demain. Il finançait les jeunes pousses musicales via le Net, en espérant en cas de réussite de l’artiste un retour sur investissement. Seul problème : de 5 à 600 internautes producteurs pour un artiste ou un groupe, cela fait beaucoup. Même en cas de succès, le retour est faible. De surcroît, si beaucoup d’artistes tentent leur chance, peu réussissent.

Un autre label musical communautaire MyMajorCompany semble mieux se porter car il vient de procéder à une augmentation de capital.

C’est dans ce paysage un peu compliqué que Grégory Costa qui est, lui, accompagné par l’incubateur du Grand Lyon, Crealys, s’apprête à lancer un nouveau concept de plateforme de communautés d’artistes baptisé « Betnboost ». La société de deux salariés pour l’heure, qui porte ce nouveau concept, « Oktobre » est installée au sein de l’Ecole d’ingénieurs de Lyon, l’Insa dans le campus de La Doua à Villeurbanne.

Le partenaire technologique de Betnboost est en effet le LIESP (Laboratoire d’informatique pour l’entreprise et les systèmes de production), basé à l’Insa et notamment spécialisé dans les « serious games ».

En compagnie du LIESP, Grégory Costa, 29 ans, d’origine grenobloise, le créateur de Betnboost, propose un modèle un peu plus sophistiqué que ce qui existe jusqu’à présent. Sur le site Betnboost actuellement testé en version bêta privée (*) et qui ne devrait pas démarrer avant deux à trois mois, les internautes producteurs ne sont pas logés à la même enseigne. En fait, le site joue sur l’émulation des producteurs en herbe.

L’internaute-producteur n’intervient pas seulement pécuniairement, il peut aussi mettre ses talents à profit pour booster le projet, par exemple en proposant l’édition de flyers pour un concert ou la fabrication de teeshirt ou toute autre action. Ses initiatives sont notées par les autres internautes. Et s’il fait partie des meilleurs lorsque les fonds nécessaires à la réalisation du projet sont réunis, il obtient une part, en principe conséquente, des revenus générés.

« Notre objectif est de récompenser les internautes les plus impliqués par un système de points et de bonus, et pas seulement ceux qui investissent le plus. Cela représente à l’arrivée, dix, quinze ou vingt gagnants maximum», décrit Grégory Costa, titulaire à la fois d’un DEUG « économie et gestion », d’une licence « arts du spectacle » et d’un master 2 en « management et développement de carrière d’artistes. »

« Avec Betnboost, les artistes bénéficieront de leur propre plateforme collaborative dénommée Club à travers laquelle ils présenteront leurs projets, récolteront les fonds nécessaires à leur réalisation et initieront des activités collaboratives auprès des internautes », précise Grégory Costa.

« Au passage le site prendra 28,2 % des sommes levées par les artistes. Sur dix euros, l’artiste en touchera six », ajoute-t-il

« Notre objectif est de mettre en ligne une trentaine de projets d’ici la fin 2010. Puis, après la musique, nous prévoyons de nous attaquer à d’autres secteurs culturels : cinéma, BD, peinture… », explique Grégory Costa. Qui assure : « Ce concept n’a pas d’équivalent. »

Il a en tout cas investi pour l’heure 150 000 euros. Il lui reste désormais à prouver que son concept n’émettra pas trop de fausses notes lui permettant de jouer sa partition jusqu’au bout.

(*) Le test bêta est la deuxième période d’essai d’un produit informatique avant sa publication. Les bêta-testeurs ont pour but d’utiliser le logiciel et de rapporter les problèmes rencontrés ainsi que leurs suggestions. Dans la bêta privée, les personnes intéressées par le produit doivent s’inscrire au préalable ou sont contactées par les fabricants du produit testé qui sélectionnent les candidatures.