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Le dispendieux train de vie de l’ancien directeur de l’Opéra de Lyon épinglé par la Chambre Régionale des Comptes
Toutes les dépenses (taxis, grands crus, hôtels 5 étoiles, etc) émises par Serge Dorny l’ancien directeur de l’Opéra de Lyon ont été scrupuleusement détaillées et scrutées par la Chambre régionale des Comptes Auvergne-Rhône-Alpes dans le rapport qu’elle vient de rendre public.

Au bilan, la gestion via une association pour un tel budget, mais aussi le train de vie de Serge Dorny qui a quitté ses fonctions pour l’Opéra de Munich en juillet dernier, sont épinglés.

Il est vrai que le poids de l’Opéra dans le coût de la Culture à Lyon est très élevé : 38,3 millions d’euros en 2019, financé à hauteur de 78 % par des fonds publics. Normal : on ne peut se prétendre grande ville européenne sans faire vivre un opéra. Et celui de Lyon avait atteint son objectif puisqu’en 2017, il avait été “élu meilleur opéra du monde”.

C’est peut-être cette reconnaissance qui a fait sauter la bonde des dépenses de son directeur.

La Chambre des comptes pointe ainsi du doigt d’importants frais de taxis alors qu’il disposait d’une voiture de service.

Un salaire de 291 000 euros

Les juges mettent aussi en évidence le choix des lieux d’hébergement du directeur en déplacement, dont le salaire annuel est de 291 000 euros.

« Alors que la règle implicite prévoyait que le directeur général loge dans des hôtels 4 étoiles, “voire” 5 étoiles, 70 % des nuitées qui lui sont remboursées concernent des hôtels 5 étoiles (ou équivalents en Relais et Châteaux) », écrivent-ils.

Et d’ajouter : « Ont été en outre remboursées des dépenses très variées : consommations diverses, presse et livres, “avec parfois un lien avec l’Opéra difficile à établir”, pourboires, programmes de spectacles, accessoires de voyage, achats divers et cadeaux. »

Bref un train de vie élevé, alors que la « politique implicite » de l’Opéra prévoyait des « remboursements de notes de restaurant “en fonction de l’invité”, limités à 50 euros, 70 euros ou 90 euros », indique la CRC.

Les collectivités locales (ville, département, région) et l’État, qui siègent au conseil d’administration, ne pouvaient ignorer ce mode de fonctionnement, selon le rapport des auditeurs de la Chambre régionale des Comptes.

Abandonner le statut associatif pour celui d’EPCC ?

La Ville de Lyon, dirigée à l’époque par Gérard Collomb, avait d’ailleurs elle-même provoqué un audit entre 2014 et 2016 sur le fonctionnement de l’Opéra.

Du côté de l’Opéra, le directeur général adjoint avait expliqué à l’époque que les frais engagés par le directeur avaient permis « de développer fortement les recettes propres de l’Opéra au cours des dernières années ».

Faux pour les juges, qui expliquent aujourd’hui que « ces affirmations paraissent hasardeuses au regard des montants des produits réellement encaissés et du fait que les recettes de mécénat proviennent de donateurs français qui sont souvent les mêmes d’une année sur l’autre ».

Au bilan , les magistrats souhaiteraient un changement de statut pour éviter ces dérives : “Les nombreux risques juridiques et financiers qui caractérisent la gestion de ce service public culturel par une association doivent conduire à revoir sa forme juridique et à étudier notamment la possibilité d’une transformation en un établissement public de coopération culturelle (EPCC).”