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L’exécutif écologiste à la Métropole joue la carte de la monnaie locale lyonnaise, la Gonette

L’actuel exécutif écologiste de la Métropole lyonnaise parle volontiers de “souveraineté économique”. On pourrait y ajouter désormais la souveraineté financière.

Non seulement, la Métropole de Lyon a signé son adhésion à la Gonette, la monnaie locale lyonnaise, mais aussi la possibilité pour les 150 conseillers métropolitains de percevoir tout ou partie de leur indemnités dans la monnaie locale. Pour donner l’exemple…

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise : c’était un engagement de campagne. Le groupe des écologistes précise qu’il s’agit par cette décision “de réaffirmer leur soutien à l’économie locale.”

Pourquoi vouloir privilégier la Gonette ? On le comprend mieux lorsque l’on se penche sur la définition des monnaies locales : “ Une monnaie locale, ou monnaie locale complémentaire (MLC),  est, en sciences économiques, une monnaie non soutenue par un gouvernement national (qui n’a pas nécessairement cours légal) et destinée à n’être échangée que dans une zone géographique prédéterminée, généralement à l’échelle d’une ville ou d’une région. Les monnaies de ce type sont une forme de monnaie complémentaire. En redirigeant le parcours de consommation vers les commerces et services de proximité, les monnaies locales visent à favoriser une transition écologique et sociale, en privilégiant les circuits-courts, le lien social, et la définanciarisation de l’économie.”

Rien de surprenant donc, cet engagement pro-Gonette.

L’un des buts poursuivis avec les monnaies locales qui ont essaimé dans de nombreux territoires en France est en effet d’obliger son détenteur à consommer sur place : la Gonette ne peut être ni mise en banque, ni quitter la région lyonnaise.

Elle est en effet uniquement valable sur le bassin d’emploi lyonnais au sein d’un réseau de partenaires adhérents agréées.

Un cercle encore restreint d’utilisateurs

Emeline Baume, 1ère vice-présidente à l’Economie de la Métropole assure ainsi “ qu’utiliser la Gonette, c’est soutenir les petits commerces, les services de proximité, les artisans de quartier et donc l’emploi local. En ne pouvant être ni épargnée, ni spéculée, elle encourage l’économie réelle.”

Cet appui revendiqué va-t-il faire sortir la Gonette de son cercle actuel encore restreint d’utilisateurs ?

L’appui des collectivités est important pour le développement des monnaies locales. Assurément, la Gonette vient donc de franchir un nouveau pas.

Cette monnaie locale qui certes est de création relativement récente-elle a été mise en circulation en 2015- la Gonette ne compte en effet que 1 300 utilisateurs et 315 partenaires œuvrant dans seize secteurs d’activités (spectacle, restauration, services, commerce, etc : voir la liste : http://www.lagonette.org/partenaires/), mais aussi des collectivités.

Ainsi, fin mars, la municipalité de Villeurbanne a elle aussi décidé d’adhérer à la Gonette.

Veolia-Eau du Grand-Lyon, délégataire de service publique de production et distribution de l’eau potable lui a aussi emboîté le pas.

Comment ça marche ?

La Gonette circule sous format billets et numérique. Il suffit d’adhérer à l’association pour l’utiliser.

1 euro = 1 gonette, comptablement et fiscalement.

On peut changer ses euros en gonettes dans un des 60 comptoirs de change (des commerces adhérents) ou en effectuant un crédit automatique de son compte numérique, préalablement ouvert.

L’euro reçu en contrepartie de la gonette est déposé en banque, sur un compte appelé “fonds de garantie”.

Une utilisation juridiquement encadrée

La Gonette place ensuite ce fonds de garantie à la Nef et au Crédit Coopératif, banques de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

“ Sans être un label de qualité, la Gonette essaie d’être un label d’engagement et vise à construire des écosystèmes locaux résilients afin que tous les acteurs marchent dans la même direction”, expliquent ses promoteurs.

Ceux-ci affichent cet objectif : “ Progressivement, la réappropriation démocratique de la monnaie doit permettre à l’ensemble des acteurs du territoire de piloter collectivement une réelle politique monétaire au service du bien commun et de l’intérêt général.”

Il existerait désormais près de 80 monnaies locales similaires à la Gonette, ce qui ferait de l’Hexagone le pays européen le plus avancé en la matière, avec près de 40 000 particuliers utilisateurs, 10 000 entreprises ou associations, et 13 000 communes.

Son utilisation est juridiquement encadrée : la France est le premier pays européen à se doter d’une réglementation sur les monnaies locales. La loi dite de l’ESS du 31 juillet 2014 reconnait ainsi les monnaies locales comme titre de monnaie locale complémentaire et qui ont été ensuite intégrées en 2015 au Code monétaire et financier.

Il s’agit donc bien d’une monnaie militante. Un frein à son développement ? A suivre…